L’équipe française n’a plus remporté la moindre étape sur le Tour de France depuis… 10 ans ! Il est de ces anniversaires qui ne se fêtent pas véritablement. Si un coureur de la formation Cofidis n’a plus levé les bras sur les routes du Tour de France depuis 2008 et le succès de Sylvain Chavanel à Montluçon (19 e étape), ce n’est pas parce que la formation nordiste aurait fait vœux d’abstinence, mais plutôt par la faute d’un manque de réussite et de compétitivité sur la plus grande course du monde.
"Je ne veux pas être le manager qui aurait à franchir le cap des dix ans sans victoire sur la plus grande course du monde", commente Cédric Vasseur, le nouveau boss d’une équipe qu’il a reprise en main à l’automne dernier. "Nous avons construit notre sélection avec la ferme volonté de glaner une victoire d’étape après laquelle on court depuis trop longtemps. Plutôt que de nous focaliser sur un seul et unique type de terrain comme cela a pu être le cas par le passé (NdlR : il fait référence aux années Bouhanni) nous avons voulu emmener un noyau éclectique, capable de briller en montagne comme dans les plaines. Laporte peut rivaliser avec les meilleurs au sprint, Herrada, Edet et Navarro sont capables de jolis coups en montagne, Simon incarne notre puncheur de service et votre compatriote Claeys (NdlR : sélectionné pour le prochain Euro de Glasgow) est en mesure de mener à bien une échappée dans la deuxième partie de ce Tour de France. J’ai foi en nos moyens, vraiment !"
Une conviction que le manager nordiste tente de transmettre à tout un groupe.
"Lorsque vous traversez une aussi longue période de disette sur la Grande Boucle, il est légitime de se poser certaines questions et de voir une forme de doute s’installer dans l’esprit des coureurs mais aussi du staff, poursuit l’ancien porteur du maillot jaune. Nous avons fait un gros travail pour installer une nouvelle dynamique que je pense en marche. Depuis le début de la saison, l’équipe Cofidis compte 17 victoires UCI, conquises avec huit coureurs différents. J’ai voulu remettre tout le monde sur un pied d’égalité. Le leadership, cela s’acquiert à la pédale et non par un statut dont on hérite sans effort… Chez Lotto-Soudal ou Quick Step par exemple, des gars comme Greipel ou Gilbert endossent parfois le rôle d’équipier en dépit d’un palmarès long comme le bras. Aujourd’hui, je pense pouvoir dire que nous avons su recréer une dimension collective essentielle."
Reste maintenant à ce que celle-ci porte ses fruits.
Cédric Vasseur: "La grille des salaires n’interfère pas dans mes choix"
Le staff de Cofidis a choisi de se passer de Nacer Bouhanni sur ce Tour, le coureur français le mieux payé du peloton
Recruté à grands frais par la formation Cofidis en 2015, Nacer Bouhanni était alors le leader absolu d’une formation construite presque exclusivement autour de sa personne en même temps que le coureur français le mieux payé du peloton avec des émoluments flirtant avec le million et demi d’euros annuel.
Vainqueur à cinq reprises cette saison, le sprinter de Nancy suit pourtant le Tour de France devant son écran de télévision. "La grille des salaires n’interfère pas dans mes choix,commente Cédric Vasseur. En football, Paul Pogba est aussi parfois sur le banc à Manchester United, en dépit de ce qu’il coûte au club anglais. Lé décision de ne pas l’emmener sur le Tour ne constitue aucunement une sanction mais plutôt un choix. Nous avions besoin d’un sprinter pour la Grande Boucle - nous avons opté pour Christophe Laporte - et d’un autre pour la Vuelta , où nous compterons sur Nacer. Celui-ci a aussi besoin de comprendre qu’une équipe peut être composée de plusieurs champions et non d’un seul…"
C’est pourtant probablement l’attitude du Vosgien lors de la récente Route d’Occitanie qui lui a coûté sa place sur le Tour. Lors de la première étape, alors qu’il était convenu que Bouhanni lance le sprint de Laporte avant d’inverser les rôles le lendemain, le triple vainqueur d’étape sur le Giro avait joué sa propre carte. "Il avait besoin d’une certaine remise en question, c’est vrai, poursuit Vasseur. Mais je reste persuadé qu’il a toujours une place chez nous, où il est d’ailleurs toujours sous contrat pour 2019."
L’ambition de redevenir WorldTour
Membre du WorldTour à la création de ce label en 2005, la formation Cofidis avait été rétrogradée à l’échelon continental pro cinq saisons plus tard, en 2010. Désormais assurée de son avenir jusqu’en 2022, puisque la société de crédit qui finance l’équipe a renouvelé son engagement pour les quatre prochaines saisons, la structure du Nord souhaiterait retrouver le plus haut niveau du cyclisme mondial à moyen terme. "Nous ne nous fixons pas de date butoir pour accomplir cet objectif car celui-ci doit d’abord et avant tout être légitimé sur le terrain", commente le manager, Cédric Vasseur. "Il n’y aurait pas plus belle manière de montrer que nous y avons notre place que de gagner une étape du Tour de France. Si cela se réalise, le budget s’aura s’adapter à de nouvelles ambitions, mais chaque chose en son temps (rires)…"