Chute de Gilbert: le prix de la combativité n'a jamais aussi bien porté son nom
Il est de ces instants qui suspendent le temps. Mardi, lorsque Philippe Gilbert a basculé dans un fossé de la descente du Portet d’Aspet après avoir heurté un muret de pierre à quelques kilomètres à peine de la stèle dédiée à Fabio Casartelli, celui du Tour de France s’est arrêté pendant quelques secondes aux allures d’éternité.
- Publié le 24-07-2018 à 22h10
- Mis à jour le 25-07-2018 à 10h25
Il est de ces instants qui suspendent le temps. Mardi, lorsque Philippe Gilbert a basculé dans un fossé de la descente du Portet d’Aspet après avoir heurté un muret de pierre à quelques kilomètres à peine de la stèle dédiée à Fabio Casartelli, celui du Tour de France s’est arrêté pendant quelques secondes aux allures d’éternité.
Le temps pour le Wallon, aidé par plusieurs motards et un commissaire, de remonter à hauteur de la chaussée et te tendre le pouce à la caméra pour rassurer tout le monde.
Parti dans une offensive visant à conforter le maillot à pois de son équipier Julian Alaphilippe, vainqueur quelques heures plus tard à Bagnères-de-Luchon, le Wallon s’était isolé en tête dès le pied de la troisième difficulté du jour.
“On avait bien joué le coup, j’avais anticipé pour mettre les autres coureurs présents dans l’échappée sous pression et ainsi placer Julian dans une position favorable.”
Pour maintenir l’avantage qu’il s’était forgé, le Liégeois décida de poursuivre son effort dans la descente, jusqu’à un virage gauche à l’aveugle.
“J’y suis arrivé trop vite, poursuivait le Liégeois au pied du podium où il venait de recevoir un prix de la combativité qui n’a sans doute jamais aussi bien porté son nom. J’ai commis une erreur de trajectoire et ai laissé mon frein avant trop ouvert. Le fossé dans lequel je suis tombé n’était pas trop profond, je dirais environ quatre mètres, mais il était rempli de pierres. J’ai d’abord pensé que j’étais cassé de partout et n’osais pas bouger. Les motards sont heureusement rapidement arrivés vers moi et m’ont aidé à me sortir de là.” Reparti avec une forte douleur au genou gauche, l’ancien champion du monde parvint tout de même à rejoindre l’arrivée de cette 16e étape un peu plus d’une demi-heure après son équipier Julian Alaphilippe, vainqueur du jour, et dix minutes avant Arnaud Démare, la lanterne rouge. Le visage de plus en plus crispé au fil des minutes qui passaient, l’Ardennais rejoignait le bus de la formation Quick Step après avoir revu les terribles images de sa cabriole.
“Elles sont effrayantes, j’ai eu beaucoup de chances”, soufflait le capitaine de route de la formation Quick Step au micro de la télévision flamande avant de fondre en larmes, dans une forme de frayeur et d’angoisse rétrospective. Le genou gauche enserré dans un bandage, Philippe Gilbert prenait ensuite le chemin du camion médical de l’organisation (lire ci-contre). Au bout de quarante minutes de soins et examens, le Wallon en redescendait supporté par deux médecins. “Mon tour est fini, soufflait alors celui qui ne bouclera donc pas son neuvième Tour de France. C’est la dure loi du sport…”
Avant de lancer à Christian Prudhomme, le directeur du Tour venu le saluer dans l’ambulance, “à la prochaine”.
Zoom sur les principales chutes de la carrière de Philippe Gilbert
Tour de Lombardie 2012
Tout d’un coup, sans que je sache pourquoi, ma roue avant m’a échappé. J’ai glissé sur 15 mètres et suis blessé (coudes, genoux, hanche, fesse gauche, épaules). Pas de fractures.” Pour sa toute première course dans le maillot arc-en-ciel, il chute dans la descente du Mur de Sormano.
6e étape Eneco Tour 2013
Projeté au sol à 70 kilomètres d’une arrivée jugée au sommet de sa Redoute, alors qu’on approchait de son village natal de Remouchamps à très haute vitesse, Philippe Gilbert met un point d’honneur à franchir la ligne en dépit d’un genou profondément meurtri. Il abandonnera le lendemain.
Flèche wallonne 2015
À 50 kilomètres de l’arrivée, les côtes de Bellaire et de Bohissau, Gilbert est jeté au sol suite à la manœuvre d’un coureur de chez Tinkoff. “Il m’a fallu une trentaine de secondes pour bouger, j’avais le souffle coupé. J’ai tenté de repartir mais il n’était pas possible de continuer.”
Amstel Gold Race 2017
Jeté au sol au bas de la descente du Drielandenpunt, à 140 km de l’arrivée, Gilbert avait mis un long moment à reprendre ses esprits avant de repartir… puis de gagner pour la 4 e fois l’Amstel Gold Race. “Il n’y a que deux ou trois coureurs qui seraient remontés sur le vélo”, commentait son DS, Tom Steels. Une contusion rénale le contraindra au forfait pour le reste des classiques.