Alaphilippe en jaune, le bilan belge, les révélations: le Tour de la question
Après une première partie de Tour passionnante, qui a souri aux Belges, les interrogations restent nombreuses.
- Publié le 17-07-2019 à 06h43
- Mis à jour le 17-07-2019 à 08h14
Après une première partie de Tour passionnante, qui a souri aux Belges, les interrogations restent nombreuses. Après dix étapes souvent passionnantes et surtout pour les Belges, la première des deux journées de repos est tombée à pic pour bon nombre de coureurs. Pourtant, rien n’est joué, le plus dur reste à venir.
Vit-on un Tour d’exception ?
Sans être extraordinaire, la Grande Boucle 2019 est peu commune. Depuis le Grand Départ à Bruxelles, l’émotion et la ferveur que celui-ci a suscitée, jusqu’à ce lundi à Albi, l’immense majorité des étapes ont été mouvementées et indécises, avec très peu de moments moins palpitants. Les dix premières ;bfng;: sdvsckq,; qzfomjétapes ont toutes couronné de beaux vainqueurs et offert des rebondissements, notamment dans la lutte pour le maillot jaune, qui a changé plusieurs fois d’épaules.
Pourquoi une première partie aussi dynamique ?
Grâce au parcours tracé par Thierry Gouvenou, d’abord, qui a permis une course de mouvements, tout en empêchant que des écarts plus ou moins définitifs soient déjà enregistrés. L’introduction des bonifications au sommet de certaines côtes s’est révélée, jusqu’ici, un plus. Il y a eu des étapes casse-pattes comme vers Épernay, Saint-Étienne ou Brioude ainsi qu’une belle étape de moyenne montagne dans les Vosges, mais il faut aussi un peu de chance. Comme celle d’avoir un Julian Alaphilippe en pleine forme, bien décidé à profiter au maximum de tout ce qu’il peut empocher ou celle de tomber sur du vent idéalement placé pour une course de bordure, ce lundi vers Albi. Sans vent, ou si celui-ci avait soufflé dans un autre sens, la course n’aurait pas explosé et l’on aurait sans doute vécu un sprint massif.
Si personne ne l’a déjà gagné, qui a perdu le Tour ?
Les gagnants de la première partie se nomment Geraint Thomas, Egan Bernal, ce qui place une nouvelle fois les coureurs Ineos dans une position idéale, d’autant qu’ils peuvent encore augmenter leur avantage, vendredi, à l’occasion du contre-la-montre. Les autres bénéficiaires sont Steven Kruijswijk, Emmanuel Buchmann, Enric Mas, Adam Yates, Dan Martin ou Nairo Quintana, lequel devient la seule force de frappe de son équipe alors que Landa est à plus de trois minutes du tandem Ineos. Romain Bardet a sauvé la mise après un début pénible. Il reste dans le jeu. D’où ne sont pas totalement exclus Thibaut Pinot, Rigoberto Uran, Jakob Fuglsang ou même Richie Porte, qui est pourtant déjà à près de trois minutes de Thomas. Vu leur retard respectif, alors que le Tour s’est souvent joué à peu ces dernières années, rêver à la victoire leur semble désormais interdit, sauf à tenter un coup de Jarnac et à le réussir ! Pour Simon Yates, Ilnur Zakarin, Vincenzo Nibali, Fabio Aru, Michael Woods, Pello Bilbao, les ambitions sont maintenant à trouver ailleurs. Dans le gain d’une étape par exemple ou dans le soutien à un équipier.
Qu’est-ce qui attend les coureurs ?
Le Tour ne fait que commencer, rien n’est joué. Il reste à gravir 17 des 30 difficultés de 2e (3), 1re (9) catégories et hors catégories (5). Le plus dur reste à faire avec, dès ce jeudi, une première étape pyrénéenne, suivie du seul chrono de cette 106e édition, vendredi à Pau. Ensuite, deux terribles journées attendent les coureurs. D’abord samedi, avec l’arrivée au Tourmalet, deuxième des cinq étapes qui finissent en altitude cette année et première des sept ascensions qui culminent à plus de 2 000 mètres d’altitude. Dimanche, dans l’Ariège, l’étape peut être très piégeuse avec la montée finale inédite et très raide de Foix - Prat d’Albis. Enfin, pour terminer cette édition vraiment montagneuse, après deux étapes de transition (mais celle de ce lundi en était également une), il y a un terrible triptyque dans les Alpes, où le Tour 2019 va se jouer.
Jusqu'à quand Alaphilippe restera-t-il en jaune?
Le Français lui-même espère disputer la 13e étape de ce Tour avec le maillot sur le dos. Il s’agira du chrono couru à Pau, jour du centième anniversaire de la création de la tunique d’or. Pour cela, il doit passer l’étape qui finit à Bagnères-de-Bigorre, jeudi, où, s’il est monté avec les meilleurs, la descente technique de la Hourquette d’Ancizan peut convenir à ses qualités de descendeur. Si les écarts ne se sont pas réduits d’ici-là, le Français peut aussi franchir le contre-la-montre, mais il devrait rentrer dans le rang samedi au Tourmalet.
Quel bilan pour les Belges ?
Nos compatriotes ont été les grands animateurs du premier volet de ce Tour avec une présence quasi quotidienne dans les échappées et, à la clé, trois étapes gagnées. Ce qui n’était plus arrivé depuis douze ans. Il leur reste onze chances d’augmenter ce total. Sans minimaliser, que du contraire, les magnifiques victoires de Dylan Teuns et de Wout Van Aert, le moment athlétique des derniers jours a été la victoire de Thomas De Gendt à Saint-Étienne. Après une échappée de deux cents kilomètres, le Flandrien a fait jeu égal avec les prétendants à la victoire finale dans la dernière partie de l’étape. Ce jour-là, De Gendt a réussi un fameux "numé ro " qui restera dans les mémoires et a frappé tous ses collègues. Tim Wellens, son compagnon de chambre, porte le maillot à pois depuis plus d’une semaine. Le mode de calcul offrant un vrai bonus aux montées hors catégories, il sera sans doute difficile à Wellens et De Gendt, qui le suit au classement, de devenir l’un ou l’autre le successeur de Lucien Van Impe. Celui-ci a gagné son sixième et dernier maillot à pois en 1983, il y a trente-six ans !
Qui sont les révélations ?
Plusieurs Belges figurent évidemment au nombre des bonnes surprises. Avec l’Italien Giulio Ciccone, dont on reparlera certainement ces prochains jours en montagne, et plus encore dans le futur, Wout Van Aert s’est fait définitivement connaître du grand public. Parmi les révélations, citons encore Xandro Meurisse, le meilleur coureur non WorldTour de ce Tour, ou Jasper Philipsen. Le Limbourgeois est assurément un futur grand sprinter.
Est-ce joué pour le maillot vert ?
Peter Sagan est bien parti pour devenir septuple lauréat du classement par points. Le Slovaque, qui a déjà gagné une étape, est le plus régulier de tous. Si Matthews, Colbrelli ou Viviani s’accrochent, ils ne le menacent pas réellement et ils ne peuvent qu’espérer un faux pas du coureur de Bora. D’autant qu’aucun sprinter ne domine, notamment parce que Groenewegen, même s’il s’est imposé à Chalon-sur-Saône, a chuté le premier jour, était encore blessé à Nancy (4e étape gagnée par Viviani) puis a raté la bonne bordure vers Albi. Celui qui aurait pu être le principal rival de Peter Sagan est Wout Van Aert, mais il aurait dû pour cela débuter le Tour avec cette ambition, se mêler aux sprints intermédiaires et à toutes les arrivées. Ce sera sans doute pour l’an prochain…