Tim Wellens se livre: "Le Canada est un objectif, pas une préparation au Mondial"
Vainqueur à Montréal en 2015, Tim Wellens a remis le cap sur l’Amérique du Nord habité de réelles ambitions
- Publié le 06-09-2018 à 07h18
- Mis à jour le 06-09-2018 à 08h03
Vainqueur à Montréal en 2015, Tim Wellens a remis le cap sur l’Amérique du Nord habité de réelles ambitions Son parfait français pourrait bien, s’il n’y prend garde, se colorer d’une pointe d’accent de la Belle Province. Tombé sous le charme des Grands Prix de Québec et de Montréal, Tim Wellens n’en a loupé aucune édition depuis son passage chez les pros en 2012 (!). Une fidélité que le Limbourgeois teinte aussi de réelles ambitions. Entretien.
Tim, vous vous apprêtez à disputer vos septièmes GP de Québec (vendredi) et de Montréal (dimanche). Pourquoi aimez-vous autant y courir ?
"De la qualité de l’organisation au standing des hôtels qui nous accueillent (250 euros la nuit au château Frontenac de Québec, un établissement cinq étoiles, NdlR) , tout y est au top ! Si toutes les épreuves du calendrier pouvaient offrir les mêmes standards, ce serait absolument fantastique. Les athlètes sont mis dans les meilleures dispositions pour prester. Au-delà de ces considérations matérielles, le fait que ces deux épreuves me conviennent explique également ma fidélité à des courses qui ont acquis un réel prestige aux yeux du peloton mondial et que je classerais désormais juste en-dessous des cinq monuments du sport cycliste. C’est difficilement explicable, mais j’ai le sentiment qu’une fois que l’on quitte l’Europe tout le monde est un peu plus relax et qu’il est, parfois, un peu plus difficile d’aller chercher une victoire."
Vous vous êtes imposé à Montréal en 2015, mais pensez-vous également pouvoir briller à Québec ?
"La nature des deux tracés est assez différente. Le premier des deux Grands Prix requiert plus de qualité explosive et se conclut, depuis plusieurs années maintenant, par un sprint d’hommes forts. Je me suis tout de même classé cinquième à Québec en 2015 et pense que je peux espérer y lever les bras à la condition que la course se décante avant les derniers hectomètres."
Que représente aujourd’hui, dans votre palmarès, votre succès à Montréal ?
"Cela reste, à ce jour, ma seule victoire sur une épreuve d’un jour labélisée ‘WorldTour’. Je me souviens que Tom Boonen avait soufflé qu’il avait vécu, ce jour-là, sa plus exigeante journée sur le vélo. Cela en dit long… (Rires.) Les conditions étaient dantesques et seule une soixantaine de cyclistes avait d’ailleurs bouclé l’épreuve."
Au contraire d’autres prétendants au titre mondial à Innsbruck, vous avez préféré le Canada à la Vuelta. Pourquoi ?
"Je ne suis pas un coureur qui a besoin de beaucoup courir pour être en forme. La meilleure preuve est que je me suis imposé sur la dernière Flèche brabançonne après une période sans compétition longue d’un peu plus d’un mois. Je suis capable de bien me préparer seul à l’entraînement. Lorsque j’épingle un dossard, ce n’est pas pour accumuler les kilomètres et parfaire ma condition, mais bien dans la volonté d’accrocher un résultat. Conformément à cette philosophie, les deux épreuves canadiennes ne sont donc pas, pour moi, une préparation pour le Mondial, mais bien un réel objectif. J’ai affirmé dès cet hiver que je souhaitais être bien sur la période qui va des épreuves québecoises jusqu’à la Lombardie. Cela reste vrai et chaque épreuve de cette période sera importante."
Comment vous êtes-vous entraîné ces derniers semaines ?
"J’ai réalisé de longues sorties dans l’arrière-pays monégasque, avec pas mal de dénivelé. J’ai aussi fait beaucoup de séances derrière moto. C’est alors ma compagne Sophie qui prend les commandes du scooter."
Que vous ont appris vos participations récentes aux GP de Plouay et au Binck Bank Tour ?
"Il est difficile de tirer des enseignements de l’épreuve par étapes belgo-néerlandaise dans le sens où il manquait une étape ardennaise, toujours plus révélatrice de la condition. Globalement, j’avais aussi le sentiment que le niveau y était moins élevé que ces dernières années. À Plouay, j’ai livré une bonne course et faisais partie du trio qui s’est joué la gagne après s’être dégagé d’un groupe d’une douzaine d’hommes forts. J’étais en forme mais m’étais trop livré avant la finale pour aller chercher la victoire. Cette épreuve remonte déjà au 26 août et je crois que mon niveau de forme a évolué depuis…"
"Des surprises dans la sélection pour le Mondial"
Si le sélectionneur Kevin De Weert ne livrera sa sélection pour le prochain Mondial d’Innsbruck que lundi, Tim Wellens en connaît déjà la trame. "Je crois que tous les coureurs qui seront du voyage en Autriche en sont désormais informés, sourit le Limbourgeois. La sélection comprendra, à mes yeux, quelques surprises mais je la trouve bien équilibrée au regard du tracé. Ce Mondial sera extrêmement exigeant et sur un tel parcours, il n’est pas essentiel de disposer de nombreux équipiers qui vous protègent du vent ou vous positionnent dans le peloton. Ce sont les jambes qui parleront très vite et un partenaire ne vous aidera pas à pédaler plus vite (rires). Je ne me vois pas comme le seul leader de l’équipe belge, nous serons sans doute quatre dans la sélection à endosser certaines responsabilités. Je considère que c’est le choix le plus intelligent sur ce tracé."
L'avis de Wellens sur...
Sa saison 2018 Québec "J’ai le sentiment de gagner un peu plus facilement cette année"
"Mon compteur renseigne actuellement sept victoires, comme au terme de la précédente saison. J’ai toutefois éprouvé le sentiment, jusqu’ici, qu’il m’a été un peu plus facile de lever les bras cette année. Je pense pouvoir affirmer que j’ai franchi une nouvelle étape dans mon évolution physique. J’aimerais beaucoup pouvoir encore épingler un bouquet dans les prochaines semaines afin de matérialiser ce sentiment et de pouvoir alors affirmer, chiffres à l’appui, que cette cuvée 2018 est bel et bien la meilleure depuis mes débuts dans le peloton pro (rires) ."
Sa vie en principauté "La qualité de mes entraînements est meilleure depuis que je vis à Monaco"
"J’avais déjà noté l’année dernière que la qualité de mes entraînements avait été considérablement accrue du fait de mon déménagement à Monaco. Le relief y est intéressant, mais ce sont surtout les conditions climatiques qui sont le plus déterminantes. On en profite surtout en hiver, un moment clé lors duquel il convient de construire les bases, car il ne faut que très rarement composer avec la pluie ou le froid. Beaucoup d’autres coureurs vivent sur le Rocher, mais je préfère le plus souvent m’entraîner seul, pour réaliser librement mes exercices en intensité."
Le mercato de lotto-soudal "Si rien ne bouge plus, nous serons moins forts la saison prochaine"
"Les annonces de transferts se sont multipliées ces derniers jours et si rien ne bouge plus d’ici à janvier, je considère que nous présenterons un effectif moins solide en 2019(NdlR : départs de Debusschere, Greipel, Sieberg, Hofland et Bak pour les arrivées de Ewan, Kluge et Dewulf). J’espère donc que nous pourrons encore compter sur l’une ou l’autre recrues. Je comprends toutefois bien qu’il est difficile pour le management de l’équipe de composer avec un budget qui, d’après ce que j’ai pu comprendre, sera moins élevé pour aller dénicher de bons coureurs."