Rik Verbrugghe impressionné par le phénomène Evenepoel : “Remco, c’est du jamais vu !”
Rik Verbrugghe, le sélectionneur national, pense emmener Evenepoel au Mondial.
- Publié le 06-08-2019 à 06h33
- Mis à jour le 06-08-2019 à 07h48
Rik Verbrugghe, le sélectionneur national, pense emmener Evenepoel au Mondial. Parti à Londres ce week-end pour la Ride London Classic, Rik Verbrugghe, le sélectionneur national, n’a rien raté de l’exploit de Remco Evenepoel à San Sebastian. Une course que l’ancien coureur connaît bien, puisqu’il s’y était classé deuxième en 1999.
Rik, que vous inspire le succès de Remco, à 19 ans, sur la Clasica San Sebastian ?
"C’est impressionnant. Vraiment. C’est simple, c’est du jamais-vu ! Gagner sur une course aussi dure, à son âge, au bout de près de six heures de selle, c’est énorme. Remco est aussi le premier coureur à gagner au Pays basque sans avoir le Tour de France dans les jambes depuis des années. C’est très rare quand cela arrive. Cela prouve encore plus la classe qu’il a !"
Dans toute votre carrière, vous aviez déjà côtoyé un tel talent ?
"J’ai vu de nombreux grands talents. Comme Lance Armstrong. Même s’il a été rattrapé par son passé sulfureux, Lance était aussi un énorme athlète. Mais ce que fait Remco, à 19 ans, comme je l’ai dit, c’est du jamais-vu. Il ne faut pas oublier qu’il n’était que junior l’an passé… On peut d’ailleurs se mettre à la place des juniors de 2018 : ils doivent se dire aujourd’hui qu’ils ne se battaient pas à armes égales face à un tel phénomène !"
En tant que sélectionneur national, qu’attendez-vous de lui à court terme ?
"J’ai énormément parlé avec son entraîneur et avec Patrick Lefevere au niveau de son planning. C’est plus compliqué d’établir des plannings avec Remco, car on ne connaît pas encore toutes ses qualités. Même si on a la confirmation que c’est un coureur de première classe, qu’il fait partie des meilleurs, au plus haut niveau. Je lui ai donc demandé de préparer le championnat d’Europe du contre-la-montre cette semaine. Tout en sachant que ce n’est pas le meilleur parcours pour lui, comme ce sera plat à Alkmaar, aux Pays-Bas. Mais je suis curieux de voir ce qu’il va y réaliser. Je lui ai aussi demandé de préparer le championnat du monde du chrono… S’il est en forme, je le prendrai. S’il ne l’est pas, je ne le prendrai pas. Et il ne sera pas déçu, nous en avons discuté ensemble."
Et pour le Mondial sur la route ?
"Ce n’était pas dans mes plans, dans un premier temps, de le sélectionner pour la route au championnat du monde au Yorkshire. Mais quand je vois ce qu’il a fait à San Sebastian, je vais sans doute devoir réviser mes plans… Nous travaillons aussi à long terme. Je lui ai déjà parlé des prochains championnats du monde, en 2020. Qui auront lieu sur un parcours très difficile, en Suisse, qui va lui convenir. Comme les Jeux olympiques, à Tokyo, où il pourrait avoir un double rôle : la route et le chrono."
"Une victoire belge au Tour ? On peut rêver !"
Pour Rik Verbrugghe, Remco Evenepoel va continuer à s’améliorer.
Patrick Lefevere avait rappelé avant la victoire d’Evenepoel à la Clasica qu’il ne devrait pas faire ses débuts sur le Tour de France avant 2023. Mais tout va si vite avec le jeune coureur de Deceuninck-Quick Step…
Rik, dans la foulée du Tour de France, remporté par Bernal, un jeune de 22 ans, il y a ce succès de Remco, à 19 ans, sur la Clasica. Peut-on rêver à nouveau d’une victoire belge au Tour de France ?
"D’après ce qu’on voit maintenant, oui, on peut commencer à rêver, on peut espérer retrouver un vainqueur belge du Tour de France. Même si c’est encore un peu trop tôt pour vraiment en parler. Remco a encore quelques petits défauts à pallier pour vraiment devenir un grand champion. Même s’il est vraiment sur le bon chemin."
Quels points peut-il améliorer ?
"Il doit prendre de l’expérience, même s’il a déjà une très belle vision de la course. Il doit aussi prendre du coffre, même s’il a une puissance supérieure à la moyenne, ce qui lui permet d’avoir une certaine aisance sur les courses. Il doit aussi améliorer la maniabilité de son vélo, sa technique. Car il ne faut pas oublier que cela ne fait que trois ans qu’il fait ce sport ! Quand il aura quelques années de plus dans le peloton World Tour, il aura acquis d’autres réflexes dans le peloton qui vont lui faire économiser pas mal d’énergie. Un point très important sur une épreuve de trois semaines, sur laquelle il est impératif de s’économiser. Regardez Alaphilippe. Il a fait un fantastique Tour de France, tout en étant à l’opposé d’un coureur de classement général, qui s’économise. Car il est impulsif, fait des efforts tous les jours. Au début, il lançait même les sprints de Viviani. Ce sont des efforts qui se paient à la fin."