Rik Verbrugghe en est persuadé: “Remco peut viser une médaille au championnat d’Europe"
Vainqueur de la Clasica San Sebastian le week-end dernier, Evenepoel aborde l’Euro de chrono de ce jeudi avec ambition.
- Publié le 08-08-2019 à 07h08
- Mis à jour le 09-08-2019 à 10h59
Vainqueur de la Clasica San Sebastian le week-end dernier, Evenepoel aborde l’Euro de chrono de ce jeudi avec ambition. Comme si la vie devait s’inspirer du mouvement perpétuel d’une roue bien huilée, le calendrier de la saison cycliste continuera, ce jeudi, de dérouler ses rendez-vous. Trois jours après la disparition tragique de Bjorg Lambrecht sur le Tour de Pologne, le grimpeur de poche sera toutefois dans tous les esprits lors de seconde journée de l’Euro d’Alkmaar.
Brassard noir autour du biceps, Yves Lampaert et Remco Evenepoel tenteront de prendre la succession de Victor Campenaerts au palmarès d’un contre-la-montre individuel sur lequel le recordman de l’heure n’a pas souhaité s’aligner, trop émoussé par sa première partie de saison.
"L’ambiance est évidemment assez lourde lorsque les coureurs de la sélection belge ne sont pas sur le vélo, raconte le coach national Rik Verbrugghe. Beaucoup connaissaient très bien Bjorg et son nom revient dans naturellement dans l’essentiel des conversations lors des repas par exemple. Mais une fois en machine, je sens tout le monde pleinement concentré par cet Euro où le plus bel hommage serait de repartir avec le plein de médailles."
Un état d’esprit visiblement partagé par Remco Evenpoel. Vainqueur de la Clasica San Sebastian samedi, le Brabançon veut honorer la mémoire de Bjorg Lambrecht.
"J’ai appris à mieux le connaître cette saison et le courant passait bien entre nous, raconte le coureur de chez Deceuninck-Quick Step. Dès que je suis arrivé à Alkmaar en début de semaine, j’ai dit à notre soigneur que je ferais tout pour décrocher le maillot aux étoiles de Champion d’Europe afin de faire briller un peu plus celle de Bjorg dans le ciel. J’ai reconnu le tracé de ce contre-la-montre (22,4 km) dès mardi et il me convient bien. Il est, certes tout plat et avantage donc les purs rouleurs qui font parfois dix à quinze kilos de plus que moi mais ne présente pas trop de passages techniques. Je suis en meilleure forme que lors du championnat de Belgique de la spécialité (où il avait fini 3e) et pense avoir bien récupéré de mon succès à San Sebastian. Je dispose, en plus, d’un tout nouveau vélo."
Une détermination qui érige le prodige en légitime outsider d’un rendez-vous pour lequel les favoris se nommeront Asgreen ou Küng. "Comme Yves Lampaert, il peut prétendre à une médaille", juge ainsi Rik Verbrugghe.
S’il refuse de, déjà, se considérer comme l’un des spécialistes d’une discipline qu’il a pourtant outrageusement dominée chez les juniors, Evenepoel possède pourtant de nombreuses qualités pour y briller. La preuve.
1. Un bon rapport souplesse puissance
"Remco possède un bon rapport entre souplesse et puissance dans cet exercice, juge Tom Steels, son directeur sportif chez Deceuninck-Quick Step. Il combine une fréquence de pédalage élevée avec l’utilisation d’un braquet suffisamment important que pour être efficace. Musculairement, je suis persuadé qu’il va encore se développer et gagner en force dans les prochaines années. Même si c’est un talent hors norme, il ne faut pas oublier qu’il n’en est qu’à sa première saison chez les pros…"
2. Une grosse capacité de concentration
"Pour bien prester dans un contre-la-montre, il est essentiel de pouvoir rester extrêmement concentré sur son effort afin de ne pas relâcher celui-ci, juge Steels. Remco, en dépit de son jeune âge possède déjà une faculté que certains coureurs n’acquièrent jamais. Cela lui est utile dans le contre-la-montre mais aussi lors de certaines échappées comme sur la Clasica San Sebastian samedi ou lors des Hammer Series."
3. Il se connaît déjà bien
"Même s’il a découvert le cyclisme assez tard, Remco connaît déjà très bien son corps, continue le quadruple champion de Belgique. Il gère parfaitement ses efforts et n’explose pratiquement jamais en vol. C’est une vraie force." Ce jeudi, il a ainsi établi un plan de bataille avec le sélectionneur national. "Nous avons déterminé des zones pour la production des efforts plus intenses et d’autres pour de relatives récupérations, explique Rik Verbrugghe. Cet Euro doit nous permettre d’affiner notre collaboration mais nos automatismes se mettent assez naturellement en place. Remco a une vraie mentalité de vainqueur qui lui permet de mieux accepter la souffrance, à se surpasser."
4. Un pilotage encore perfectible
S’il est un point sur lequel Remco Evenepoel peut encore progresser, il s’agit sans doute de sa technique de pilotage.
"Il vire plutôt bien mais pourrait encore négocier certaines courbes avec un peu plus de vitesse encore, juge Tom Steels. C’est quelque chose qu’il est assez difficile de travailler mais la confiance en ses moyens et en sa technique vont l’aider sur ce point dans les prochaines années."