Remco Evenepoel: un toast pour le petit cannibale
Avez-vous remarqué que ce prénom Remco sonne comme un slogan, comme une marque, comme un tampon?
- Publié le 17-06-2019 à 10h10
- Mis à jour le 17-06-2019 à 11h33
Une humeur de Jean-Marc Gheraille.
Avez-vous remarqué que ce prénom Remco sonne comme un slogan, comme une marque, comme un tampon?
Comme… Merckx. A 19 ans, l’ex-joueur de football d’Anderlecht, qui selon ses entraîneurs possédait un moteur hors normes, Evenepoel (re)met de la fraîcheur dans un cyclisme belge qui se cherche une nouvelle star. Tom Boonen à la retraite, Philippe Gilbert reste le seul coureur noir-jaune-rouge bankable mais il n’est pas éternel. Wout Van Aert, en provenance directe du cyclocross comme Matthieu Van der Poel, peut et va gagner des classiques mais le summum absolu reste la victoire dans un grand tour. Dans le Tour…
Au-delà des classiques où nos coureurs brillent chaque année, la Belgique attend depuis 1976 le successeur de Lucien Van Impe vainqueur du Tour de France. Au fil des décennies, de nouveaux Merckx, ou surtout qualifiés trop tôt comme tels, ont fleuri. De Daniel Willems en passant par le plus récent Jürgen Van den broeck, la presse s’est enflammée pour ceux qui étaient censés ramener le maillot jaune à Paris. Avec autant de désillusions à la clé.
Aujourd’hui, même si la route est très longue et aléatoire, l’espoir renaît. Remco Evenepoel débarque sans connaître les codes du peloton puisqu’il n’y est que depuis peu, il bouscule les habitudes, il n’a pas peur de montrer ce qu’il vaut tout en poursuivant son apprentissage. Gagner le Tour de Belgique à l’âge où Merckx et Frank Vandenbroucke, ses deux prédécesseurs surdoués, ont décroché leur premier succès chez les pros, c’est un signe.
Un signe que le talent est présent. Le terreau existe pour celui qui est déjà surnommé le petit cannibale alors qu’il n’a gagné qu’une course pro et un classement général. Pour celui qui semble résister à la pression notamment médiatique qui est énorme. Pour celui qui est encore incapable de dire aujourd’hui quelles sont ses capacités en haute montagne ni comment peut-il gérer la récupération durant une épreuve de trois semaines. L’avenir nous le dira mais, sauf erreur de parcours, melon qui gonfle ou pépins physiques, ce Remco devrait encore nous valoir de bons moments.