Remco Evenepoel tout en maîtrise et en maturité: "Cela a été relativement facile"
Remco Evenepoel a remporté avec maîtrise sa première course par étapes.
- Publié le 17-06-2019 à 07h04
- Mis à jour le 17-06-2019 à 08h08
Remco Evenepoel a remporté avec maîtrise sa première course par étapes. Ce n’est pas une course World Tour, mais le Baloise Belgium Tour est chaque année remporté par un coureur de renom. Cela a encore été le cas avec cette 89e édition, dominée par un jeunot de 19 ans, Remco Evenpoel. Dont tout le monde s’accorde à dire qu’il sera un futur champion s’il est épargné par la poisse. Du haut de ses 19 printemps, l’ancien footballeur a fait preuve d’une grande maîtrise physique mais aussi tactique pour remporter le classement final. Tout en donnant une déconcertante impression de facilité. Sur le vélo, mais aussi aux interviews !
"Cela a été relativement facile", a-t-il d’ailleurs répondu en salle de presse, au moment de commenter sa gestion de la course et sa victoire au classement général. "Attention, je ne veux pas être mal compris en disant cela. Mais je n’ai jamais eu l’impression de ne pas avoir la situation sous contrôle. Ce Tour de Belgique a été une bonne leçon pour moi. J’ai appris que sur une épreuve par étapes d’une semaine sur laquelle il y a peu de possibilités de prendre du temps, il faut saisir toutes les occasions. Ce que j’ai fait dès la deuxième étape, à Zottegem, en attaquant sur l’étape flandrienne. J’ai pu m’octroyer, avec mon avance, mais aussi les bonifications et le kilomètre en or, une marge confortable. Quand tu as une minute d’avance, cela devient assez facile à gérer ! Surtout avec le soutien d’une telle équipe autour de moi. Les coureurs, mais aussi la direction sportive. Seul, tu n’y arrives pas. Et c’est sans doute la plus belle leçon que je retiens."
S’il a eu une frayeur en chutant dans le dernier kilomètre, il n’a pas été inquiété ce dimanche, sur la dernière étape pour les sprinters. "J’ai été parfaitement protégé, comme tout au long de la semaine, décrit encore Evenepoel. Pour boucler une belle semaine, lors de laquelle nous avons montré ce que signifie le Wolf Pack. L’étape clé, cela a été celle de Zottegem. Ensuite, j’ai perdu le moins de temps possible sur le contre-la-montre. Avant de bien gérer l’étape des Ardennes, samedi. Je suis énormément satisfait avec ma victoire d’étape et ma victoire finale."
Fidèle à lui-même, Remco Evenepoel ne veut pas s’enflammer. "Je sais que ce n’était pas le niveau World Tour ici, termine-t-il. Dans le World Tour, c’est bien plus relevé. Mais il y avait quand même un bon plateau. Cela se voit aux coureurs qui sont avec moi sur le podium final. Tim Wellens et Victor Campenaerts font partie du top 30 mondial. Et c’est une petite surprise de les avoir devancés."
Une surprise qui devrait être suivie par de nombreuses autres !
“J’ai grandi en maturité”
Remco Evenepoel a été constamment félicité, ces derniers jours. Dans le public. Mais aussi dans le peloton ! “Les gars dans le peloton m’ont tous dit bravo, glisse-t-il dans un sourire. Pour mes victoires. Mais aussi pour ma façon de courir. Certains ont dit que j’ai couru sur ce Tour de Belgique comme un pro de dix ans d’expérience. Je pense que c’est ma gestion de la montée de la Roche-aux-Faucons, qui a impressionné, samedi. Je pense avoir grandi en maturité sur cette épreuve. Je n’ai par exemple pas paniqué quand Tim Wellens a attaqué comme une fusée dans cette montée. Je me souvenais qu’il avait coincé avec une attaque de ce même type à Liège-Bastogne-Liège. Je suis donc resté calme, tout en veillant à le reprendre, petit à petit. Et d’accélérer ensuite pour lâcher Wellens quand il a coincé sur le contre de Campenaerts. Après, j’ai roulé pour la victoire finale. Même si je n’avais plus de jus pour le sprint pour la victoire d’étape.” Revenue à Victor Campenaerts, qui a décroché sa première victoire hors contre-la-montre.
Un cuissard déchiré mais rien de cassé
Il a eu une grosse frayeur, Remco Evenepoel, quand il s’est retrouvé projeté au sol, dans les derniers mètres du Tour de Belgique. Impliqué dans l’imposante chute massive de la ligne d’arrivée, il s’est rapidement relevé. “Ce n’est pas gai de terminer comme ça, avec un cuissard déchiré et une chute, détaille-t-il. C’est dommage, mais cela aurait pu être pire. Et puis, cela fait partie de la course. Et surtout des arrivées au sprint ! On sait tous que ce genre de choses peut arriver. Heureusement, je n’ai rien de sérieux comme blessure. J’ai juste quelques brûlures. Je suis tombé avec Tim Wellens. Un détail marrant sachant que nous avons fait la course ensemble sur ce Tour de Belgique.”
Une chute survenue dans le dernier kilomètre qui ne lui a pas valu de perte de temps au classement général, avec la règle de l’annulation des temps en cas de chute dans les trois dernières bornes d’une étape. “Avec cette chute, j’ai pu franchir la ligne en solo et recevoir les applaudissements du public, ajoute encore Remco Evenepoel. Ça, c’était gai ! Comme cela a été gai toute la semaine, j’ai été très soutenu par le public, j’ai souvent entendu mon nom, je l’ai aussi souvent lu sur des pancartes. Cela fait bien évidemment plaisir !”
“C’est un futur champion”
Vainqueur de la dernière étape, le Français Coquard est impressionné par Evenepoel. Il aime la dernière étape du Baloise Belgium Tour, Bryan Coquard. Après l’avoir remportée l’an passé, sous le déluge, à Tongres, il a à nouveau dominé le sprint du dernier jour. Cette fois sous le soleil. “Cela a été très serré pour reprendre à temps l’échappée (composée du Liégeois Kevin Van Melsen, de Tom Van Asbroeck, Will Clarke, Zhandos Bizhigitov, Gijs Van Hoecke et Emils Liepins, qui n’a été repris qu’à dix mètres de la ligne, NdlR), commente le vainqueur de ce dimanche. Et lors de la jonction, il y a eu une vague et une grosse chute. J’ai su passer de justesse. Ce succès me donne confiance, notamment en vue du championnat de France.”
Que pense-t-il de Remco Evenepoel ? “C’est un phénomène, il a 19 ans, depuis pas longtemps en plus, c’est donc vraiment incroyable, répond le sprinter français. Je l’ai vu attaquer quand il gagne, jeudi. Car j’étais bien placé à la sortie des pavés. Il est venu de l’arrière et boom ! Quand tu vois que les mecs roulent derrière lui mais qu’ils perdent petit à petit du temps, tu vois que le gars est très fort ! Sans oublier ce qu’il a fait dans la Roche-aux-Faucons. C’est un futur très grand champion. C’est bien pour le vélo. Tout le monde dit dans le peloton que c’est un phénomène. Je n’avais jamais vu ça. Et pour avoir déjà parlé avec lui, il donne l’impression d’être un bon gars.”
Et maintenant, les Nationaux !
L’appétit vient en mangeant. Et celui de Remco Evenepoel va grandir avec la conquête de ses deux premiers succès chez les pros, conquis sur ce Baloise Belgium Tour. “Maintenant, je vais m’octroyer un peu de repos, car je viens d’avoir un programme chargé”, commente-t-il. “Il va faire beau cette semaine, je vais donc pouvoir profiter du jardin et de mon temps libre ! Mais il y a déjà une belle échéance qui arrive ensuite, avec les Championnats de Belgique. Qui sont un objectif. D’abord avec le contre-la-montre. Ce sera très relevé, face à de nombreux adversaires solides, comme Campenaerts, Van Aert, Lampaert, De Gendt, Wellens… Et aussi celui de route, sur lequel nous voudrons garder le maillot de champion de Belgique dans l’équipe.”
Sans doute pas au Mondial pour espoirs
Il était junior l’an passé, Remco Evenpoel. Il pourrait donc disputer cette année le championnat du monde chez les espoirs, comme l’avait par exemple fait l’an passé Bjorg Lambrecht, alors qu’il était déjà pro. “Ce n’est pas encore décidé, je ne sais pas encore si je le fais ou pas, évoque-t-il. Mais si tout le monde est d’accord pour que je ne le fasse pas, alors je ne le ferai sans doute pas. Je ne me vois pas prendre la place de gars qui se battent toute la saison pour avoir leur sélection dans une catégorie dans laquelle je ne cours pas. Comme Ilan Van Wilder, par exemple, qui mérite sa place au Mondial espoirs.” Et chez les pros ? “Ce n’est pas à moi de décider, mais si je suis sélectionné, oui, avec plaisir, notamment pour le championnat d’Europe du chrono, ajoute-t-il. Mais on va d’abord voir comment je me débrouille au championnat de Belgique avec les pros à la fin du mois !”