Remco est vraiment phénoménal !
L’Histoire s’est écrite sous nos yeux à San Sebastian où Evenepoel a épinglé sa toute première course World Tour.
- Publié le 04-08-2019 à 08h53
- Mis à jour le 04-08-2019 à 09h35
L’Histoire s’est écrite sous nos yeux à San Sebastian où Evenepoel a épinglé sa toute première course World Tour. "Je n’en reviens pas, nous sommes en train de vivre un moment qui semblait impossible."
Les mots sont signés par le fin connaisseur et consultant de la VRT : José De Cauwer. À l’antenne, l’ancien sélectionneur national peinait à trouver les mots, comme à peu près tout le monde qui était scotché devant la Clasica Sebastian. Non, vous ne rêvez pas. Remco Evenepoel, à 19 ans, vient de s’offrir la Clasica San Sebastian, une course World Tour qui regorgeait les meilleurs coureurs du monde. Pour sa première épreuve d’un jour dans le plus haut échelon cycliste international, le Belge n’a pas fait dans la dentelle. Vainqueur devant un costaud Van Avermaet et un étonnant Marc Hirschi, Remco est passé dans une autre dimension en franchissant en premier la ligne d’arrivée dans la station balnéaire espagnole.
Le Pays basque aura confirmé, s’il le fallait encore, toute l’étendue du talent du prochain résident monégasque. D’abord lâché à environ 50 kilomètres de l’arrivée, il est revenu à son rythme avant de lancer une attaque en douceur. Avec Tom Skujins, ils ont pris mètre par mètre avant d’arriver au pied du Murgil-Tontorra avec 40 secondes d’avance sur un petit groupe qui avait perdu Alaphilippe, Bernal ou encore Landa. Dans la deuxième partie de cette ascension, il a déposé facilement son compagnon d’échappée avant de filer en solitaire vers un succès de prestige.
"Suis-je le plus jeune gagnant ici ?" "Je ne peux pas y croire", racontait quelques minutes après son sacre le phénomène brabançon. "Je ne me sentais pas bien durant toute la course et puis à la fin, j’ai pris un risque en attaquant avant la montée finale."
Un risque complètement maîtrisé. Avec Enric Mas dans le groupe derrière lui, le dernier petit loup du Wolfpack était couvert. La maîtrise avec laquelle il a manœuvré sa fin de course est tout simplement digne des plus grands et fait penser à la manière dont il a éjecté ses adversaires les uns après les autres lors du dernier Tour de Belgique. À la seule et énorme différence que dans notre pays, la concurrence n’était pas aussi féroce que sur les routes ibériques. "Je savais quelle puissance je pouvais développer dans la côte", racontait encore plein de sang-froid Evenepoel. "C’est incroyable, je ne peux pas y croire. Je vais être honnête, c’était un rêve de remporter une fois cette course dans ma carrière, et j’ai fait cette année pour ma première participation, c’est fou."
Le panache, la science de la course, le coffre : Remco Evenepoel a montré tout cela à la fois ce samedi 3 août. Derrière lui, Valverde a bien tenté de mettre le feu aux poudres avec les autres rescapés mais ils n’ont quasiment rien repris sur la dernière ascension de la journée. Un véritable camouflet pour le champion du monde, largement battu par un coureur qui ne sortait pas du Tour de France ce qui, dans l’histoire récente de cette course, n’était vraiment pas gage de réussite.
"Je ne m’attendais vraiment pas à gagner ici, je venais juste me tester à la base", a rajouté le coureur de la Deceuninck-Quick Step. "Suis-je vraiment le plus jeune gagnant ici ? C’est vraiment fou. Dans les deux derniers kilomètres, ça commençait à devenir difficile mais je me disais : courage, il ne te reste plus que deux kilomètres ! J’ai été à fond jusqu’à la fin."
Les nombreux touristes traditionnellement massés dans les alentours de l’aire d’arrivée ont vu un nouveau cap franchi dans la jeune et (déjà !) riche carrière de ce coureur. On attend le suivant avec impatience.
Un exploit digne de Rik Van Steenbergen
Il faut remonter à l’année 1944 pour trouver pareil succès.
Remco Evenepoel a laissé tout le peloton bouche bée après son succès phénoménal dans les rues de San Sebastian. Vainqueur de sa première course d’un jour World Tour pour sa première participation, le sympathique coureur de la Deceuninck-Quick Step a réalisé un exploit d’une autre époque.
Pour retrouver trace de pareille victoire d’un "teenager" sur une épreuve de cette envergure, il faut remonter à… Rik Van Steenbergen. Le mythique coureur avait remporté à 19 ans (mais dans l’année de ses 20 ans, ce qui n’est pas le cas de Remco), le Tour des Flandres en 1944. Avant lui, il y avait eu Georges Ronsse. L’Anversois s’était imposé lors de Liège-Bastogne-Liège 1925 quelques jours après avoir soufflé ses 19 bougies. Enfin, Victor Fastre avait également enlevé la "Doyenne" à 18 ans en 1909 (année de ses 19 ans).
En guise de comparaison, Tom Boonen a gagné ses premiers Tour des Flandres et Paris-Roubaix à 24 ans (année de ses 25 ans) en 2005. Si Peter Sagan a décroché son premier maillot vert sur le Tour à 22 ans, il a dû attendre 23 piges pour lever les bras à Gand-Wevelgem et 25 pour glaner son premier championnat du monde.
Franck Vandenbroucke , également précoce sur le vélo, a remporté Gand-Wevelgem à 23 ans et Liège-Bastogne-Liège à 24 ans. Rik Van Looy, lui, épinglait Gand-Wevelgem à 22 ans et Milan-Sanremo 3 années plus tard. Enfin, Eddy Merckx a gagné son premier Milan-Sanremo alors qu’il était âgé de 20 ans (il allait fêter ses 21 quelques semaines plus tard). Assurément, Remco Evenepoel est définitivement accompagné par du très beau monde !