Que retenir du printemps de nos coureurs? "Les Belges ont été bien présents sur les classiques"
Retour sur le printemps des Belges avec Rik Verbrugghe, le sélectionneur national.
- Publié le 30-04-2019 à 07h50
- Mis à jour le 30-04-2019 à 15h01
Retour sur le printemps des Belges avec Rik Verbrugghe, le sélectionneur national.
Liège-Bastogne-Liège a clôturé la première partie de la saison. Celle des grandes classiques. L’occasion de faire le point avec Rik Verbrugghe, qui les a suivies pour son équipe Bahrain-Merida, mais qui a aussi été attentif au comportement des Belges, lui qui est le sélectionneur national.
Rik, quel regard portez-vous sur Liège-Bastogne-Liège, disputé dans des conditions météos difficiles ?
"C’est simple, dimanche, c’est le plus fort, Fuglsang, qui a gagné. Par rapport à mon équipe Bahrain-Merida, je suis satisfait de notre comportement sur la course. Nous avons été bien présents dans les attaques et dans les contres avec Caruso, avec les deux Nibali. Dans le final, il leur a manqué un petit rien pour être avec les trois meilleurs. Ensuite, dans le groupe derrière, nous n’avons pas pu tirer le maximum, avec Nibali et Teuns qui font huitième et neuvième. Cela aurait pu être mieux. Mais nous avons fait une bonne course."
Quel bilan peut-on tirer des classiques de Dylan Teuns ?
"Il a montré à Liège qu’il n’a pas à être déçu de sa campagne des classiques. C’est vrai que la Flèche wallonne, l’Amstel et la Flèche brabançonne n’ont pas été en sa faveur. Mais il a été présent à Liège. Dylan a souffert d’un manque de confiance. Il a été malade après Sanremo. Ensuite, au Tour du Pays basque, il a enchaîné les chutes. Il a retrouvé trop tard la confiance. Il a besoin d’un résultat pour se remettre en confiance. Mais ce Liège va lui faire du bien. On verra ce que cela donne mercredi à Francfort."
En tant que sélectionneur national de la Belgique, quel bilan tirez-vous des classiques pour les Belges ?
"Nous avons été plus présents sur les classiques flandriennes, qui nous conviennent mieux. Mais nous avons vu de belles choses des Belges sur les ardennaises. On a vu un très bon Bjorg Lambrecht. Tim Wellens et Dylan Teuns m’ont bien plu également. D’une manière générale, nous avons peu gagné, mais nous avons été présents tout le temps. À l’image de Greg Van Avermaet. Philippe Gilbert a gagné Paris-Roubaix au terme d’une superbe course. Oliver Naesen a aussi été très présent. Il lui a manqué de la réussite. Yves Lampaert s’est beaucoup mis au service de l’équipe. Sep Vanmarcke est un coureur qui parvient vraiment à planifier ses pics de forme. Quand il est en forme, il peut être redoutable. Mais il n’a pas eu de chance sur cette campagne. Il y a aussi eu Wout Van Aert, qui a été bien présent. À côté de cela, d’autres ont été moins présents. Comme Jasper Stuyven."
Comment jugez-vous le printemps de Philippe Gilbert ?
"Il m’a beaucoup plu. Il s’est imposé sur un monument tout en se retrouvant dans un rôle de coéquipier sur de nombreuses autres courses. Ce boulot au service des autres, il l’a fait à merveille. Il l’a encore fait à Liège. Ce Philippe Gilbert là m’a beaucoup plu sur cette campagne. Il a prouvé qu’il peut gagner des grandes courses. Mais qu’il peut aussi se mettre au service d’un leader. Et ça s’est important pour un sélectionneur national."
Vous allez maintenant reconnaître le parcours du Mondial au Yorkshire, avec Naesen et Van Aert…
"Avec Naesen, oui, c’est confirmé. Pas encore avec Van Aert. On doit encore discuter avec lui, pour voir si ça colle bien avec son programme. Là, il est en vacances. Mais, le but, oui, c’est de le prendre à la reco. Quand on choisit un coureur pour aller faire une reconnaissance du parcours d’un championnat, on prend quelqu’un qui est capable de s’exprimer et de bien analyser le parcours pour en parler aux autres. Ce n’est pas pour ça qu’on est une certitude de la sélection. Même si Oliver est en forme en fin de saison, il sera bien évidemment une certitude. Tout comme un Gilbert, un Van Avermaet. Ou un Van Aert s’il décide de le faire."
"Lambrecht et… Evenepoel m’ont impressionné"
Un avenir prometteur attend les deux grands jeunes talents belges.
Rik Verbrugghe se réjouit de voir les jeunes coureurs belges confirmer.
Ces dernières semaines, Bjorg Lambrecht a impressionné. Il vous a surpris ?
"Oui. Car être présent après 250 kilomètres, à 22 ans, c’est très prometteur. Vincenzo Nibali m’a dit dimanche après la Doyenne que cela faisant longtemps qu’il n’avait plus fait un final après 250 bornes et qu’il le sentait. Chapeau à Bjorg, donc, d’avoir être présent dans le final. Mais aussi d’avoir osé attaquer comme il l’a fait. Il a été régulier sur ces ardennaises, avec notamment sa quatrième place à la Flèche wallonne. Et si Lotto-Soudal n’avait pas couru à Huy en fonction du palmarès des coureurs mais en fonction de l’état de forme de chacun, il aurait peut-être pu monter sur le podium."
Il n’était pas sur les classiques, mais un autre jeune Belge a beaucoup fait parler de lui en ce début de saison : Remco Evenepoel. Qu’en pensez-vous ?
"Il m’a aussi vraiment impressionné. Il devrait seulement être en première année chez les espoirs et il fait déjà des résultats dans le WorldTour ! Il a un grand avenir devant lui. Il est déjà présent avec les meilleurs. Cela fait sans doute moins de bruit que sur une course en Belgique, mais il faut parvenir à terminer quatrième du Tour de Turquie comme il l’a fait… Il a directement confirmé pour ses débuts chez les pros. Or, le plus dur, c’est souvent de confirmer. Il est déjà à la porte des meilleurs coureurs. À son âge, c’est impressionnant. Du côté des jeunes Belges prometteurs, il y a aussi Jasper Philipsen. Il a beaucoup couru sur ces classiques, cela va lui faire une bonne expérience."
Les Belges ont été les plus réguliers
Certes, on ne retient que les vainqueurs. Sur ce plan-là, le bilan des classiques des coureurs belges est donc maigre sur les quinze classiques du printemps. Avec un seul succès (mais quel succès !), celui de Philippe Gilbert à Paris-Roubaix. C’est bien moins que les cinq succès des Pays-Bas ou les trois victoires françaises (toutes d’Alaphilippe). Mais les Belges ont été de loin les plus réguliers sur les grandes courses d’un jour du début de saison. Du circuit Het Nieuwsblad à Liège-Bastogne-Liège, nos représentants ont occupé dix fois le podium. Soit quatre de plus que les Pays-Bas, cinq de plus que la France et le Danemark, six de plus que l’Italie et l’Allemagne, huit de plus que la Tchéquie, la Norvège, le Grand-Duché du Luxembourg… Des chiffres qui confirment l’analyse de Rik Verbrugghe, le sélectionneur national : les Belges ont été très présents sur les classiques.
Tous les podiums des classiques du printemps:
Het Nieuwsblad : 1. Zdenek Stybar (Tch) ; 2. Greg Van Avermaet ; 3. Tim Wellens.
Kuurne-Bxl-Kuurne : 1. Bob Jungels (Lux) ; 2. Owain Doull (G-B) ; 3. Niki Terpstra (P-B).
Strade Bianche : 1. Julian Alaphilippe (Fra) ; 2. Jakob Fuglsang (Dan) ; 3. Wout Van Aert.
Milan-Sanremo : 1. Julian Alaphilippe (Fra) ; 2. Oliver Naesen ; 3. Michal Kwiatkowski (Pol).
Bruges-La Panne : 1. Dylan Groenewegen (P-B) ; 2. Fernando Gaviria (Col) ; 3. Elia Viviani (Ita).
Grand Prix E3 : 1. Zdenek Stybar (Tch) ; 2. Wout Van Aert ; 3. Greg Van Avermaet.
Gand-Wevelgem : 1. Alexander Kristoff (Nor) ; 2. John Degenkolb (All) ; 3. Oliver Naesen.
A Travers les Flandres : 1. Mathieu Van der Poel (P-B) ; 2. Anthony Turgis (Fra) ; 3. Bob Jungels (Lux).
Tour des Flandres : 1. Alberto Bettiol (Ita) ; 2. Kasper Asgreen (Dan) ; 3. Alexander Kristoff (Nor).
GP de l’Escaut : 1. Fabio Jakobsen (P-B) ; 2. Max Walscheid (All) ; 3. Chris Lawless (G-B).
Paris-Roubaix : 1. Philippe Gilbert ; 2. Niels Politt (All) ; 3. Yves Lampaert.
Flèche Brabançonne : 1. Mathieu Van der Poel (P-B) ; 2. Julian Alaphilippe (Fra) ; 3. Tim Wellens.
Amstel Gold Race : 1. Mathieu Van der Poel (P-B) ; 2. Simon Clarke (Aus) ; 3. Jakob Fuglsang (Dan).
Flèche Wallonne : 1. Julian Alaphilippe (Fra) ; 2. Jakob Fuglsang (Dan) ; 3. Diego Ulissi (Ita).
Liège-Bastogne-Liège : 1. Jakob Fuglsang (Dan) ; 2. Davide Formolo (Ita) ; 3. Maximilian Schachmann (All).