Pour ou contre redynamiser le parcours de la Flèche Wallonne ?
Par Eric de Falleur
- Publié le 20-04-2017 à 14h18
- Mis à jour le 20-04-2017 à 14h59
Jean-Luc Vandenbroucke : pour
"Chaque année, c’est le même discours, on reste sur sa faim", explique Jean-Luc Vandenbroucke. "Forcément, nous venons de vivre des classiques flandriennes extraordinaires, avec des déroulements de course incroyable, des poursuites, des rebondissements, des beaux vainqueurs. Ici, cela s’est résumé à quoi ? Une échappée matinale de six coureurs, une contre-attaque avec De Marchi, une deuxième avec Bob Jungels, quarante coureurs au pied du Mur et un super-favori, Valverde, qui s’impose. Je dis donc que pour beaucoup, la Flèche a été un super entraînement pour Liège-Bastogne-Liège. Le passage au Mur de Huy, c’est beau, c’est spectaculaire. On ne voit rien pourtant. Quand on est passé au Mur pour la première fois, il restait 55 km, au Tour des Flandres, Gilbert était déjà seul. Si on fait l’arrivée le long de la Meuse, ce sera une autre course. On basculera avec cinq, six, dix coureurs, dont Valverde, mais qui ne sera pas sûr de gagner. Ici, en l’emmenant au pied du Mur, il est quasi certaine de s’imposer. J’espère qu’à Liège-Bastogne-Liège on verra une course qui se décante, notamment parce qu’il y a soixante kilomètres de plus. Mais ce serait la même chose, il faudrait que l’arrivée soit dans le centre-ville. Les difficultés super concentrées dans la finale, la Roche-aux-Faucons, la côte de Saint-Nicolas : cela bloque la course. Et puis, qui a gagné ici, à Huy, au Tour de France ? Rodriguez devant Froome. Le premier a arrêté, mais où était Froome ? Et les frères Yates et Nibali et Contador ? Ils devraient tous être ici."n passé, au contraire, cela avait tout figé. Cette fois, nous avions resserré la dernière boucle et ça a fait qu’il y a eu plus de mouvement que les années antérieures."
Christian Prudhomme : contre
"C’est une course que j’ai aimée", dit Christian Prudhomme. "Avec cette échappée à six, puis à cinq, puis à quatre, puis à trois, puis à un. Ensuite, un autre coureur qui sort, puis ils partent à deux, puis un seul. On a vu un beau numéro athlétique de Jungels qui, l’année passée, avait échoué au pied du Mur et qui a remis cela cette fois et a fait cinq cents mètres seul dans le Mur. Une fois encore, c’est là que tout se joue et c’est logique. Le Mur de Huy est l’essence même de cette course, de la même manière que le Poggio est Milan-Sanremo. Je le redis : j’ai aimé les quarante derniers kilomètres de la Flèche avec des attaques incessantes. Le final a été très sympa et agréable. D’ailleurs, d’une manière générale, on sort d’un début de saison excitant, Paris-Nice a été vraiment exceptionnel, le Tour des Flandres aussi, l’Amstel également… Je trouve qu’en ce début de saison, et c’est très bien, les coureurs ont davantage d’entrain et osent plus que par le passé. C’est vrai, il y avait encore beaucoup de coureurs au pied du Mur, mais il y avait eu du mouvement. Ce sont les coureurs, surtout, et les directeurs sportifs, les managers qui font les courses. Le système a l’air de changer. En 2012, sur le Tour de France, on avait construit des parcours avec des rampes de lancement loin de l’arrivée et il ne s’était rien passé, au contraire, cela avait tout figé. Cette fois, nous avions resserré la dernière boucle et ça a fait qu’il y a eu plus de mouvement que les années antérieures."
L'avis de Rik Verbrugghe
1 Valverde toujours plus fort "L’Espagnol a été impressionnant. Il surclasse véritablement cette Flèche Wallonne depuis 10 ans. Orica-Scott a très mal couru tactiquement et a fait le jeu de Valverde. Il faut aussi noter les belles courses de De Marchi et de Jungels. Si le Luxembourgeois avait compté une quinzaine de secondes en plus au pied de la dernière bosse, il aurait peut-être pu rêver à une victoire au sommet du Mur mais avec seulement une quinzaine de secondes d’avance au pied, c’était mission impossible."
2 La belle satisfaction belge se nomme Dylan Teuns "Un Belge sur le podium de la Flèche, cela fait un petit temps que ce n’était plus arrivé. C’est de bon augure pour l’avenir du cyclisme belge car il y a de la ressource derrière Gilbert et Van Avermaet, les numéros 2 et 1 mondiaux. Je savais qu’il était capable de faire ça mais de là à aller chercher le podium, c’est plutôt impressionnant. Je le voyais plutôt terminer dans le Top 10 , pour être honnête. Chapeau à lui."
3 Les conditions climatiques étaient idéales pour un peloton "Avec le vent de face dans les 100 premiers kilomètres, c’était difficile pour les échappées. Le jour où nous verrons une course avec un vent ¾3/4 dos dans les 60 derniers kilomètres, je pense qu’il pourrait y avoir plus de spectacle et d’attaque, même sur ce type de parcours qui comporte une arrivée finale au sommet du Mur de Huy."