Philippe Gilbert, Olivier Naesen et Thomas De Gendt: ce qu'il faut retenir de leur Paris-Nice
Philippe Gilbert a fini par céder, mais sa bonne semaine est très prometteuse.
- Publié le 18-03-2019 à 06h51
- Mis à jour le 18-03-2019 à 07h52
Philippe Gilbert a fini par céder, mais sa bonne semaine est très prometteuse.
Son exploit dans l’étape de samedi, où en se glissant dans une longue échappée, puis en faisant paniquer les Sky pratiquement jusqu’en haut de la longue et dure montée du Turini, ce qui d’ailleurs condamna Michal Kwiatkowski à trois kilomètres du sommet, incapable de suivre le train de ses équipiers Ivan Rosa et Egan Bernal, avait fait naître les espoirs les plus fous. À moins de trois heures de l’arrivée de Paris-Nice, Philippe Gilbert occupait le deuxième rang du général, à 45 secondes du maillot jaune.
"Je ne suis pas un grimpeur et je ne le deviendrai jamais", avouait Gilbert, samedi, félicité par Eddy Merckx venu suivre les deux dernières étapes de la Course au soleil. "On verra, mais il faut rester réaliste, la dernière étape est très dure."
En effet, le Wallon tint sa place aux côtés du maillot jaune jusqu’à 45 km, dans la difficile côte de Paille, où il finit par lâcher prise.
"J’ai fait le maximum, mais ce ne fut pas suffisant", dit-il. "C’était un Paris-Nice exigeant, ce fut à nouveau une étape difficile et à la fin, tous ces efforts se paient. Comme d’habitude, un groupe est sorti dans la première (des six) montées du jour. J’aurais aimé essayer de rejoindre ce groupe, mais j’étais mal placé au pied. Alors, j’ai suivi les Sky, j’ai essayé de m’accrocher avant de finir par céder."
À l’arrivée, Philippe Gilbert, que les circonstances n’ont pas aidé, car de nombreux coureurs en lutte pour les places d’honneur étaient soit dans le groupe Quintana, soit dans celui de Bernal, cède six minutes.
Il rétrograde à la 15e place finale, ce qui n’est pas son meilleur résultat en onze participations à la Course au soleil où il s’était classé 13e, il y a deux ans. Pourtant, le Liégeois sort d’une excellente semaine, qui a démontré son excellente forme et sa capacité à jouer les premiers rôles, samedi dans Milan-Sanremo.
"Avec toute cette fatigue, il va falloir bien gérer la semaine", dit le coureur de Deceuninck-Quick Step. "Avec de l’entraînement, mais aussi beaucoup de repos pour récupérer. Il faut retrouver de la fraîcheur pour samedi. Mais, c’est vrai, cette édition Paris-Nice a été, pour moi, très bonne. J’étais en forme, je le suis un peu plus encore. On a eu de la chance au niveau climat, ça va porter ses fruits. Pour moi, chaque année, c’est un passage important en vue des classiques."
Le Colombien Egan Bernal, vainqueur dimanche de Paris-Nice à l'âge de 22 ans, a déclaré qu'il lui restait "beaucoup à apprendre", notamment dans l'optique des grands tours.
Oliver Naesen"Je n'ai jamais grimpé aussi bien"
Oliver Naesen, 2e de l’ultime étape, a suivi les grimpeurs dans l’arrière-pays niçois.
On attendait Dylan Teuns, qui d’ailleurs se glissa dans le grand groupe dont est sorti Ion Izaguirre pour perpétuer la tradition des succès d’étapes espagnols sur la Promenade des Anglais. On imaginait que Thomas De Gendt, et ce fut le cas, mette a profit les nombreuses difficultés du jour pour assurer son maillot à pois. On espérait que Philippe Gilbert tienne et décroche au moins une place finale parmi les dix premiers. Finalement, c’est Oliver Naesen qui aura été le Belge le plus en vue, ce dimanche, aux alentours de Nice où le Flandrien a décroché la deuxième place de l’étape après une prestation époustouflante.
"Le deuxième coureur le plus lourd de notre groupe, Kelderman sans doute, devait peser 10 kilos de moins que moi", remarque Naesen qui a suivi des grimpeurs comme Quintana, Martinez (vainqueur samedi au Turini), Pozzovivo, Sanchez, Grossschartner, Yates, Van Garderen et donc Kelderman et Izaguirre. "Ce qui est râlant, c’est qu’Izaguirre n’aurait pas démarré sans l’attaque de Van Garderen, emmenant l’Espagnol avec lui, pour se relever directement. Moi, je ne pouvais pas y aller et les autres non plus, mais sans cette attaque, on aurait monté encore au train un bon moment."
Le coureur d’Ag2R peut être satisfait de sa performance qui témoigne de son excellente forme, à une semaine de la première grande classique.
"Je me sentais vraiment fort, avant le départ, j’avais dit que j’allais gagner", poursuit l’ancien champion de Belgique. "Je n’ai jamais grimpé aussi bien qu’en ce moment. Pourquoi ? Parce que je ne suis pas tombé, je n’ai pas été malade ces derniers mois. Je suis même un kilo plus lourd que l’an dernier, j’ai un peu plus d’expérience et de confiance en moi. C’est intéressant pour Milan-Sanremo. Si dix gars démarrent dans le Poggio, je serai avec eux. Comme dans toutes les classiques, je serai le leader de l’équipe."
Record égalé: Troisième maillot à pois pour De Gendt
En enlevant pour la 3e fois le maillot à pois de meilleur grimpeur de Paris-Nice, Thomas De Gendt a rejoint Sean Kelly au palmarès de ce classement annexe de la Course au soleil. Dès l’étape de samedi, le coureur de Lotto Soudal avait fait le plus gros du travail, qu’il a terminé en début de la dernière étape: "Je n’avais plus que De Marchi à tenir à l’œil, c’était plus facile. L’Italien faisait partie du groupe de tête mais il n’a finalement pas opposé de grande résistance. Les quelques kilomètres vers le pied de la première côte ressemblaient à un sprint. J’ai débuté en bonne position et j’ai encore réussi à remonter dans le groupe durant les six kilomètres d’ascension. Quand j’ai basculé en tête, j’ai compris que le maillot ne pouvait plus vraiment m’échapper."
Venu sur Paris-Nice dans l’espoir de remporter une étape (bonheur qui lui est arrivé par deux fois auparavant), De Gendt a donc dû se contenter du maillot à pois. "J’aurais bien voulu me mêler à la lutte pour la victoire d’étape, mais mes jambes étaient assez lourdes à cause de l’étape d’hier. Ma ligne d’arrivée mentale était située au sommet de la troisième ascension. La quatrième côte était un peu trop difficile pour moi. J’ai alors décidé qu’il valait peut-être mieux récupérer en vue des nombreuses épreuves qui m’attendent dans les prochaines semaines. Je pense que l’on peut parler d’un Paris-Nice réussi pour Lotto Soudal, mais on aurait pu gagner trois étapes." Ewan a fini deux fois 2e, et De Gendt à une reprise.