Philippe Gilbert: "J’aurais peut-être dû venir dans cette équipe plus tôt"
Philippe Gilbert se plaît toujours autant dans l’équipe Deceuninck-Quick Step, avec laquelle il vise une solide saison.
- Publié le 09-01-2019 à 07h04
- Mis à jour le 09-01-2019 à 09h01
Philippe Gilbert se plaît toujours autant dans l’équipe Deceuninck-Quick Step, avec laquelle il vise une solide saison. Philippe Gilbert n’a pas changé. Fidèle à lui-même, il continue de mettre beaucoup d’ambiance au sein de son équipe Deceuninck-Quick Step. Son rire généreux et communicatif résonne souvent dans les couloirs de l’imposant et luxueux Hôtel Suitopia, à Calpe, en Espagne, où sa formation a établi son camp d’entraînement pour préparer la nouvelle saison.
Et il n’a pas non plus changé au niveau de sa motivation. Qui reste intacte. Comme sa faim de victoires. Avec un seul succès en 2018 et une saison marquée par un manque de réussite, le Liégeois n’est pas rassasié, loin de là !
"Je pense avoir réalisé une bonne saison l’an passé", explique-t-il au moment de recevoir les médias du monde entier, pour la présentation de son équipe. "J’ai été bien présent. Je pense avoir été un des coureurs clés dans les succès de l’équipe sur les classiques. Ou au Championnat de Belgique à Binche. En 2017, le fait de m’être retrouvé dans cette équipe, qui peut s’appuyer sur un solide effectif, m’avait bien réussi. J’ai pu obtenir de nombreux succès. Cela n’a pas été le cas pour moi en 2018. Mais c’est comme ça. Je sais que la roue peut vite tourner."
Il n’a pas pris ombrage de cette saison en mode altruiste. "C’est la philosophie de notre équipe", poursuit Philippe Gilbert. "Cela pouvait être frustrant, oui, de ne pas passer la ligne d’arrivée en vainqueur avec le sentiment d’avoir pu tout donner et de ne faire que deuxième ou troisième, mais c’est la course, c’est notre tactique. L’an passé, j’étais souvent derrière Niki Terpstra par exemple. Il ne m’a jamais bloqué. Je n’ai aucune raison de lui en vouloir. Il était très fort. Je crois qu’il n’avait jamais été aussi fort de sa vie. Dans notre équipe, on a une tactique qui marche, qui fonctionne bien. D’autres équipes veulent nous copier, adopter notre tactique de miser sur plusieurs leaders. Comme LottoNL Jumbo, d’après ce que j’ai entendu. Lotto-Soudal a aussi essayé."
Le départ de Niki Terpstra chez Direct Energie ne va-t-il pas diminuer la solidité, sur les classiques flandriennes, du collectif de Deceuninck-Quick Step ?
"L’avoir contre nous ne sera peut-être pas une bonne chose", répond Philippe Gilbert. "Ce n’est pas un coureur facile à lâcher… Et puis, il voit très bien la course. Sans oublier que tout le monde dit qu’il n’est pas rapide, mais je peux vous dire qu’il va vite. Il n’est pas lent sur une ligne d’arrivée. Maintenant, je ne pense pas que notre collectif soit moins fort. Nous restons très solides dans l’ensemble. Et puis nous aurons aussi Bob Jungels qui fera les Flandriennes normalement. J’ai fait l’étape du Tour de France sur les pavés avec lui l’an passé et il était dans mon groupe jusqu’à l’arrivée. Et nous sommes dans une équipe qui vit pour les classiques. Les coureurs. Mais aussi l’ensemble du staff. Tout le monde adore ces courses. Qui sont préparées dans tous les détails. Comme avec Tom Steels qui nous prévient de chaque virage, de chaque pavé. On les connaît, mais le fait qu’on nous le rappelle, cela aide beaucoup. Oui, dans cette formation, on vit vraiment pour cette période des classiques. Parfois, je me dis que j’aurais peut-être dû venir plus vite dans cette équipe…"
"J'ai envie de continuer"
En fin de contrat, Gilbert ne se voit pas arrêter à la fin de la saison.
Comme de nombreux autres coureurs, Philippe Gilbert sera en fin de contrat chez Deceuninck-Quick Step à la fin de la saison. Qui ne devrait pas être la dernière pour le résident monégasque. "Mon envie par rapport à mon sport et mon métier est toujours bien là, j’ai envie de continuer", explique celui qui a débuté chez les pros en 2004 et qui va donc entamer sa dix-septième saison au sein de l’élite du cyclisme. "Mais on verra bien évidemment comment se déroule cette nouvelle saison. Je me plais bien dans cette équipe. Si je peux trouver un accord avec Patrick Lefevere, ce serait bien ! D’un autre côté, je sais aussi que d’autres équipes viennent se renseigner à mon sujet. Je ne ferme la porte à personne. On ne sait pas de quoi demain sera fait et je n’oublie pas que le vélo reste un petit monde très fermé."
Philippe Gilbert veut donc continuer à rouler. "Oui, car le plaisir est toujours bien là" , continue le coureur wallon. "Par rapport à mes débuts, en 2004, tout a évolué. Notamment la préparation. Avec les nouvelles technologies, j’ai même l’impression que c’est plus facile qu’avant. Nous n’avions à l’époque que le rythme cardiaque. Moi, je faisais partie de la nouvelle génération qui commençait à faire du travail spécifique. Ce qui n’était pas à la mode à l’époque. Les plus anciens, comme Rik Verbrugghe, avec qui je m’entraînais, roulaient, enchaînaient les heures et les kilomètres. Moi, je devais grimper par exemple huit fois telle montée, avec un développement précis. Aujourd’hui, pouvoir désormais travailler avec les watts permet de faire du travail précis. Cela permet aussi d’avoir des programmes d’entraînement bien planifiés. C’est mieux organisé dans l’ensemble. Et cela me plaît toujours autant. J’ai toujours l’envie de m’amuser dans le peloton. Et d’aller chercher des grandes victoires."
Le Liégeois n’oublie pas non plus la chance, qu’il a, de pouvoir vivre son rêve. "C’est ma dix-septième saison, mais cela reste avant tout du plaisir", répète-t-il encore. "Il y a des gens qui travaillent pendant cinquante ans avec un boulot qu’ils n’aiment pas, qui leur ruine la santé. Pour ne pas bien gagner leur vie. Moi je suis payé pour faire ma passion. Ce serait mal élevé de dire que ma position est difficile... Même s’il y a énormément de travail pour atteindre le niveau qui est le nôtre sur le vélo. Mais c’est comme dans tout. La réussite passe par le travail."
"Toujours le rêve de gagner les cinq monuments"
Vainqueur de deux Tours de Lombardie (2009 et 2010), d’un Tour des Flandres (2017) et d’un Liège-Bastogne-Liège (2011), Philippe Gilbert rêve toujours autant de parvenir à gagner les cinq monuments du vélo. Il ne lui manque donc que Milan-Sanremo et Paris-Roubaix à son palmarès. "L’idée est toujours bien présente dans ma tête", confirme-t-il. "Mais je sais que cela va se révéler compliqué. Il y a une chance que cela se réalise. Car c’est possible. Mais il y a aussi beaucoup de chances que cela ne se réalise pas. Cela reste toutefois une énorme motivation pour moi. Cela passe par d’énormes sacrifices. Qui en valent la peine."
Philippe Gilbert a à nouveau planifié un pic de forme pour le mois d’avril. "Pour ça, il faut déjà être bien maintenant et je le suis bien", décrit-il. "Je suis à un bon niveau. Je ne pourrai pas être à mon meilleur niveau à Milan Sanremo avec cette envie d’être au top en avril, mais j’essaierai quand même de gagner en Italie. Tout en sachant que je serai dans une solide équipe. Et concernant Paris-Roubaix, j’y ai appris beaucoup l’an passé, même si je n’y ai pas eu le résultat que j’espérais. Mais j’y ai pris de l’expérience qui va me servir en 2019."
Retour à Paris-Nice et envie du Tour
Philippe Gilbert va innover cette saison. Il débutera sa saison au Tour de Provence, le 14 février. "Une course que je n’ai encore jamais disputée", a-t-il dit. "Quand j’ai vu que cette épreuve était à notre programme, j’ai voulu la faire, pour découvrir une nouvelle course. C’est gai de rouler sur des courses sur lesquelles on n’a jamais été aligné. Ensuite, je serai au Circuit Het Nieuwsblad. Et j’ai choisi cette année de faire Paris-Nice plutôt que Tirreno-Adriatico. J’aime bien Paris-Nice. J’y vais pour faire la course et comme préparation pour Milan Sanremo. J’aime aussi le fait d’avoir plus de repos avant le monument italien. Cela me convient mieux. Et après, je ferai toutes les classiques d’un jour."
Pour la suite de la saison, il a envie de prendre part au Tour de France. "Avec ce départ à Bruxelles, en l’honneur d’Eddy Merckx, c’est très motivant, ajoute-t-il. Et avec ma chute de l’an passé, ce serait fort émotionnellement de parvenir à y gagner une étape. Ensuite, il y a aussi le championnat du Monde, au Yorkshire, qui me paraît intéressant. Mais c’est encore très loin."
"Une arrivée sur le plat à Liège serait bien pour moi"
Philippe Gilbert attend avec impatience l’annonce du nouveau parcours de Liège-Bastogne-Liège. "D’après ce qu’on entend, ce serait une arrivée sur le plat, à Liège ; cela me tente plutôt bien", explique celui qui s’était imposé sur la Doyenne lors de son année de rêve, en 2011. "Car pour ce type d’épreuve, je suis un des plus rapides. Si je me présente avec les meilleurs du jour dans la dernière ligne droite, je suis un des coureurs de ce peloton avec la meilleure pointe de vitesse. Au départ du Tour des Flandres, je suis peut-être le vingt-cinquième coureur en termes de vitesse de pointe. Dans le peloton des ardennaises, par contre, je pense que je suis dans le top 3 des coureurs les plus rapides. Cela pourrait donc être intéressant pour moi."