Philippe Gilbert: "Attaquer de loin ne me fait pas peur"
- Publié le 27-04-2019 à 07h22
- Mis à jour le 27-04-2019 à 07h59
Deux semaines après son succès à Roubaix, Philippe Gilbert reste ambitieux. Même s’il connaît évidemment mieux que quiconque les nouvelles routes que va emprunter Liège-Bastogne-Liège, Philippe Gilbert a profité de la reconnaissance de ce vendredi, avec ses partenaires, pour s’imprégner de ce nouveau final et de l’arrivée au centre de Liège.
"C’est un changement", dit-il. "J’ai envie de dire finalement. Même si j’ai dû courir quinze fois, c’est la première fois que je dispute le vrai Liège-Bastogne-Liège (NdlR : avec une participation de plus que Valverde, Philippe Gilbert est le coureur actuel qui a le plus souvent couru la Doyenne), je suis heureux de le faire au moins une fois dans ma carrière. C’était un peu triste de finir là-haut (à Ans), cela ne représentait pas et cela n’avait rien à voir avec Liège. D’un point de vue de la renommée, c’est un plus pour la course, pour la ville, pour le public, pour les coureurs que la course finisse dans le centre de Liège. Ce sera plus intéressant."
Le Wallon est convaincu que la suppression des côtes de Saint-Nicolas et d’Ans aura des conséquences.
"La course sera différente, sans doute plus active en amont, du moins on l’espère", dit-il. "Mais ce sont beaucoup de grandes routes, c’est généralement vent de face sur le retour, cela peut bloquer les tentatives. À beaucoup d’endroits, même avec une minute d’avance, les attaquants restent à portée de vue des poursuivants. Il y a d’abord la trilogie (NdlR : Wanne, Stockeu, Haute Levée) qui est en fait quatre côtes avec celle du Mont de Soie. Sur papier, il y a moyen de tenter quelque chose. C’est loin et pas loin. Quelqu’un va-t-il oser partir de là ?"
Un certain Philippe Gilbert peut-être ?
" Oui, cela ne me fait pas peur", rit-il. "Ça dépend de ce qui sort de ce moment. C’est un point crucial du parcours. Il faudra être attentif. Ensuite, il y a La Redoute, qui va retrouver de l’importance. Cela reste spécial pour moi d’y passer. Je connais ces routes par cœur, il y aura beaucoup de gens sur le bord de la route, mes supporters sont plus nombreux qu’ailleurs."
Même pour un coureur expérimenté, il est difficile de prévoir ce qui va se passer.
"Le fait d’arriver sur le plat change la donne, élargit le nombre de candidats", dit Gilbert. "Avant, c’était pour des grimpeurs puncheurs. Maintenant, des gars comme Matthews ont plus de chances que par le passé. Mais Valverde ou Julian sont polyvalents et rapides."
Malgré tout, l’Ardennais pense qu’on peut finir seul sur le boulevard d’Avroy.
"Après la Roche-aux-Faucons, on sera vite dans le centre de Liège, la descente est rapide, très technique dans sa première partie, avec des virages marqués, on plonge rapidement vers le centre", continue le coureur de Deceuninck-Quick Step. "C’est possible de finir seul. Quelqu’un qui aurait 20 secondes d’avance au sommet de la Roche-aux-Faucons gagnerait sûrement la course car, ensuite, ce serait difficile de s’organiser pour le rattraper. D’autant que ce seront les coureurs forts qui se seront dégagés…"
"Les grimpeurs sont attentistes"
Après avoir régulièrement augmenté la difficulté de leur course, les organisateurs des classiques semblent faire machine arrière en allégeant souvent leur finale, comme à l’Amstel ou à Liège-Bastogne-Liège. Aux Pays-Bas, depuis que le Cauberg n’est plus la dernière difficulté, la course s’en est trouvée dynamisée. “C’est sans doute dû au parcours, c’est vrai, dit Philippe Gilbert, mais avant tout aux coureurs. Je n’ai jamais vu un final faire la différence, mais bien le comportement des coureurs. Les grimpeurs sont souvent attentistes, à part Julian. Il l’a montré à l’Amstel en attaquant avec panache, à 36 kilomètres de l’arrivée. Il est un des seuls à oser. C’est une question de mentalité, les autres calculent plus…” Le Liégeois va même plus loin dans son analyse.
“Si les coureurs des flandriennes avaient les qualités physiques pour disputer les ardennaises, il s’y passerait certainement plus de choses. Sur les flandriennes, ça y va franchement, il y a plus de spectacle. Ce sont deux pelotons différents. Pour moi, c’est la raison principale des courses ennuyantes qu’on voit sur les ardennaises depuis des années. Mais, j’ai vu les 40 derniers kilomètres de la Flèche, c’était l’édition la plus disputée depuis des années.” Pourtant, ceux qui comme Gilbert, Van Avermaet ou Matthews seront là dimanche, vont plutôt chercher à s’accrocher au maximum. “C’est vrai”, reconnaît-il. “Roubaix et Liège, ce sont des courses très différentes, je m’étais plus spécialement préparé pour les pavés. Depuis, j’ai fait le maximum pour rester bien et j’espère l’être dimanche. Liège me tient à cœur, si je ne prends pas le départ, je n’ai aucune chance. J’ai essayé de garder de la fraîcheur. On parle de mauvais temps aussi. Il y a quelques années, le froid avait figé les coureurs, annihilant toutes les attaques. Je n’ai jamais vraiment aimé ce temps-là, mais j’y ai fait de bonnes prestations.”