Philippe Gilbert après sa victoire à Paris-Roubaix:"Je suis encore très motivé"
Une semaine après Paris-Roubaix, Philippe Gilbert a toujours faim de victoires.
- Publié le 20-04-2019 à 07h32
- Mis à jour le 20-04-2019 à 08h22
Une semaine après Paris-Roubaix, Philippe Gilbert a toujours faim de victoires. Une semaine après son triomphe à Paris-Roubaix, Philippe Gilbert va tenter un autre challenge, ce dimanche à l’Amstel Gold Race où le Liégeois vise un cinquième succès.
Ce succès à Roubaix vous a rassasié ou plutôt motivé ?
"Je reste très motivé. Je me suis préparé consciencieusement, comme pour chaque course. J’ai moins roulé en montagne et en côtes ces derniers temps, mais même entre les classiques flamandes, je me suis entraîné dans les cols de l’arrière-pays niçois. C’est aussi plus intéressant car ce sont sans cesse des types de courses et de terrains différents. Si je gagne une 5e Amstel, ce sera encore historique. J’ai les capacités de le faire."
Il y a eu des saisons où votre campagne des classiques débutait cette semaine.
"Je roulais quand même toujours Sanremo et souvent le Tour des Flandres. Mais c’est vrai que j’ai ajouté Paris-Roubaix depuis deux ans, que j’écartais avant pour m’entraîner spécifiquement en montagne pour les Ardennaises. Beaucoup pensaient que je ne pouvais pas réussir sur les deux terrains, moi oui. J’en ai donné la preuve et je suis aussi persuadé que je peux être compétitif au plus haut niveau sur les pavés et dans les côtes ardennaises."
L’Amstel ressemble plus au Tour des Flandres qu’à la Doyenne, non ?
"En effet, avec des petites côtes, un peu plus longues qu’au Ronde, des routes sinueuses, beaucoup de virages. Ici, le plateau est plus relevé aussi, avec un mixte des meilleurs Flandriens et des Ardennais. Les routes sont très techniques et piégeuses. Elles imposent sans cesse, après chaque virage, des relances de vingt, trente secondes. L’Amstel, c’est la classique la plus nerveuse, dès son début. Dans le peloton, vous êtes sans cesse occupé à regarder par en dessous, loin devant vous, pour être sûr que vous n’allez pas tomber nez à nez avec un îlot directionnel, une bordure ou un poteau. Le danger est partout. La connaissance de ces routes est primordiale."
Vous les connaissez particulièrement.
"En effet, quand je vivais à Remouchamps, je m’entraînais beaucoup dans le Limbourg hollandais, surtout en hiver. Ce n’était pas rare qu’il y ait 4 ou 5 degrés de différence, et pas de risque de plaque de verglas dans un virage ou de brume dans les vallées. De chez moi, il me fallait 45 minutes pour arriver sur les routes de la finale de l’Amstel. J’ai plus monté le Cauberg que La Redoute ! Peter Schroen, mon premier entraîneur au Valcapri (NdlR : ancien professionnel néerlandais) , est d’Eijsden où l’on passe plusieurs fois dimanche. Maintenant, il a un magasin à Waremme. À l’époque, déjà, il me parlait toujours de l’Amstel et disait que c’est la première classique que je gagnerais. Il s’est trompé, j’en avais déjà enlevé trois (deux Paris-Tours et la Lombardie et on peut même ajouter deux Nieuwsblad à ce total) quand j’ai gagné pour la première fois."
Vous avez gagné sur trois types d’arrivée différents.
"C’est aussi une fierté car c’était plus facile pour moi de gagner en haut du Cauberg. Si l’arrivée y était restée, j’en aurais gagné plus. C’est un autre challenge car cette fois, ça change encore un peu. Après le Bemelerberg, c’est spécial, on part à gauche pour faire une sorte de z, c’est plus technique."
"Je ne roulerai pas la Flèche"
"Depuis dimanche, j’ai été très sollicité et félicité, dit Philippe Gilbert. Même de gens qui ne sont pas dans le sport. Je n’ai pu répondre à tous. L’impact de cette victoire est comparable à mon succès du Mondial. C’était historique, car je gagne le 4e des 5 monuments et que je l’avais annoncé. Un peu comme Froome avait dit viser les trois grands tours.
Gagner les 5 monuments, c’est mon but, j’y travaille depuis des années. Je dois remercier l’équipe qui m’a fait confiance sur ce challenge." Gilbert est rentré à Monaco cette semaine. Ce n’est pourtant que ce vendredi, qu’il a revu la course de dimanche. "Pas en entier, encore, j’étais occupé à le faire juste avant notre entretien. Je suis à 46 km du vélodrome … (il rit) Je me suis bien entraîné et beaucoup reposé, j’ai bien récupéré, refusant les sollicitations. Je me sens encore frais. J’ai débuté la saison plus tard et de manière plus calme afin d’arriver en forme maintenant. C’était un handicap au Nieuwsblad, car j’avais du retard sur certains, mais progressivement, la courbe s’est inversée. Ce fut un bon choix. Il était calculé. Pour cela aussi, je ne roulerai pas la Flèche wallonne. Je veux m’entraîner, être au calme à la maison. Je veux rouler sur de longs cols, comme j’aime."
Patrick Lefevere: "Jouer le même jeu que sur les autres classiques"
Une semaine après l’émouvant triomphe à Roubaix, Patrick Lefevere est un patron serein. D’autant que Julian Alaphilippe est en très bonne condition, compte tenu de sa vilaine chute survenue au Tour du Pays basque le 11 avril dernier. "Nous étions inquiets car une blessure aux côtes peut être très douloureuse. Mais nous avons bien fait de le faire revenir en Belgique pour qu’il reçoive les soins d’Yvan Vanmol. Il a repris sur la Flèche brabançonne qui est très exigeante mais il était bien malgré quatre jours sans vélo", a détaillé Patrick Lefevere.
Le boss de Deceuninck - Quick-Step compte encore donner la migraine à ses adversaires lors de l’Amstel Gold Race. "Avec Philippe (Gilbert), nous allons disposer de deux cartes. Pour jouer un peu le même jeu que sur les autres classiques. Il pourra partir de loin et Julian pourra attendre le sprint. Et un sprint après 260 kilomètres, ce ne sera pas la même chose qu’après 200 kilomètres (NdlR : comme sur la Flèche brabançonne, où le Français a été devancé par Mathieu Van der Poel)", a expliqué Patrick Lefevere. Après s’être taillé une bonne part du gâteau sur les Flandriennes, la Deceuninck - Quick-Step n’est sans doute pas décidée à partager sur les Ardennaises.