On a reconnu Paris-Roubaix dans la roue de Johan Museeuw: "Les pavés n’ont pas changé par rapport à mon époque"
Comme chaque année, Johan Museeuw a reconnu, au sein d’un petit peloton, les 95 derniers kilomètres de Paris-Roubaix. Course qu’il a remportée à trois reprises: en 1996, 2000 et 2002.
- Publié le 14-04-2019 à 08h29
- Mis à jour le 14-04-2019 à 09h21
Comme chaque année, Johan Museeuw a reconnu, au sein d’un petit peloton, les 95 derniers kilomètres de Paris-Roubaix. Course qu’il a remportée à trois reprises: en 1996, 2000 et 2002. Jeudi 11 avril, 10 h du matin. Sous un franc soleil et une température presque hivernale, Johan Museeuw pose en compagnie d’une trentaine de cyclotouristes devant l’entrée de la mythique Trouée d’Arenberg. Le Lion des Flandres et sa troupe, composée de quelques fidèles et de cyclistes venus d’Angleterre, des États-Unis ou d’Australie, pénètrent ensuite dans la forêt à l’assaut des premiers pavés. Même s’il est vrai qu’en présence de nombreux badauds et des ouvriers chargés de sécuriser le lieu en prévision de la course de dimanche, il n’est pas toujours possible d’emprunter la Drève des Boules d’Hérin sur le haut du pavé. Cette relative frustration est de courte durée puisque trente autres kilomètres de chemins cabossés attendent Johan Museeuw et consorts.
Après quelques tronçons avalés en guise d’échauffement, le groupe respecte un rituel presque immuable : tous derrière et le Lion des Flandres devant. Johan Museeuw imprime, dans les secteurs, un rythme de croisière qui suffit, à chaque fois, à faire exploser la moitié du petit peloton. "J’ai toujours aimé les pavés et je dispose encore d’une musculature taillée pour ce type d’effort. Et puis, j’ai surtout beaucoup d’expérience", confie le triple vainqueur de Paris-Roubaix. Il faut dire qu’avec son maillot rappelant son titre de champion du monde (NdlR : acquis en 1996 à Lugano) et son vélo personnalisé avec un lion rugissant à l’avant du cadre, Johan Museeuw en impose.
Mais en compagnie de quelques amateurs affûtés, l’aura de l’ancien champion belge ne suffit pas. Le Lion des Flandres le sait bien et il est préparé en conséquence afin de pouvoir continuer à donner le change, en dépit de ses 53 ans. "Je m’entraîne beaucoup en Espagne en décembre et en janvier, ce qui fait que j’ai toujours une très bonne condition quand le printemps arrive", avance Johan Museeuw.
Des propos confirmés par l’un de ses fidèles accompagnateurs. "Depuis cinq ans, il roule de nouveau très bien. Il s’entraîne presque tous les jours et pourtant, il n’a vraiment plus à rien à prouver", assure Ronny Demuynck, son ami courtraisien.
Malgré une condition impeccable et une habileté sur les pavés qui n’est plus à démontrer, il n’est pas question pour Johan Museeuw de faire la course.
L’ancien champion prend très à cœur son rôle de capitaine de route et attend le reste de la troupe à la fin de chaque secteur pavé. "Il gère parfaitement le groupe. Et en plus, il prend le temps de faire des photos avec tout le monde", témoigne John Catalano, cycliste originaire de Melbourne. L’ancien champion du monde sur route veille aussi à la sécurité de ses convives, en donnant parfois de la voix, sur un parcours semé d’embûches. "Avec des coureurs qui n’ont pas l’habitude des pavés et qui n’ont parfois jamais roulé en groupe, il y a bien sûr parfois des chutes. Mais, heureusement, c’est extrêmement rare", atteste Johan Museeuw.
Le Lion des Flandres sait aussi être pédagogue avec les novices qu’il emmène dans la traversée de l’Enfer du Nord. "Je donne parfois quelques conseils et livre des anecdotes sur la course", indique le triple vainqueur du Tour des Flandres (NdlR : en 1993, 1995 et 1998).
Un rôle de professeur que Johan Museeuw endosse déjà depuis quelques années auprès de ses amis. "Quand on roule derrière Johan, on comprend déjà beaucoup de choses, rien qu’en le regardant. De toute façon, on apprend toujours en compagnie d’un tel champion, notamment dans le choix du matériel", révèle Ronny Demuynck.
Trois jours avant Paris-Roubaix, rouler sur les pavés de l’Enfer du Nord est également l’occasion pour le cycliste lambda de se mesurer aux professionnels en reconnaissance. Johan Museeuw et ses convives ont ainsi la joie de se faire doubler par les formations Lotto-Soudal, Dimension-Data, Jumbo-Visma, Katusha et Sky.
"Rouler le jeudi avant la course donne l’occasion aux coureurs qu’on emmène de voir la différence de vitesse avec les professionnels en reconnaissance. C’est encore mieux que de participer au Paris-Roubaix Challenge le samedi. Mais, à l’avenir, il va peut-être falloir reporter notre sortie au vendredi car on voit de moins en moins d’équipes le jeudi", détaille Ronny Demuynck.
Durant 95 kilomètres et près de quatre heures de route, Johan Museeuw est comme chez lui sur les terres de ses exploits passés. "Les pavés n’ont pas changé par rapport à l’époque où j’étais professionnel", confesse le Lion des Flandres. Et en observant les nombreux spectateurs, coureurs anonymes ou professionnels saluer le passage du triple vainqueur de Paris-Roubaix, il est difficile d’imaginer que Johan Museeuw a arrêté sa carrière professionnelle il y a près de quinze ans.
La Museeuw Cycling Experience
Le champion du monde 1996 peut servir de guide lors de la découverte de lieux mythiques du cyclisme.
Avec l’aide de quelques amis, le triple vainqueur de Paris-Roubaix organise des séjours pour les passionnés de cyclisme. "Cette année, nous avons déjà effectué quatre stages en Espagne, à Calpe, avant de faire le Tour des Flandres et Paris-Roubaix. Nous attirons toutes les nationalités, mais surtout des anglophones et également des Belges néerlandophones", détaille Johan Museeuw.
Les séjours cyclistes organisés par Johan Museeuw sont avant tout basés sur la convivialité. "C’est un truc de copains, on part ensemble et on arrive ensemble", témoigne Ronny Demuynck, qui participe activement à la Museeuw Cycling Experience.
"Je suis un grand fan de Johan Museeuw et l’organisation est fantastique. J’avais déjà fait un séjour cycliste avec ce groupe l’année dernière à Come pour le Tour de Lombardie et j’avais hâte de revenir", assure l’Australien John Catalano après sa découverte des pavés de Paris-Roubaix par le biais de l’organisation.
Une grande partie de l’année, le Lion des Flandres sert donc de guide à des cyclotouristes en tentant de leur transmettre son savoir et sa passion. Une formule qui commence à porter ses fruits. "Depuis deux ans, cela fonctionne très bien. Et nous espérons encore nous développer", explique Ronny Demuynck.
Sur Paris-Roubaix, le groupe emmené par Johan Museeuw a bénéficié du soutien logistique de la société Bidong. Cette entreprise, également tournée vers le cyclisme, suit les cyclotouristes et gère les ravitaillements et les dépannages. Sans toutefois être en mesure "d’appuyer sur les pédales" à la place des coureurs.
La rencontre de deux légendes
À l’entrée du secteur numéro 7, de Cysoing à Bourghelles, Johan Museeuw s’arrête pour saluer Andrea Tafi. L’occasion pour les deux anciens vainqueurs de Paris-Roubaix de faire des photos et un petit bout de chemin ensemble. Le Toscan, victorieux il y a 20 ans, avait l’intention de reprendre du
service cette année pour l’Enfer du Nord. Un rêve qui n’a, malheureusement pour lui, pas pu se concrétiser, la faute à une fracture de la clavicule survenue au début du printemps.