Oliver Naesen savoure après Milan-Sanremo: "il n'y avait que des champions et moi", Van Avermaet et et Van Aert déçus
Premier podium dans un Monument pour Oliver Naesen, en forme au bon moment.
- Publié le 24-03-2019 à 17h30
- Mis à jour le 25-03-2019 à 12h56
Premier podium dans un Monument pour Oliver Naesen, en forme au bon moment. Oliver Naesen est dans la forme de sa vie. Cela tombe bien, voici qu’arrivent les classiques pavées où il veut s’illustrer après deux campagnes marquées par la malchance.
"Jamais je ne me suis senti aussi fort", confirme le coureur d’Ag2R, deuxième de Milan-Sanremo et sur un premier podium dans un monument. "Cela me rend fier, car cela fait tellement longtemps qu’un Belge n’était passé aussi près. Pour moi, c’est formidable d’être sur ce podium. Je pourrai le raconter à mes petits-enfants quand j’aurai 80 ans…"
Pour le coureur d’Ag2R, ce sont les épreuves à venir qui comptent le plus.
"Cela me rend plus confiant pour les prochaines semaines, mais je suis déjà heureux avec ce que j’ai", dit Naesen, ce qui démontre son (trop ?) bon caractère. "Jusqu’à l’Amstel, je ne ferai pas la fine bouche, je prendrai ce que je peux, des podiums et, je l’espère, une victoire."
À Paris-Nice déjà, le Flandrien a prouvé qu’il était en excellente condition. La Primavera n’a fait qu’apporter une confirmation.
"La course s’est déroulée parfaitement, j’étais toujours au bon endroit, au bon moment. Je pensais que je pouvais obtenir un top 10, mais pas monter sur le podium. J’ai dit plusieurs fois à l’oreillette, à la Cipressa, puis au Poggio, que j’étais bien", raconte-t-il. "Cela montait fort, mais je sentais qu’on ne me lâcherait pas. J’ai tourné au pied du Poggio entre la 10e et la 15e position. Je savais que j’étais en bonne place, avec un coude, je touchais Valverde, de l’autre Sagan… Les Deceuninck ont accéléré et puis Alaphilippe a pris le relais. Tout le monde a serré les dents. Je me suis accroché en priant pour arriver au sommet. Peu avant d’y parvenir, j’ai doublé des super coureurs comme Matthews et Trentin qui cherchaient leur souffle. Je savais qu’il ne devait plus rester grand monde dans ma roue et en haut, j’ai tourné en troisième position. J’ai pensé : ‘Ok Oli, tu es dans le bon.’"
L’ancien champion de Belgique a été surpris de se retrouver en si bonne compagnie.
"Un coup d’œil m’a fait comprendre que j’étais le seul coureur normal dans le groupe", rigole-t-il. "Autour de moi, il n’y avait que des champions, des gars qui avaient gagné des grands tours ou des sprints massifs."
Alaphilippe, Sagan, Valverde, Trentin, Kwiatkowski, Van Aert, Mohoric ou Nibali.
"Dans la descente, cela n’a plus tourné rond, on aurait pu aller plus vite, j’ai commencé à devenir nerveux", avoue Oliver Naesen.
Matthews, Dumoulin, Oss et Clarke sont revenus sur le Corso Cavalotti, à l’entrée de la ville.
"J’ai essayé une fois d’accélérer, on ne sait jamais, on peut vous laisser partir…", raconte-t-il. "Je voulais démarrer à deux kilomètres, mais Valverde m’a repris. Incroyable d’avoir le maillot arc-en-ciel dans ma roue. Après, j’ai choisi de me mettre dans la roue d’Alaphilippe. Il avait l’air tellement bien et venait de gagner un sprint massif à Tirreno."
Au sprint, Oliver Naesen a dû accepter la loi du plus fort.
"Tout le monde était à bloc, j’étais dans la bonne roue et j’avais la place pour passer. Je suis revenu à hauteur de sa roue arrière, mais pas plus. J’étais un cran en dessous. J’ai vu de tout près ce que cela fait de gagner Milan-Sanremo… La deuxième place est souvent frustrante, mais je peux être fier, Alaphilippe était intouchable, il mérite son succès. Il était le plus fort, au Poggio puis au sprint."
Van Aert: "tout près du podium"
L’Anversois a une fois de plus agréablement surpris. Lui est déçu !
Wout Van Aert a poursuivi sa belle série dans les classiques. L’Anversois disputait pour la première fois la Primavera, il s’y est classé 6e. Après sa 3e place aux Strade Bianche, Van Aert a conquis les tifosi et conforté l’idée qu’il est devenu, en un an à peine, un vrai spécialiste des classiques. Pourtant, le Campinois pestait quand il a franchi la ligne sur la Via Roma pour aller ensuite se décrasser sur les rouleaux au pied du bus de son équipe Jumbo-Visma.
"Je suis déçu, parce que je suis passé tout près du podium", disait-il. "Vraiment, je pouvais mieux que cette 6e place. "
Dans la formation néerlandaise, la tactique était simple.
"Il y avait un plan A et un plan B. Dylan Groenewegen pour le sprint, Danny Van Poppel et moi pour les échappés. Je me suis senti bien toute la journée, mais comme tout le monde sans doute. J’ai compris pourquoi on dit que cette course est frustrante. Sur la Cipressa et le Poggio, ça s’est bien passé et j’ai pu suivre l’attaque. J’étais avec les meilleurs. Quand on se retrouve à dix au Poggio, on ne doit plus tergiverser. vous savez alors que vous avez une chance de gagner."
Même s’il ne connaissait pas la finale, reconnue via des vidéos des éditions précédentes et sur Internet, le triple champion du monde de cyclo-cross a pensé à tenter sa chance.
"Je voulais choisir le bon moment pour attaquer, mais Trentin est parti. Je pensais que c’était le bon mouvement, mais c’était trop tôt. J’ai joué et j’ai perdu alors qu’il y avait un petit écart derrière nous. Cette cartouche m’a manqué sur la fin. Normalement, j’ai un meilleur sprint. Je me console avec la confirmation que nous avons bien travaillé pendant le camp d’entraînement en Espagne. Je suis en forme, c’est très intéressant. Cela apporte de la confiance pour les classiques à venir en Belgique. C’est de bon augure pour les classiques flamandes."
Van Avermaet: "mes efforts pour remonter m'ont tué"
Le Flandrien était mal placé au pied du Poggio et il n’a pu revenir devant.
Dès ce mercredi, c’est la série des classiques flandriennes et pavées du printemps qui démarre avec Bruges-La Panne, désormais course WorldTour.
Pour la majorité des coureurs belges, c’est déjà la période la plus importante de la saison. Aussi, les enseignements que les dernières courses nous ont délivrés sont intéressants.
Oliver Naesen, Philippe Gilbert et Wout Van Aert sont dans une excellente condition qui promet énormément. Greg Van Avermaet aurait dû faire partie de ce groupe, mais il a manqué le bon coup samedi.
"J’étais trop loin au pied du Poggio, comme il y a deux ans, l’accélération de Gilbert et Stybar m’a empêché de revenir devant. Mes efforts pour remonter m’ont tué et j’ai raté l’attaque des meilleurs avec qui j’aurais dû être", disait le coureur de CCC dans un communiqué. Van Avermaet pestait tellement qu’il n’a pas voulu, fait rarissime, s’exprimer après la course.
"C’est une énorme déception. J’étais bien, mais pas super, encore que la course, si facile, empêche de dire exactement comment étaient mes jambes."
Comme lui, Yves Lampaert, Tiesj Benoot et Jens Keukeleire sont en forme ainsi que les équipiers Stijn Vandenbergh, Tim Declercq, Iljo Keisse et Stijn Devolder. Enfin, pour diverses raisons, Jasper Stuyven, Sep Vanmarcke, Edward Theuns, Jens De Busschere, Jürgen Roelandts, Jasper Philipsen, Dylan Teuns ou Guillaume Van Keirsbulck sont dans le doute ces derniers jours.