Maxime Monfort: "Une décision prise en homme heureux"
Le Wallon, qui pouvait prolonger sa carrière d’une saison chez Lotto-Soudal, raccrochera son vélo le 6 octobre.
- Publié le 07-09-2019 à 06h50
- Mis à jour le 07-09-2019 à 09h08
Le Wallon, qui pouvait prolonger sa carrière d’une saison chez Lotto-Soudal, raccrochera son vélo le 6 octobre. Tombée sur le fil de ses réseaux sociaux vendredi matin, l’annonce de la retraite sportive de Maxime Monfort en 2020 a surpris tout le monde. À 36 ans, le Nadrinois a décidé de mettre un terme à sa carrière sportive dans un mois après seize saisons dans le peloton pro. La fin d’une bien belle aventure et le fruit d’une longue réflexion pour celui qui pourrait devenir directeur sportif dès l'année prochaine.
Maxime, par quoi a-t-elle été motivée ?
"J’ai dû attendre très longtemps avant de recevoir une proposition de prolongation de contrat d’un an, tombée en fin de semaine dernière. Cette attente m’a poussé à une réflexion assez profonde. Je me suis beaucoup remis en question, j’ai beaucoup réfléchi et discuté avec mes proches. 2019 a été une saison très réussie en tant qu’équipier, avec le Tour en point d’orgue. Si je me projetais sur 2020, il aurait fallu de sacrées circonstances pour que l’année soit aussi belle. Des perspectives d’avenir intéressantes s’offrent également à moi (NdlR : nos sources affirment qu’il pourrait devenir directeur sportif au sein de la formation Lotto-Soudal la saison prochaine) , je ne serai pas au chômage au 1er janvier. Le choix que j’ai posé est donc celui d’un homme heureux (rires) …"
Quel élément a fait pencher la balance du côté de la retraite dans votre réflexion ? Le décès tragique, en course, de votre équipier Bjorg Lambrecht a-t-il, par exemple, joué un rôle dans ce processus ?
"J’ai évidemment été extrêmement touché par l’accident de Bjorg mais je continue de croire que celui-ci relève avant tout d’un désastreux concours de circonstances. Je ne peux pas dire que je suis envahi par un sentiment de danger à chaque mois que je monte sur mon vélo depuis lors. C’est plutôt la globalité de ma réflexion qui m’a poussé à poser mon choix. Je me rends compte que je suis moins performant sur le vélo, ce qui est assez difficile à accepter mentalement. Pour être à mon niveau sur le Tour, j’ai dû puiser profondément dans mes réserves mentales afin de me préparer au mieux, passer par un stage d’altitude, etc. Je n’étais plus convaincu que j’étais capable de reproduire pareil cheminement. Je savais que j’allais galérer en début de saison comme pratiquement chaque année, que j’allais ensuite cogiter quant à ma sélection pour le Tour, passage obligé pour une année réussie… Je voyais donc plus d’inconvénients que d’avantages au fait de poursuivre ma carrière."
Peut-on parler d’une forme d’usure mentale ?
"Le cyclisme est plus qu’un sport, c’est un style de vie qui dicte votre quotidien 24 heures sur 24 et ce 365 jours par an. Et celui-ci était effectivement devenu très lourd. Lorsque j’étais ado, je rêvais de vivre cela, mais trop c’est trop et il était donc temps de tourner la page."
Qui était dans la confidence de votre réflexion avant votre annonce de vendredi matin ?
"Pratiquement personne si ce ne sont les gens vers qui je me suis tourné pour demander conseil. Jeudi soir, j’ai par exemple appelé Philippe Gilbert. Notre discussion était pleine de paradoxes car il a un an de plus que moi (37 ans pour le vainqueur de Paris-Roubaix) et sortait d’une victoire au panache sur la Vuelta après avoir annoncé qu’il prolongeait sa carrière pour les trois prochaines années (rires) … Phil a un mental tellement hors norme qu’il doit lui être difficile de réellement comprendre mon choix, mais il m’a manifesté son soutien dans ma décision en tant qu’ami. Il s’agissait d’une conversation sympa et touchante."
De quoi êtes-vous le plus fier dans votre carrière ?
"Je n’ai jamais appartenu à la caste des gagneurs et suis convaincu que c’est quelque chose d’inné. Je suis, en revanche, très fier d’avoir travaillé durant toute ma carrière à 100 %, en ne laissant rien au hasard et en exploitant tout mon potentiel. Lorsque j’analyse les résultats de mes tests à l’effort, j’ai toujours été dans la moyenne et suis donc content de ce que j’ai pu obtenir avec ces capacités physiques."
Vous donnerez donc vos derniers coups de pédale sur la DH Famenne Ardenne Classic sur vos terres natales. Tout un symbole, non ?
"Oui, totalement; c’est sur ce terrain de jeu que j’ai commencé le vélo. J’ai toujours souhaité que ma carrière ne se termine pas dans l’anonymat d’une course internationale, en reprenant l’avion au soir du Tour de Lombardie par exemple. En pendant le vélo au clou sur cette épreuve, je pourrai partager ce moment avec mes proches et mes supporters. Mais je disputerai avant cela les deux CP canadiens la semaine prochaine."