Maxime Monfort prend sa retraite à la DH Famenne Ardenne Classic: "J’ai envie que cette journée soit une belle fête"
Maxime Monfort mettra un terme à sa carrière pro dimanche à l’occasion de la DH Famenne Ardenne Classic.
- Publié le 05-10-2019 à 12h07
Maxime Monfort mettra un terme à sa carrière pro dimanche à l’occasion de la DH Famenne Ardenne Classic. Mercredi dernier, lorsqu’il a accepté de reconnaître en notre compagnie le nouveau circuit local de la DH Famenne Ardenne Classic (lire pages 4 et 5), Maxime Monfort ne put réprimer un petit sourire au moment de quitter Marche-en-Famenne pour mettre le cap sur Aywaille, où il réside. "Le dernier entraînement de cinq heures de ma carrière", lâcha le Nadrinois au moment de nous fixer rendez-vous à ce dimanche pour ses ultimes coups de pédale en compétition.
Comme si le ciel fut soudainement envahi d’une émotion incontrôlable, des trombes d’eau s’abattirent alors sur la cité du Grand Georges. Entre le départ du WEX (à 12 h 10) et l’arrivée sur l’avenue de la Toison d’or (vers 16 h 30), des larmes risquent également de mouiller quelques joues ce week-end.
"L’enjeu sportif de cette troisième édition de la DH Famenne Ardenne Classic ne me stresse pas particulièrement, mais j’avoue que j’appréhende quelque peu cette échéance, confie le coureur de chez Lotto-Soudal. Bien plus sur le plan émotionnel que physique. Ce sentiment m’apparaissait, dans un premier temps, quelque peu étrange car je suis certain du choix que j’ai posé en décidant de mettre un terme à ma carrière au bout de cette seizième saison dans le peloton pro mais, à l’analyse, je le pense finalement assez logique. Je m’apprête à refermer un chapitre de vingt ans de vie et il est plutôt naturel que cela suscite une certaine émotion… (rires)"
Habitué ces dernières années du Tour de Lombardie, Maxime Monfort a choisi de boucler la boucle sur la plus récente des épreuves pros en Wallonie plutôt que lors du cinquième et dernier monument de la saison.
"Je ne souhaitais pas refermer ma carrière dans l’anonymat d’une épreuve internationale en devant me hâter dès la ligne d’arrivée franchie pour sauter dans l’avion du retour, poursuit Max. Cette DH Famenne Ardenne Classic m’offre une merveilleuse opportunité de conclure ma carrière sur un symbole, en évoluant sur les routes où j’ai découvert le cyclisme, près de mon village natal de Nadrin. Je pourrai également partager ces instants avec mes proches et mes sympathisants. 250 à 300 des membres qui auront fait vivre mon club de supporters tout au long de ces années seront ainsi présents à Marche. J’ai vraiment envie que cette journée soit une belle fête…"
Quand donnerez-vous vos premiers coups de pédale de retraité ?
“Je termine ma carrière sportive sans aucunement être dégoûté de la pratique du vélo. J’adore même toujours autant cela ! Lundi, cela risque d’être un peu compliqué au regard de la fête que j’ai envie de pleinement savourer ce week-end… (rires) Mais s’il fait beau mardi matin, il y a de fortes chances que j’enfourche ma machine. Je vais vivre une de mes premières trêves hivernales sans réelle coupure finalement… (rires)”
Un modèle vous a-t-il inspiré tout au long de votre carrière ?
“Je ne saurais pas citer un nom de coureur en particulier, mais j’ai en revanche toujours été admiratif de ceux que j’appelle les champions. Je classe par exemple Philippe Gilbert ou Tim Wellens dans cette caste. Ce sont des gars à part qui, en plus d’un potentiel physique hors norme, possèdent également un caractère très spécifique. Ils ont une approche et une vision de la vie et de leur sport assez particulière et inspirante. Je ne possède pas ce type de tempérament naturellement, cette culture de la gagne, mais j’ai essayé de prendre ces champions pour exemple.”
Le maillot que vous avez conservé et dont vous ne nous séparerez jamais ?
“J’ai pris soin de garder un maillot de chacune de mes seize saisons dans le peloton pro, le plus souvent une tenue que j’ai portée lors d’un grand tour, avec les dossards encore épinglés. Je les ai même encadrés et j’y tiens. Il n’y en a pas un auquel je suis plus attaché qu’un autre, mais je trouve que l’équipement Léopard de 2011 était sans doute le plus réussi esthétiquement. Ce maillot avec les dossards d’un Tour de France sur lequel les deux frères Schleck, qui étaient nos leaders cette année-là, sont montés sur le podium est tout de même un peu plus particulier.”
Le jour où le public vous a donné la chair de poule?
"Quand vous jouez la gagne à l’avant de la course à titre personnel ou collectif et que vous sentez les spectateurs vous porter, cela procure un sentiment incroyable. C’est grisant ! Si je dois impérativement choisir un moment en particulier, je songe d’abord au prologue du Tour de France à Liège en 2012. Il y avait un monde de dingue tout au long des six kilomètres du tracé. Cette ferveur se mêlait à la particularité de cette Grande Boucle qui me permettait de prendre le départ de la plus grande course du monde à quelques kilomètres à peine de mon domicile.”
Le plus bel endroit que vous a fait découvrir le vélo?
“Il y en a tellement… Le premier endroit qui m’a marqué, c’est le bord de mer en venant d’Antibes vers Nice avec les montagnes en arrière-plan que j’ai découvert lors de la Course au Soleil en 2006. Ces paysages sont tout simplement extraordinaires. J’étais tellement tombé sous le charme que je me suis ensuite installé durant plusieurs années dans la région, à Cagnes-sur-Mer. La magie du vélo, c’est aussi de découvrir des endroits à couper le souffle. En course, ce n’est pas toujours simple de se détacher de l’effort et de la concentration que celle-ci exige, mais avec les années j’ai appris à prendre un peu de recul pour savourer ces instants et goûter davantage à la culture des différents pays dans lesquels j’évoluais.”
Que ne regretterez-vous aucunement de votre vie de coureur ?
“Le degré d’exigence de ce métier au quotidien sur le plan de la diététique ou du sommeil par exemple. Ou bien encore le fait de devoir s’entraîner lorsqu’on se sent fatigué ou qu’il tombe des cordes dehors par moins de dix degrés… Je constate qu’il y a bien plus de choses qui ne me manqueront aucunement que d’éléments que je crains de potentiellement regretter. C’est sans doute la preuve que le choix que j’ai posé est le bon (rires)…”
Qu’est-ce qui vous manquera le plus dans votre vie de coureur ?
“Sans doute la condition physique sur laquelle je peux m’appuyer actuellement. Je ne cache pas que le fait de perdre mon niveau de forme m’effraie quelque peu. En tant qu’athlète pro, on est capable de faire des choses qui sortent de l’ordinaire et je m’interroge sur la manière dont je vais réagir lorsque je constaterai que cela ne me sera plus possible. Je vais continuer à faire du sport régulièrement, que ce soit du vélo, de la course à pied, du ski ou encore du tennis mais dans une perspective exclusivement de loisir.”
Quel est le trophée qui trône sur votre cheminée ?
“Je n’ai pas gagné beaucoup durant ma carrière (NdlR : cinq victoires pros) et ne croule donc pas sous les coupes et distinctions (rires)… Je n’ai par ailleurs jamais conservé mes trophées, préférant les offrir. Certains sont ainsi chez mes parents, d’autres chez mes beaux-parents et une dernière partie chez mes grands-parents.”
Quel rituel vous a accompagné tout au long de votre carrière ?
“J’ai pris soin de ne jamais m’enfermer dans une quelconque forme de superstition. J’ai toujours pensé que le destin n’était pas lié à ce genre de choses et que cela pouvait aider de penser de la sorte sans quoi on peut rapidement se compliquer la vie pour des petites broutilles… (rires)”
Quel a été, durant toutes ces années, le confident de votre carrière sportive ?
“J’ai la chance de compter quelques très bons amis, qui ne sont pas dans le milieu du cyclisme, vers qui j’ai toujours pu me tourner au moment de demander un conseil. Il s’agit de copains que j’avais, pour la plupart, avant de commencer le vélo et qui m’apprécient non pas pour mon statut de coureur pro mais pour la personne que je suis à leurs yeux. C’est très important pour moi. Je les ai sollicités pour plusieurs grandes décisions comme celle de mettre un terme à ma carrière sportive. Le recul dont ils disposent sur un environnement dans lequel je suis totalement immergé depuis plus de vingt ans a toujours été rafraîchissant et important.”