Mais que font tous les cyclo-crossmans en Espagne ?
En plein milieu de la saison hivernale, tous les meilleurs spécialistes vont rater les quatre prochains cross pour s'entraîner
- Publié le 28-11-2018 à 18h19
- Mis à jour le 28-11-2018 à 18h28
La saison de cyclo-cross, qui a débuté il y a deux mois, bat désormais son plein. Pourtant, depuis ce lundi, tous les ténors de la discipline (par exemple sept des huit p^remiers du cyclo-cross de Coxyde) sont partis en Espagne où certains vont même rester près de trois semaines, manquant ainsi deux week-ends complets et au moins quatre épreuves. Ainsi, les cinq premiers coureurs du classement mondial UCI, Mathieu Van der Poel, Wout Van Aert, Toon Aerts, mais aussi Michael Vanthourenhout et Laurens Sweeck, ne seront pas ce samedi à Hasselt, ni le lendemain à Mol. Ils bouderont la semaine suivante l'épreuve de Saint-Nicolas et même, le dimanche 9 décembre, un des grands classiques de la saison hivernale, le cyclo-cross d'Overijse.
La raison de ces absences, ce sont les stages d'entraînement que les principaux cyclo-crossmans vont donc effectuer ces prochains jours, les uns à Majorque, les autres à Calpe ou à Beniccasim.
Des stages en plein milieu de la saison ? Voilà qui pourrait avoir de quoi surprendre.
Pourtant, comme pour la route, il est de plus en plus loin le temps où les coureurs disputaient tous les cyclo-cross du début à la fin de la saison.
Finalement, le moment est bien choisi puisque aucun des quatre prochains cross n'entrent en ligne de compte pour un des trois challenges, la Coupe du Monde, le Superprestige ou le Trophée AP Assurances.
Les raisons de cette coupure sont aussi différentes selon les coureurs.
Une préparation pour... la route
Pour les deux ténors de la spécialité, il s'agit bien sûr de préparer au mieux la seconde partie de la saison mais aussi le début de celle… sur route.
Pour la deuxième année de suite, Wout Van Aert visera en effet au printemps prochain la campagne des classiques flandriennes et sa réussite a donné des idées à Mathieu Van der Poel.
"Je vais surtout passer pas mal de temps sur le vélo", dit ainsi le Campinois dans la chronique qu'il tient auprès de Wielerflits. "De longs entraînements de cinq, six heures sur la route, mais aussi des sessions plus spécifiques où je pourrai travailler l'explosivité en bosse et l'intensité pour le cyclo-cross."
Car Van Aert, régulièrement dominé jusqu'ici (il n'a gagné qu'une fois et s'est classé dix fois deuxième) joue gros dans les deux prochains mois.
"Comme l'an passé, il ne me reste que la période de fin d'année et les championnats pour que ma saison soit une réussite", reconnaît le coureur de Cibel-Cebon. "Or, je sors souvent plus fort d'un stage."
Mathieu van der Poel, qui a toujours préféré, lui, la compétition aux stages, a également compris qu'il devait souscrire à de longues sorties et sacrifier quelques succès qui lui tendent les bras.
"J'ai besoin de ces entraînements de fond", disait le Néerlandais après son succès à Coxyde. " Pendant la saison, quand les cross s'enchaînent, c'est difficile de le faire."
Ainsi, les prochains week-ends, pendant que certains de leurs collègues seront aux prises dans la boue, le vent et la pluie pour tenter de profiter de leur absence, Van Aert et Van der Poel effectueront sans doute une long et intensif entraînement… au soleil, en tout cas dans des conditions climatiques plus clémentes qu'en Belgique.
"C'est dans ce stage qu'on jette les bases de la saison sur route, pour la préparation au Mondial de Bogense (NdlR : début février), je ferai un travail plus spécifique après le championnat de Belgique", dit Van Aert, auquel cela avait particulièrement réussi la saison dernière. "En plus, en Espagne, on peut rouler en montagne, ce qui permet une intensité supérieure que sur le plat."
En recherche de son second souffle
Mais puisque van der Poel et Van Aert ont besoin d'une pause très active, ne serait-il pas plus indiqué pour les autres de profiter de leur absence ?
Car leurs principaux rivaux vont également mettre à profit les deux semaines à venir pour parfaire leur condition, mais aussi (et surtout) pour reprendre des forces.
“Les premiers jours de mon stage à Majorque seront surtout mis à profit pour récupérer de la fraîcheur physique et mentale", admet Toon Aerts. "Je suis en tête de deux classements (NdlR : Coupe du Monde et Trophée AP) et cela coûte pas mal d'énergie. J'ai besoin de me ressourcer puis de reprendre les entraînements avant la suite de la saison."
Comme le coureur de Telenet-Fidea, le constat est le même pour les autre coureurs, Michael Vanthourenhout, Laurens Sweeck, Lars Van der Haar, Daan Soete ou Gianni Vermeersch par exemple. Tous avouent avoir besoin de souffler après un début de saison mené tambour battant dans le sillage de Mathieu Van der Poel.
En l'absence des précités, Vanthourenhout aurait été un des grands favoris des épreuves à venir. Le vice-champion du monde flandrien est en grande forme. En novembre, le coureur de Marlux-Bingoal s'est classé 2e à trois reprises, et encore 4e, 5e et 8e, mais son entraîneur et son équipe préfèrent le voir lever le pied pour mieux affronter la deuxième partie de la saison hivernale.
Quand les chats ne sont pas là...
Sans doute parce qu'ils sont plus âgés et ne rêvent plus trop à progresser, Corné Van Kessel, Tom Meeusen ou David Van der Poel n'iront pas en stage, eux. Avec ceux qui feront des allers-retours depuis l'Espagne, comme Kevin Pauwels, ils seront les têtes d'affiches des deux prochaines semaines.
“Il faut profiter de ce que pas mal de gars sont en stage", avoue Corné van Kessel. L'an passé, dans les mêmes conditions, le vétéran Néerlandais avait gagné à Hasselt et fini 2e le lendemain. " Il faut prendre tout ce qu'on peut prendre..."