Les victoires d'étape n'intéressent plus les ténors
Ce dimanche, sur la Vuelta, on a eu une nouvelle confirmation d'une tendance entrevue sur le Tour ces dernières années.
- Publié le 02-09-2018 à 18h21
- Mis à jour le 03-09-2018 à 12h53
Ce dimanche, sur la Vuelta, on a eu une nouvelle confirmation d'une tendance entrevue sur le Tour ces dernières années.
Benjamin King a remporté la neuvième étape du Tour d'Espagne, sa deuxième sur cette Vuelta. Son solo de 20 kilomètres et sa résistance à Mollema dans la Covatilla, l'ultime ascension, ne doivent rien à personne. Mais il pourra tout de même remercier une Movistar très indulgente...
Groupama FDJ avait pris soin de contrôler l'échappée matinale de onze coureurs une grande partie de la journée. Mais alors que l'essentiel était acquis, à savoir la sauvegarde du maillot rouge vis à vis des baroudeurs du jour, l'équipe française s'est logiquement effacée à 60 kilomètres du but pour inviter les favoris à faire rouler leurs propres équipiers. La Movistar, qui n'a pas caché ses ambitions depuis le grand départ à Malaga, est alors venue se poster en tête du peloton. Timidement.
En laissant l'écart grimper de 6'30" à 9'30" en moins de dix kilomètres, les équipiers de Quintana et Valverde ont offert aux échappés le luxe de se battre pour la victoire d'étape. Les hommes d'Eusebio Unzué finissaient par se mettre au travail pour réduire progressivement l'écart (alors que laisser pisser le mouton un peu plus longtemps aurait forcé les équipiers de Rudy Molard à reprendre du service), mais c'était trop tard. Cinquante kilomètres plus loin, sur la ligne d'arrivée, on voyait Nairo Quintana terminer l'étape en 5e position, derrière King, Mollema, Teuns (trois échappés) et dans la roue de Miguel Angel Lopez, qui n'était pas plus fort que lui. Le retard sur le vainqueur du jour ? 2'40".
Quintana aurait donc pu remporter l'étape si son équipe n'avait pas laissé le peloton s'endormir pendant dix kilomètres, une heure et demi plus tôt. Mais à l'instar de ce que la Sky a instauré sur le Tour ces dernières années, seule la victoire finale semble compter aux yeux des ténors de cette Vuelta. A La Rosière cette année, ce n'est qu'à 800 mètres de la ligne d'arrivée que Geraint Thomas a produit l'effort nécessaire pour aller dépasser Mikel Nieve, dernier survivant de l'échappée matinale. Sur la Grande Boucle 2017, la Sky avait été très généreuse avec Roglic du côté de Serre Chevalier, qui avait conservé une minute d'avance sur les favoris à l'arrivée. Ou encore avec Barguil, vainqueur pour 20 petites secondes à l'Izoard, le lendemain.
Certes, le passage à huit coureurs (au lieu de neuf) par équipe sur les Grands Tours doit pousser les directeurs sportifs à économiser leurs troupes. Et à faire des cadeaux un jour pour trouver des alliés de circonstances le lendemain ?