Les plaisirs solitaires de Thomas De Gendt
Vainqueur samedi à Saint-Étienne, le coureur de chez Soudal-Lotto a conclu en solo une fantastique échappée de 200 kilomètres. Un authentique numéro athlétique salué par l ’ensemble du peloton qui condense tout ce qui fait la singularité de ce champion hors norme.
- Publié le 15-07-2019 à 08h00
- Mis à jour le 15-07-2019 à 10h06
Vainqueur samedi à Saint-Étienne, le coureur de chez Soudal-Lotto a conclu en solo une fantastique échappée de 200 kilomètres. Un authentique numéro athlétique salué par l ’ensemble du peloton qui condense tout ce qui fait la singularité de ce champion hors norme.
Entraînement: des séances spéciales échappée
Roi de l’échappée et des raids au long court, Thomas De Gendt a remporté l’ensemble de ses quinze succès chez les pros au bout d’une échappée et a conclu celles-ci à dix reprises en solitaire. Pour sélectionner ses compagnons de fuite, le coureur de chez Soudal-Lotto a une technique bien à lui. “En général, je soutiens un effort maximal pendant quatre à cinq minutes, idéalement sur un faux plat montant ou dans une bosse. Je n’ai pas besoin de jeter un œil à mon capteur de puissance, mais je sais que je suis le plus souvent à environ 400-450 watts (les spécialistes apprécieront !). Ceux qui parviennent à m’accompagner sont alors nécessairement des hommes forts.”
Une capacité à soutenir un effort très intense que le citoyen de Semmerzake travaille spécifiquement à l’entraînement. “Oui, je réalise des séances axées sur ce thème. J’habite dans les Ardennes flamandes où le relief ne manque et je connais plusieurs endroits propices à simuler ce type d’attaques. Je vis à une quinzaine de kilomètres d’Audenarde et des monts les plus célèbres du Tour des Flandres mais j’évite aussi souvent que possible les pavés à l’entraînement. Je n’aime vraiment pas ça…”
Positionnement: il déteste frotter
Dans un trait un rien grossi, certains suiveurs aiment avancer que pour trouver Thomas De Gendt, il suffit de jeter un œil soit sur les coureurs composant l’échappée, soit sur les dernières places du peloton. C’est que le coureur de chez Soudal-Lotto déteste frotter au milieu de la meute. “J’assume cela, sans aucun problème, sourit-t-il. Compte tenu de mon profil et de mon terrain d’expression, je n’ai que très rarement besoin de jouer des coudes. À l’avant de la course, les choses sont toujours plus simples et on minimise les risques de chute. C’est que je déteste tomber (rires)… Comme je ne me mêle jamais à la préparation des sprints ou aux grandes batailles de placement, je manque aussi logiquement d’expérience dans ce contexte. Si je tentais de m’immiscer dans le train d’un sprinter après la flamme rouge, c’est peut être bien moi qui enverrais alors tout le monde au tapis (rires)…”
Un sens de l'attaque inné: 600 kilomètres d’échappée en une semaine pour sa première saison pro
Thomas De Gendt a toujours possédé un sens inné de l’offensive. Lors de sa première saison dans le peloton professionnel, en 2009, il avait ainsi cumulé près de 600 kilomètres en échappée lors du Tour de Grande-Bretagne, une course par étapes d’une semaine. “Je n’ai, en fait, jamais changé ma manière de courir, sourit le coureur de Semmerzake. Déjà, chez les débutants, j’évoluais de la sorte et allais chercher mes victoires de cette manière. Lorsque Lotto-Soudal m’a approché fin 2014 dans l’optique de me recruter pour la saison suivante, je leur ai fait savoir que je souhaitais pouvoir redevenir le coureur que j’étais en 2012… Je sais que le cyclisme n’est pas toujours dirigé par cette seule règle, mais j’aime quand c’est le plus fort qui s’impose à la fin. Même si ce n’est pas moi (rires)…”
Il répète ses gammes à Calpe
Depuis plusieurs années maintenant, Thomas De Gendt a acquis une maison à Calpe, une ville du sud de l’Espagne très prisée du peloton durant la période hivernale pour les traditionnels stages de préparation. Le coureur de chez Soudal-Lotto y retrouve un relief qui lui permet de répéter ses gammes. “Les ascensions sont, le plus souvent, longues de vingt à trente minutes et je peux les enchaîner presque à volonté sur des sorties pouvant aller jusqu’à six heures”, confiait De Gendt après son succès à l’ombre du stade Geoffroy-Guichard. “Cela correspond parfaitement aux parcours que j’affectionne. L’étape de ce samedi vers Saint-Étienne m’a d’ailleurs fait penser, par son profil, aux sorties que j’effectue à l’entraînement sur la Costa Blanca.”
Vacances: il remonte d’Italie à vélo… après la saison
L’une des plus belles illustrations de la vision que Thomas De Gendt a du cyclisme tient sans doute dans la façon plutôt originale dont il a occupé sa première semaine de vacances après la saison 2018. Au lendemain du Tour de Lombardie, il est en effet remonté de Côme à Semmerzake… à vélo, en compagnie de son équipier et ami Tim Wellens. Une aventure menée sous le nom #Thefinalbreakaway (traduisez l’échappée finale) qui a vu les coureurs de chez Soudal-Lotto avaler un peu plus de 1 000 kilomètres en six jours et traverser six pays sur des vélos de gravel de près de vingt kilos. Cette année, Wellens et De Gendt remettront le couvert en octobre en Espagne sur des chemins non asphaltés. Une perpétuelle quête de liberté.