Les débuts de Remco en Belgique : "Imaginez, s’il fait un résultat…"
La première course belge de Remco Evenepoel chez les pros a attiré l’attention.
- Publié le 21-03-2019 à 06h53
- Mis à jour le 21-03-2019 à 14h06
La première course belge de Remco Evenepoel chez les pros a attiré l’attention. À l’approche du car de la formation Deceuninck-Quick Step, sur la place de Deinze, il ne fallait pas être un grand spécialiste pour comprendre que quelque chose se tramait. Journalistes comme supporters guettaient l’arrivée d’un jeune homme de 19 ans, pendant que les autres équipes disposaient de beaucoup plus d’air autour de leurs bases.
"Nous avons enregistré trois fois plus de demandes d’accréditation que les années précédentes", nous soufflait-on dans la salle de presse. Il faut dire que,en plus de l’attraction Evenepoel, Mathieu Van der Poel a attiré quelques journalistes néerlandais.
C’est finalement une bonne heure avant le départ que le jeune coureur est sorti du car de son équipe. L’effet de foule qu’a engendré cette apparition n’est pas encore comparable aux sorties publiques des rock stars, mais il dépasse déjà largement la moyenne pour un coureur cycliste professionnel.
Pas de quoi inquiéter le principal intéressé, qui répondait à la plupart des sollicitations avec son sourire habituel, sous l’œil protecteur de Stéphanie Clerckx, l’attachée de presse de Deceuninck-Quick Step. "Si je suis stressé ? Pas du tout, mais je vous accorde qu’il y a une sorte de pression… positive. Je suis content de faire mes premiers pas en Belgique, mais mon seul but aujourd’hui, ce sera de m’amuser."
Ni la foule ni les nombreux micros tendus devant lui n’ont suscité la moindre surprise. "Il ne vous ment pas quand il dit qu’il est détendu, nous assurait Oumaima, sa petite amie depuis un an et demi. Pour ma part, je ne suis pas encore tout à fait habituée à cet engouement, mais ce n’est que du positif, les gens l’apprécient et veulent le voir. Vous savez, pour stresser Remco, il en faut beaucoup. Je suis consciente que cet engouement et son rythme de vie ne vont plus diminuer, mais ça ne me dérange pas, cela fait partie de la vie de coureur professionnel."
Patrick Evenepoel , le papa, avait pour sa part prévu de travailler le matin avant de se rendre à Nokere pour les boucles finales. "Finalement, je n’ai pas pu m’empêcher de venir dès le départ. Il est bien encadré et protégé par l’équipe, mais quelque part je suis content que les gens apprennent à connaître le vrai Remco, souriant et sympathique, car certains ont pu dresser de lui un mauvais portrait ces derniers mois." Chez les juniors, certaines critiques flirtaient avec de la jalousie mal placée. "J’ai aujourd’hui prouvé que je savais rouler en peloton, j’en avais un peu marre d’entendre le contraire", clarifiait d’ailleurs le coureur presque une heure après l’arrivée.
Après l’effort… l’escorte et le réconfort
Avant cela, il avait dû être escorté par un policier pour s’extraire de la foule située derrière la ligne et rejoindre le car de son équipe en toute sécurité.
"J’ai travaillé avec Iljo Keisse pour placer Sénéchal et Hodeg dans de bonnes dispositions , analysait Evenepoel. Mon attaque à 25 kilomètres du but ? On ne peut pas toujours prévoir ce qu’on va faire en course… J’ai vu que le peloton ralentissait un peu et j’y suis allé. Au final, elle ne servait pas à grand-chose, cette attaque", souriait-il.
Patrick Lefevere gardait lui aussi le sourire malgré cette première "défaite" dans une course d’un jour en 2019 : "J’ai surtout remarqué qu’il y avait du monde dans sa roue et que ça ne collaborait pas. Mais bon, vous étiez cent journalistes à le vouloir ce matin à l’interview, cela a peut-être suscité des jalousies", rigolait-il, avant de noter que sa jeune pépite avait "beaucoup fait l’accordéon au sein du peloton durant la journée. Mais frotter et se positionner fait partie de l’apprentissage. Le premier bon test pour lui, ce sera au Tour de Romandie (du 30 avril au 5 mai, NdlR) , où il y aura deux contre-la-montre". De son côté, le principal intéressé se fixe un autre objectif après la Romandie : le championnat de Belgique contre-la-montre.
Mais avant cela, il y aura une autre course belge à son programme, dès ce vendredi, avec la Bredene Koksijde Classic. "J’ai déjà hâte d’y être" précisait le 57e de cette Nokere Koerse avant de filer signer quelques autographes. Patrick, lui, espère presque que son fils y restera dans les profondeurs du classement : "Imaginez s’il fait un résultat, l’engouement sera encore plus fort à l’avenir."
"Un engouement plus fort que pour Boonen"
Sans surprise, Remco Evenepoel était le coureur le plus encouragé sur le bord des routes. Ses supporters, affublés de la casquette et du pull "REV 1703", comme les initiales du coureur et le code postal de Schepdael, étaient facilement repérables.
Ils étaient notamment une quinzaine, en provenance de Grammont : "Au départ, on supportait Laurens De Plus… jusqu’à ce qu’il parte dans une équipe étrangère. Et puis, les parents de Remco sont venus au café qui nous sert de base, à Grammont. On a eu l’idée de leur demander si on pouvait lancer un fan-club pour leur fils et ils étaient d’accord. C’est un peu dommage que cette première course en Belgique se fasse en semaine. Pour le championnat de Belgique, on remplira facilement un car", promettait déjà Jan Janssens.
Actuellement , on dénombre quatre fan-clubs de Remco Evenepoel : Liège, Hainaut, Schepdael et donc Grammont. "Ils ont voulu en créer un à Anvers, mais Quick Step leur a fait comprendre que quatre, c’était déjà beaucoup. Actuellement, on compte presque 200 membres dont 80 rien qu’à Grammont. Certains viennent même du nord de la France", explique Frederik Penne, ancien coureur professionnel reconverti en fan de la première heure.
"Qui sait, peut-être qu’on est parti pour le suivre pendant quinze ans. S’il peut gagner le Tour de France, un jour ? Difficile à dire, mais la tête et les jambes sont là, en tout cas. C’est quelqu’un de très simple et abordable. Il l’aurait probablement été moins s’il était resté footballeur", rigolait un autre Grammontois.
"En attendant, c’est normal que Quick Step essaye de le protéger. Tout cet engouement est encore plus démesuré que celui qu’a connu Boonen à l’époque", concluait la joyeuse bande, avant d’aller donner de la voix dans le Nokereberg…