Les débuts de la saison sur route: vers un grand cru 2019 ?
La saison à venir pourrait marquer l’histoire du cyclisme.
- Publié le 11-01-2019 à 08h21
- Mis à jour le 11-01-2019 à 14h08
La saison à venir pourrait marquer l’histoire du cyclisme.
Impossible de prédire l’avenir. Pourtant, certains événements, qui ont de réelles chances de se produire, donneraient à 2019 une saveur unique.
Froome dans le club des 5
Sauf accident ou brusque déclin, le Britannique sera l’un des grands favoris de la prochaine Grande Boucle. D’autant que, contrairement à 2018, Chris Froome a décidé cette année de se consacrer "à 100 % au Tour de France". Avec une équipe Sky qui n’a, pour l’instant, rien perdu de sa superbe, Froomey peut légitimement espérer rejoindre Jacques Anquetil, Eddy Merckx, Bernard Hinault et Miguel Indurain au panthéon des quintuples vainqueurs du Tour de France. S’il y parvient, 2019 deviendrait alors aussi mythique que les années 1964, 1974, 1985 et 1995.
Valverde rejoint Merckx
Malgré un relatif échec sur les classiques ardennaises, l’année 2018 n’a pas marqué le début du déclin d’Alejandro Valverde. En remportant pour la première fois les championnats du monde le 30 septembre dernier, le Murcian a prouvé qu’il était, à bientôt 39 ans, toujours aussi redoutable. En cas de cinquième succès sur Liège-Bastogne-Liège, le coureur Movistar rejoindrait Eddy Merckx, recordman de victoires dans l’épreuve depuis 1975. Le 28 avril, Alejandro Valverde pourrait d’ailleurs faire d’une pierre deux coups en devenant le premier coureur vêtu du maillot arc-en-ciel à remporter la Doyenne depuis Moreno Argentin en 1987.
Sagan puissance 4
Sur un parcours bien plus dans ses cordes que celui d’Innsbruck, Peter Sagan sera, sauf accident, l’un des grands favoris des prochains championnats du monde. En cas de succès dans le Yorkshire, le Slovaque dépasserait Alfredo Binda, Rik Van Steenbergen, Eddy Merckx et Oscar Freire avec qui il partage le record de victoires sur les mondiaux. Tout sauf impossible pour ce diable de Sagan, dont la probable présence à Liège-Bastogne-Liège devrait être l’un des faits marquants de 2019.
Strive for Five pour Gilbert
Déjà vainqueur du Tour des Flandres, de Liège-Bastogne-Liège et du Tour de Lombardie, Philippe Gilbert rêve de compléter son grand chelem sur les monuments en remportant Milan-Sanremo et Paris-Roubaix. Le coureur Deceuninck - Quick-Step "sait que cela va se révéler compliqué" de remporter, la même année, les deux courses qui manquent le plus à son exceptionnel palmarès. Mais en remportant l’une des deux, Philippe Gilbert réaliserait déjà un exploit en devenant le premier coureur à remporter quatre monuments différents depuis Sean Kelly en 1986. Dans un autre registre, le Remoucastrien peut égaler, en 2019, le record de cinq victoires sur l’Amstel Gold Race détenu par Jan Raas depuis 1982.
Peu de changements importants
Les équipes sont restées pratiquement les mêmes que l’an dernier avec peu de transferts ronflants.
En 2019, les forces en présence resteront sensiblement les mêmes que l’an passé. Les 18 formations du WorldTour sont presque aussi identiques qu’il y a un an. Seule la BMC a implosé pour laisser place à CCC, première équipe polonaise du haut niveau.
Si la structure qui possédait la licence est celle de l’ancienne formation américaine, seuls une dizaine de ses coureurs, à commencer par Greg Van Avermaet, sont restés fidèles au manager Jim Ochowicz. Les autres, comme Rohan Dennis (chez Bahrain), Richie Porte (Trek), Dylan Teuns (Bahrain), Jempi Drucker (Bora), Damiano Caruso (Bahrain), Stefan Küng (Groupama) ou Tejay Van Garderen (Education First) ont changé d’écurie.
Ce sont leurs départs qui ont surtout alimenté le marché des transferts avec ceux du Danois Michael Valgren, seul coureur du top 20 mondial à changer d’air en passant d’Astana à Dimension Data. Les autres transferts ronflants ont concerné Niki Terpstra (de Quick-Step chez Direct Energie), les frères Izaguirre (chez Astana en provenance de Bahrain), Maximilian Schachmann (de Quick-Step à Bora), Ivan Sosa (d’Androni à Sky) ou les sprinters Caleb Ewan (de Mitchelton chez Lotto-Soudal) qui a remplacé André Greipel (parti chez Arkéa-Samcis) ou Fernando Gaviria (qui quitte Quick-Step pour UAE).
Outre Dylan Teuns, plusieurs Belges de renom ont également changé de maillot, comme Wout Van Aert (qui ira chez Jumbo-Visma), Jan Bakelants (d’Ag2R à Sunweb), Jürgen Roelandts (BMC à Movistar), Jasper Philipsen (d’Hagens Berman Axeon à UAE), Edward Theuns (de Sunweb à Trek), Laurens De Plus (de Quick-Step chez Jumbo), Baptiste Planckaert (de Katusha à Wallonie-Bruxelles), Loic Vliegen (de BMC à Wanty), Guillaume Van Keirsbulck (de BMC vers CCC), Serge Pauwels (de Dimension Data à CCC) ou Jürgen Debusschere (de Lotto-Soudal à Katusha).
Des jeunes aux dents longues
Les coureurs nés après 1992 vont tenter de bouleverser l’ordre établi.
S’il existe un domaine dans lequel les jeunes ont pris le pouvoir en 2018, c’est bien le sprint. Parmi les dix sprinters qui ont le plus gagné l’année dernière, seul Andre Greipel avait plus de 30 ans. Et comme un retour au premier plan de Mark Cavendish et Marcel Kittel semble très hypothétique, il n’y a pas de raison pour que l’émergence de Fernando Gaviria, Dylan Groenewegen, Pascal Ackermann, Fabio Jakobsen et Alvaro Hodeg ne se confirme pas.
Sur les courses par étapes, la mainmise des trentenaires pourrait être remise en cause par des jeunes ambitieux. Simon Yates, seul vainqueur de grand Tour en 2018 qui avait moins de trente ans, tentera d’enrichir son palmarès au même titre qu’Egan Bernal, qu’Enric Mas, que Miguel-Angel Lopez ou que Richard Carapaz. Même si pour le Tour de France, les trentenaires Chris Froome et Geraint Thomas semblent encore tenir la corde.
Sur les classiques , les jeunes devront encore affronter des coureurs inoxydables de la trempe d’Alejandro Valverde. Mais les coureurs de 25 ans ou moins ont déjà réussi à se tailler une belle part du gâteau en 2018 grâce à Michael Valgren, Julian Alaphilippe ou Bob Jungels. Dans le domaine des courses d’un jour, la Belgique semble promise à un bel avenir et le comportement de Tiesj Benoot, Dylan Teuns et Wout Van Aert sera scruté de près. Comme les débuts sur les classiques de Mathieu Van der Poel.
Enfin et alors qu’il va bientôt fêter ses 19 ans, Remco Evenepoel sait déjà que ses débuts professionnels vont susciter énormément d’intérêt. Mais en cas d’échec en 2019, le coureur Deceuninck - Quick-Step aura bien d’autres années devant lui pour garnir son armoire à trophées.
Un classement mondial réévalué
Fini les classements du WorldTour, désormais ce sont les classements mondiaux qui vont régir le cyclisme.
Le cyclisme sur route vit des moments importants.
Aux récents Mondiaux d’Innsbruck, l’UCI a entériné une nouvelle organisation du cyclisme professionnel masculin à partir de 2022. Cette nouvelle organisation sera mise en œuvre graduellement dès cette saison avec un nouveau grand changement l’année prochaine.
Les équipes continuent à être réparties dans trois divisions : UCI WorldTeams, UCI ProTeams (les équipes continentales professionnelles) et Équipes continentales. L’importance particulière de la saison qui débute est qu’à l’issue de celle-ci, 18 équipes recevront une licence WorlTour pour trois ans.
Le choix sera déterminé par cinq critères : éthique, administratif, financier, organisationnel mais aussi sportif. Le caractère ouvert du système, car de potentielles nouvelles formations pourront être comparées avec celles existantes, et la reconnaissance du mérite sportif seront ainsi assurés affirme l’UCI qui entend proposer une combinaison entre la stabilité d’une équipe et un système ouvert.
Dès cette année, le classement du WorldTour disparaît pour laisser la place au Classement mondial UCI qui est redevenu réalité depuis deux ans. C’est, à l’entame de l’année, Alejandro Valverde qui le mène.
Ce classement s’adresse à tous les coureurs et prend en compte, selon leur importance, toutes les courses des différents niveaux. Si un classement mondial par nations existait déjà, il est d’ailleurs mené par la Belgique, cette année sera également créé un classement mondial par équipes, prenant en compte les résultats des 10 meilleurs coureurs de chacune des équipes des trois divisions. C’est sur la base de celui-ci que seront reprises dans le WorldTour les dix-huit premières formations.
Commentaire : En selle !
Moins de trois mois après la Japan Cup et le Chrono des nations, le cyclisme sur route reprend ses droits dimanche aux antipodes avec le traditionnel critérium qui préface le Tour Down Under, première grande épreuve 2019, qui démarre, lui, mardi. Les trois coups de la saison seront donnés en Australie. On ne peut qu’espérer qu’ils lancent de la meilleure manière la campagne à venir. Une saison qui devrait, à plus d’un titre, marquer un tournant dans la discipline. Ses temps forts ne devraient pas manquer. Toutes les classiques d’abord, dont les principales se sont refusées aux Belges l’an passé, mais dont nos compatriotes restent malgré tout les principaux spécialistes. Les grands tours ensuite dont le principal démarrera de Bruxelles, le 6 juillet, en hommage à Eddy Merckx, le plus grand coureur de tous les temps. Les championnats enfin, avec un Mondial couru au Yorkshire, sur un terrain qui peut aussi convenir aux Belges.