Le Monte Zoncolan, le monstre du Giro
- Publié le 19-05-2018 à 07h34
- Mis à jour le 19-05-2018 à 07h35
Le col italien, au menu ce samedi, est souvent présenté comme le plus difficile d’Europe Ce samedi matin, au moment de serrer les fixations des chaussures et de sangler les casques au départ de San Vito Al Tagliamento, les mains de certains engagés de ce 101e Giro risquent d’être prises de légers tremblements. C’est que le menu de la 14e étape a de quoi provoquer des haut-le-cœur.
Dans la foulée de quatre premières ascensions répertoriées (trois de 3e catégorie et une de 2e), les organisateurs ont tracé la ligne d’arrivée au sommet de ce que beaucoup considèrent comme le col le plus difficile d’Europe : le Monte Zoncolan. Dix kilomètres à 12 % de déclivité moyenne, certains passages à 22 % et un tronçon de quatre kilomètres à 15,4 % : les chiffres donnent le tournis.
Découvert par la course au maillot rose en 2003 (victoire de Simoni), le Giro fera escale ce week-end tout en haut du sommet alpestre (1.730 mètres) pour la sixième fois de son histoire. Lors de sa dernière visite, en 2014, Maxime Monfort s’y était classé huitième après avoir intégré l’échappée victorieuse.
"Le Zoncolan, c’est effectivement un très gros morceau", sourit le coureur de chez Lotto-Soudal qui reprendra la compétition mardi prochain lors du Tour des Fjords. "Le pourcentage moyen sur dix bornes n’a tout simplement, à ma connaissance, pas d’équivalent. À partir du troisième kilomètre, on bute littéralement sur un mur dont la pente ne descend pratiquement jamais sous les 14 % durant un bon moment… Cela semble très long car on a la sensation de ne bénéficier d’aucune motricité, il n’y a pas de fluidité dans le pédalage, il faut véritablement s’arracher à chaque coup de pédale. J’ai aussi connu ce désagréable sentiment sur l’Angliru, mais la portion la plus ardue y est plus courte. Lorsqu’on est coureur pro, on sait que l’on peut normalement monter partout mais certaines ascensions conservent tout de même un côté impressionnant."
Pour défier ces pentes diaboliques, de nombreux coureurs équiperont leur vélo de développements spécialement adaptés. "En 2014, j’avais adopté un 36/29 mais j’aurais aimé disposer de quelques dents de plus", sourit Monfort. "C’est aujourd’hui techniquement possible mais, même avec cela, il reste très difficile de gravir ce col avec une certaine souplesse. Cela peut paraître paradoxal, mais il est pratiquement impossible de se mettre dans le rouge avant les tout derniers kilomètres sur le Zoncolan. Celui-ci est tellement difficile qu’il est pratiquement impossible d’attaquer avant l’approche du sommet, il faut gérer son effort un peu à la manière d’un contre-la-montre. Chacun y monte à son tempo mais il n’y aura pas de gros à-coups dans le groupe des favoris. L’ambiance y est très spéciale car les tifosi viennent s’installer tôt sur les contreforts de la montagne d’où ils ont vue sur la majeure partie de l’ascension."
Si le verdict du Zoncolan devrait avoir lieu samedi soir dans la froideur du cirque minéral de son sommet, il ne semble pas effrayer le maillot rose Simon Yates. "Mon équipier Nieve m’a dit que cela ressemblait à l’Angliru. L’équipe a effectué un repérage vidéo que je visionnerai avec attention, mais je le découvrirai réellement en pédalant…"