Le mélange des genres: pourquoi les coureurs polyvalents sont de retour dans le peloton
La spécialisation à outrance du cyclisme ne semble plus être d’actualité.
- Publié le 08-03-2019 à 08h01
La spécialisation à outrance du cyclisme ne semble plus être d’actualité. Durant sa carrière, Sean Kelly avait remporté quatre des cinq monuments des classiques. La fin de carrière de l’ultra-polyvalent Irlandais en 1994 a marqué la fin d’une époque et le début de l’hyperspécialisation du cyclisme. Depuis 25 ans et à quelques exceptions près, les seules passerelles existantes dans ce sport permettaient à un coureur de grands tours de remporter une classique vallonnée ou aux Flandriens de s’imposer dans Milan-Sanremo. Pourtant, comme l’ont démontré les performances des Ardennais Tim Wellens et Dylan Teuns lors du dernier Circuit Het Nieuwsblad, cette spécialisation à outrance du cyclisme semble toucher à sa fin.
Gilbert a montré la voie
Cette année, Philippe Gilbert va poursuivre son rêve appelé Strive for five. En 2017, le Liégeois s’était offert le Tour des Flandres, 6 et 8 ans après avoir conquis Liège-Bastogne-Liège et le Tour de Lombardie. "Gagner sur des terrains si différents, c’est une fierté. Cela demande beaucoup de travail car l’approche change", avait avoué Philippe Gilbert après son succès sur le Ronde. Compléter le grand chelem en carrière semble encore hypothétique mais en gagnant soit Milan-Sanremo, soit Paris-Roubaix le coureur Deceuninck-Quick-Step deviendrait le premier depuis Sean Kelly en 1986 à avoir remporté quatre des cinq monuments. La polyvalence de Philippe Gilbert a tout de même des limites puisque le Liégeois est beaucoup moins performant sur les Ardennaises depuis qu’il passe mieux les pavés.
Des tracés adaptés
En 2004, l’Amstel Gold Race fut placée avant Liège-Bastogne-Liège dans le calendrier afin de servir de trait d’union entre les Flandriennes et les Ardennaises. Intention devenue réalité avec la suppression, en 2013, de l’arrivée en côte du Cauberg. L’Amstel Gold Race a ainsi été remportée en 2017 et 2018 par Philippe Gilbert et Michael Valgren, qui avaient gagné des courses pavées quelques semaines auparavant. "Le profil de l’épreuve, qui ressemble aux courses flamandes sans les pavés, me convient. Il est vraiment possible d’y faire quelque chose", avait d’ailleurs indiqué Greg Van Avermaet avant l’édition 2018 de la classique néerlandaise. En supprimant, en 2019, l’arrivée au sommet de la côte de Ans, les organisateurs de Liège-Bastogne-Liège suivent la voie tracée par l’Amstel Gold Race. Un pas de plus vers la fin de la spécialisation du cyclisme.
De nouveaux polyvalents
Le cyclisme mondial a récemment accouché de coureurs tels que Peter Sagan ou Michal Kwiatkowski, doués à peu près partout et mauvais nulle part. Cette génération a inspiré Alejandro Valverde, qui s’est décidé sur le tard à aller tâter des monts pavés. En remportant avec la manière Milan-Sanremo en 2018, Vincenzo Nibali a également montré la voie aux coureurs de grands tours, à tel point que Romain Bardet a décidé de s’aligner sur la Classicissima cette année. Ce mélange des genres ne peut que réjouir les fans de cyclisme même si les coureurs vont devoir adapter leur préparation pour maintenir un pic de forme sur huit semaines, période séparant le Circuit Het Nieuwsblad de Liège-Bastogne-Liège. "Je suis certain qu’on peut combiner certaines classiques pavées et les Ardennaises, notamment en allégeant son entraînement en semaine et en courant les grandes courses le dimanche", a récemment indiqué Dylan Teuns. Si le coureur Bahrain-Merida réussit sur les Ardennaises comme il l’a fait sur le Circuit Het Nieuwsblad, il pourrait finir de convaincre les plus réticents.