La saison marathon de De Gendt: “L’idée de faire les trois grands Tours vient d’une blague”
Le baroudeur de Lotto-Soudal enchaîne Giro, Tour et Vuelta cette année.
- Publié le 07-03-2019 à 08h01
- Mis à jour le 07-03-2019 à 10h59
Le baroudeur de Lotto-Soudal enchaîne Giro, Tour et Vuelta cette année. Coureur à part, cycliste incomparable, Thomas De Gendt est un cas particulier dans le peloton. Insaisissable, il peut surprendre sur tous les terrains. Infatigable rouleur, inlassable attaquant, le baroudeur de Lotto-Soudal s’est lancé un sacré défi cette saison : disputer les 3 Grands Tours. Sans pour autant se détourner des autres épreuves par étapes du World Tour qu’il adore. Comme Paris-Nice, où il sera, dimanche.
Thomas, comment est venue cette idée de faire les 3 Grands Tours ?
"C’était une blague à la base… Je l’ai dit en rigolant à mon directeur sportif Mario Aerts. Qui, sérieux, m’a répondu : OK, je le note. Et l’idée s’est développée de cette manière. Elle a vite pris du sens. Vous savez, je pense que l’équipe n’a pas tant de coureurs de Grands Tours que ça. Nous avons de nombreux jeunes. Cela pourrait être difficile pour l’équipe de trouver à chaque fois huit mecs pour ces épreuves de trois semaines. Mais moi, je suis là. Et je pense que je peux faire quelque chose sur le Giro, sur le Tour de France et sur celui d’Espagne. Selon moi, la Vuelta n’est pas le plus dur des 3 Grands Tours. Il arrivera en dernier, mais comme il n’est pas le plus dur, je me dis que c’est possible."
Vous ne craignez pas la fatigue ?
"On verra. Par expérience, je sais que je suis endurant. En général, ma meilleure semaine sur un Grand Tour est la dernière. Cela fait quatre ans que j’enchaîne le Tour de France et celui d’Espagne. Et j’ai le sentiment que ce serait bien d’ajouter le Giro. Vous savez, en mai, de toute façon, je fais un camp d’entraînement. À la place de ce camp d’entraînement, cette année, je ferai un Grand Tour. Qui reste selon moi la meilleure préparation. Je remarque souvent que mon second Grand Tour de l’année est souvent meilleur. Cela pourrait donc tomber au Tour de France. Ce qui n’est pas plus mal. Et puis, il y a à chaque fois un mois entre les Grands Tours."
Ne craignez-vous pas de perdre de la fraîcheur ?
"Cela pourrait arriver. En général, lors de la première semaine d’un Grand Tour, je suis en dessous de mon meilleur niveau. J’ai toujours besoin de m’adapter à la vitesse à nouveau. Mais ce n’est pas grave pour moi, car ce ne sont pas les étapes qui me conviennent le mieux. Mais à partir de la seconde semaine, je sens la puissance revenir. Et je me sens mieux lors de la dernière semaine."
Cela changera beaucoup votre programme ?
"Non, pas vraiment. J’ai ajouté le Giro et j’ai retiré le Tour du Pays Basque et le Dauphiné."
Vous aurez des ambitions différentes sur ces 3 Grands Tours ?
"Cela dépend des leaders de notre équipe sur ces épreuves. Si Caleb Ewan est là, je bosserai pour lui, comme je l’ai fait pour André Greipel. Si Tim Wellens est là, je travaillerai pour lui. Et sur les autres étapes, je penserai à moi."
Entre les 3, lequel préférez-vous ?
"Je pense que c’est la Vuelta, que j’aime beaucoup. Les étapes y sont plus courtes, c’est généralement plus calme que sur les autres. Et j’aime en général l’Espagne."
"J’ai besoin de partager les émotions sur le vélo"
De Gendt est impressionné par les épreuves d’endurance comme la Transcontinentale.
Fan de son sport et du vélo en général, Thomas De Gendt avait démontré au monde entier, l’an passé, son amour du deux-roues. En rentrant chez lui du… Tour de Lombardie en pédalant.
Avec un voyage à vélo (un bike-packing, avec des sacoches accrochées à sa bicyclette) en compagnie de son coéquipier Tim Wellens.
Une idée qui lui était venue après avoir regardé ceux qui participent à la Transcontinentale, célèbre course longue distance qui se dispute en solo, sur 4 200 kilomètres.
"Oui, j’avais envoyé à Tim Wellens des photos des vélos et de leurs sacoches des gars qui ont fait la Transcontinentale et c’est comme ça que nous avions eu l’idée de ce voyage", expliquait Thomas De Dengt en décembre, lors du stage de préparation de son équipe."Je garde un très bon souvenir de notre voyage. Qui était vraiment très gai. En six jours, j’ai fait 24 heures de vélo. Si un entraîneur me donnait un tel programme, je lui répondrais qu’il est fou ! Or, lors de ce bike-packing, je n’ai pas vu le temps passer. C’est gai de rouler de cette façon. C’était de la liberté, du plaisir. On pouvait s’arrêter quand on voulait pour profiter des paysages. Ce qui n’est pas le cas quand on s’entraîne. Là, on bosse. On fait notre boulot."
Quand sa carrière sera terminée, pourrait-il envisager de faire la Transcontinentale ou d’autres épreuves d’endurance de ce type ?
"Peut-être, je ne sais pas encore", explique-t-il. "Pour le moment, je ne pense pas. Car tu dois faire la Transcontinental en solo, tu ne peux pas avoir l’aspiration d’un autre coureur. Or, je préfère avoir quelqu’un avec moi, avec qui partager les émotions. Ou à qui je peux… me plaindre ! Mais on ne sait jamais. Il y a des trucs énormes qui se font. Quand je vois que les gars font 450 kilomètres par jour, je me dis que ce sont des machines ! Si je me lance un jour dans un tel défi, ce ne sera pas pour la victoire, ce ne sera pas pour terminer premier. Mais pour le goût de l’aventure."
Un lien particulier avec Paris-Nice
Il a de l’humour, Thomas De Gendt. L’avaleur de kilomètres de Lotto-Soudal était confortablement installé dans son fauteuil, mardi, pour regarder le final du Samyn, sur lequel il a déjà beaucoup attaqué.
Et il a tweeté avec un certain humour : "De Gendt à l’attaque et je n’y suis même pas…"
Le vainqueur d’étape sur les trois Grands Tours faisait allusion à son homonyme, Aimé De Gendt, deuxième de l’épreuve d’ouverture en Wallonie, et lequel n’a absolument aucun lien de parenté avec lui.
Mais on devrait revoir prochainement Thomas De Gendt à l’offensive. Sans doute sur Paris-Nice, qui prendra son envol ce dimanche. Le baroudeur belge a ses habitudes sur la Course au soleil. Une épreuve qu’il adore. C’est simple, depuis qu’il est arrivé dans le World Tour, en 2011, il y a participé chaque année, à l’exception de la saison 2014.
S’il y tient tant, c’est parce que c’est sur cette épreuve qu’il s’était révélé, en 2011. Quand il s’était imposé sur l’étape d’ouverture, à Houdan, résistant de justesse au retour du peloton au terme d’une échappée avec son idole, Jens Voigt, et avec Jérémy Roy.
Avant de reprendre le maillot jaune quelques jours plus tard. À nouveau au terme d’une échappée dont il avait été le moteur et dont il fera sa spécialité tout au long de sa carrière, comme lorsqu’il gagnera une autre étape de Paris-Nice, en 2012, s’imposant à Nice au terme d’un gros numéro, après avoir lâché Taaramae. J’aime ce genre de courses. "Moi, ce que j’aime, ce sont les courses World Tour" , explique celui qui a débuté cette saison sur le Tour Down Under. "C’est simple, si tu gagnes une étape sur un Grand Tour, cela reste mieux que de gagner une étape du Tour de Belgique."
Sur les treize succès UCI de son palmarès, il n’y en a que deux qui n’ont pas été conquis en World Tour.