La Belgique est désormais la nation la plus représentée dans le peloton: "Le Belge est un connaisseur, il a l’expérience de la course"
Pour la première fois depuis plus de 25 ans, nos compatriotes dominent numériquement un peloton de plus en plus international.
- Publié le 26-02-2019 à 06h51
- Mis à jour le 23-02-2020 à 15h11
Pour la première fois depuis plus de 25 ans, nos compatriotes dominent numériquement un peloton de plus en plus international. Lorsque les jeunes Belges Brent Van Moer, vice-champion du monde espoirs contre-la-montre l’an dernier à Innsbruck, et Gerben Thijssen, champion de Belgique espoirs en titre, passeront pros dans l’équipe Lotto Soudal le 1er juillet, ils seront les 51e et 52e coureurs belges dans la catégorie WorldTour en 2019. Cela permettra à notre petit pays de dépasser l’Italie (51 coureurs).
Il faut remonter au début des années 90 pour retrouver la Belgique en tête de ce classement. En 2005, lors de la création du Pro Tour (devenu WorldTour en 2011), notre pays ne comptait que 38 représentants. Depuis 2010, le nombre de Belges s’est élevé et reste stable aux alentours de 50 alors que des nations comme l’Espagne, la France ou l’Italie, surreprésentées il y a 15 ans avec une centaine de coureurs, ont vu leur nombre de représentants baisser sensiblement ces dernières années. Rik Verbrugghe, sélectionneur de l’équipe nationale, estime que la passion est toujours très importante en Belgique. "La Belgique a cette culture du vélo. Au mois d’avril par exemple, le football passe en sport numéro deux derrière le cyclisme en Belgique. Cela stimule la progression."
Pour Tom Van Damme, président de la Royale ligue vélocipédique belge (RLVB), cela prouve la bonne santé de notre cyclisme : "Je pense que le professionnalisme des coureurs belges, aussi bien en tant que leaders qu’équipiers, est très respecté et c’est pour cela qu’il y en a tellement dans les équipes."
Mais pas question pour lui de penser qu’être belge est un avantage : "S’il y avait beaucoup de Chinois avec les mêmes qualités, ils seraient assez vite dans une équipe. Il ne faut pas sous-estimer l’importance d’avoir un bon Chinois son équipe, car il peut donner des possibilités économiques et marketing considérables."
Les deux équipes belges Lotto Soudal et Deceuninck - Quick-Step assurent également depuis des décennies une forte représentation de nos compatriotes au plus haut niveau. L’équipe de la Loterie nationale compte 18 Belges (20 à partir du 1er juillet) tandis que l’équipe de Patrick Lefevere emploie huit de nos compatriotes. Les sponsors Lotto et Quick-Step sont parmi les plus fidèles du peloton. Le premier est actif depuis 1985, un record, tandis que Quick-Step est arrivé dans le cyclisme en 1999 aux côtés de Mapei tout d’abord, avant de devenir sponsor principal entre 2003 et 2018.
Nos deux équipes ne sont néanmoins pas les seules pourvoyeuses de Belges. Pas moins de 14 équipes WorldTour (sur 18) comptent au moins un de nos compatriotes dans leurs rangs. Seul l’Italie fait aussi bien. "Le Belge est un connaisseur. Il a l’expérience de la course. C’est pour ça qu’il y a beaucoup de coureurs mais également beaucoup de directeurs sportifs belges dans des équipes étrangères", estime Rik Verbrugghe.
Tous les autres pays sont moins "dispersés". On ne retrouve par exemple des Français que dans cinq formations différentes, la plupart étant engagés dans les équipes AG2R et Groupama-FDJ.
Malgré tout, notre pays souffre d’un fort déséquilibre nord-sud. Cette saison, il n’y a que trois coureurs wallons qui portent les couleurs d’équipes WorldTour : les inoxydables Philippe Gilbert (17e saison chez les pros) et Maxime Monfort (16e saison chez les pros) ainsi que le jeune Arlonais Rémy Mertz, qui entame sa troisième année chez Lotto Soudal. C’est un coureur de moins que l’an dernier puisque le Verviétois Loïc Vliegen a décidé de redescendre d’un étage en signant chez Wanty.
Pour Rik Verbrugghe, "l’engouement en Flandre pour le cyclisme est beaucoup plus important. Dès son jeune âge, un jeune Flamand a plus envie de devenir cycliste qu’en Wallonie parce que justement il y a beaucoup de courses, beaucoup de spectateurs, plus qu’en Wallonie".
D’où l’importance d’avoir un moteur, comme l’est Philippe Gilbert depuis des années, pour que les jeunes se mettent en selle et deviennent, peut-être un jour, les champions de demain.