La 3ème saison pro de Rémy Mertz: "Je suis à ma place"
Fidèle coéquipier lors de ses deux premières années chez les pros, Rémy Mertz veut continuer à progresser cette saison.
- Publié le 25-01-2019 à 08h06
- Mis à jour le 25-01-2019 à 11h23
Fidèle coéquipier lors de ses deux premières années chez les pros, Rémy Mertz veut continuer à progresser cette saison. Parvenir à intégrer une équipe du World Tour n’est pas donné à tout le monde. Un simple exemple suffit pour le démontrer : il n’y a actuellement que trois coureurs wallons qui évoluent à ce niveau. Les expérimentés Philippe Gilbert et Maxime Monfort. Et le jeune Rémy Mertz. Qui a pu, assez tôt, l’an passé, prolonger de deux saisons chez Lotto-Soudal. Une preuve que la formation belge fait confiance au coureur d’Arlon et apprécie son boulot de l’ombre.
Jusqu’à présent, il n’a pas pu jouer sa carte. L’ancien vainqueur d’étape sur le Tour de Namur a été cantonné à un rôle de coéquipier.
"Ce qui ne me pose pas de problème", avance ce coureur de 23 ans qui va débuter sa saison ce dimanche, sur la Cadel Evans Great Ocean Road Race, en Australie. "Je suis à ma place : c’est mon boulot. Et je le fais sans hésiter. Je pense que l’équipe était satisfaite de moi lors de la saison 2018, qui a été dans la continuité de ma première saison chez les pros, en 2017. Dans l’ensemble, cela s’est bien passé et j’ai eu cette belle récompense en obtenant cette prolongation de contrat. En travaillant pour l’équipe, je continue d’apprendre le métier. Et puis, c’est normal. Je ne suis pas un des leaders, des gars comme Tim Wellens sont plus forts que moi !"
Le jeune coureur d’Arlon a bien compris une des ficelles du métier. À l’échelon le plus élevé du vélo, les équipes préfèrent miser sur un leader qui ira chercher le meilleur résultat. "Oui, l’équipe ne me prend pas pour que j’aille faire un top 20 ou un top 15", poursuit Rémy Mertz. "Le but, c’est d’obtenir le meilleur résultat pour l’équipe, en utilisant pour cela le meilleur coureur, autour duquel on met toutes nos forces. Et pas qu’un gars fasse septième, un autre douzième et encore un autre vingtième."
Rémy Mertz va donc continuer à rouler de cette manière cette année. "J’espère être plus fort, continuer à progresser, engranger de la puissance et faire donc du meilleur boulot", ajoute encore le jeune coureur de la province de Luxembourg.
En Australie pour un seul jour de course !
Il remplace Roger Kluge pour la Cadel Evans Road Race, dimanche.
Rémy Mertz va débuter sa saison en Australie. Même s’il n’a pas pris part à la première manche du WorldTour, le Tour Down Under. Mais il sera dimanche sur le deuxième rendez-vous du WorldTour, avec la Cadel Evans Great Ocean Road Race. Pourquoi faire un aussi long déplacement pour disputer une seule épreuve ?
"Parce que Roger Kluge, qui était dans l’équipe au Tour Down Under, rentre en Europe pour faire une épreuve de Six Jours et parce que l’équipe ne voulait pas disputer la Cadel Evans Great Ocean Road Race avec un coureur de moins", répond Rémy Mertz, qui a participé, jeudi, à un critérium à Adélaïde pour se mettre en jambes.
Il craint logiquement la fatigue d’un tel déplacement pour une semaine, en début de saison.
"Ce n’est pas idéal de partir en Australie pour si peu de temps", continue Rémy Mertz. "Mais c’est comme ça, cela fait partie du métier. Je n’ai pas peur de le dire : il y a des coureurs qui peuvent choisir leur programme et d’autres qui bouchent les trous. Je fais partie de ce second cas. Et je l’accepte. Ici, c’est le niveau WorldTour : il y a des leaders, des grands coureurs, et les autres. Mais je n’ai pas à me plaindre. Lors de mes deux premières années, j’ai quand même pu faire des très belles courses. Le Tour d’Espagne, les classiques ardennaises…"
Rémy Mertz aime son métier. Et il veut faire carrière dans son sport. Mais se voit-il rester toute sa carrière dans ce rôle de coéquipier ? "Ce n’est pas mon but mais pourquoi pas si cela se dessine comme ça", répond-il. "On peut faire toute une carrière comme coéquipier. Certains le font très bien. Mais j’espère continuer à progresser. Et surtout continuer à prendre du plaisir sur le vélo. Je n’oublie pas qu’une carrière peut aussi évoluer rapidement. L’an passé, par exemple, au Grand Prix de Francfort, j’ai bossé pour l’équipe. Mais j’étais encore bien dans le final et j’ai fait une place, terminant quatorzième. Si je fais un meilleur sprint, je pouvais, je pense, intégrer le top 10. Et peut-être que cela aurait changé la vision de l’équipe à mon égard…"
"J’aimerais disputer le Giro"
Après avoir découvert le Tour d’Espagne lors de sa première saison chez les pros, en 2017, Rémy Mertz a envie de refaire une épreuve de trois semaines.
"J’aimerais disputer le Giro, et j’ai demandé à l’équipe pour le faire", précise-t-il. "Mais en espérant avoir le programme pour pouvoir bien le préparer."
Pour son début de saison, le jeune coureur wallon sait qu’il enchaînera avec l’Étoile de Bessèges quand il sera rentré d’Australie. "Et après, je ferai la Ruta Del Sol, que j’avais demandé de faire."
"Je dois progresser en néerlandais"
La barrière de la langue ralentit son intégration dans l’équipe.
Rémy Mertz est un des deux Wallons de l’équipe, avec Maxime Monfort. Ou un des trois, puisque Tim Wellens aime souvent répéter qu’il se considère comme Wallon, lui qui est très attaché à la partie du Sud du pays.
"C’est donc logiquement avec eux que je passe le plus de temps dans l’équipe", décrit Rémy Mertz. "Max, je le connais depuis longtemps. Il est originaire de la même province que moi. Et Tim est vraiment un super-leader. Il est bien avec tout le monde."
Rémy Mertz reconnaît ne pas être proche de tous les autres coureurs de Lotto-Soudal.
"Il y a la barrière de la langue", explique-t-il. "J’ai une lacune en néerlandais. C’est de ma faute. Mais ce n’est pas une langue facile à apprendre. Ou à comprendre avec tous les dialectes. Surtout quand on vient de l’autre bout du pays comme moi. Je n’avais par exemple jamais entendu du flamand avant d’aller faire des courses en Flandres. J’ai aussi toujours été plus proche de la culture luxembourgeoise que de la culture flamande. Le Grand-Duché, c’est à côté de chez moi. La Flandre, c’est à trois heures de voiture. C’est donc parfois difficile de bien s’intégrer."
Mais il le répète : il se sent bien chez Lotto-Soudal. "Oui, sinon, je n’aurais pas décidé de prolonger pour deux saisons dans cette formation, soit jusque fin 2020", ajoute-t-il. "J’avais d’ailleurs une autre proposition (NdlR : de Wanty-Groupe Gobert), mais j’ai choisi de rester ici."