Kevin De Weert à propos du Mondial: "La Belgique a de bons coureurs pour ce parcours, mais d'autres pays sont plus favoris"

Que peut-on penser du parcours qui attend lescoureurs élites, le dimanche 30 septembre?

« Il n'est à nul autre pareil, à cause de la dernière côte. C'est du jamais vu. Ce sera vraiment de l'escalade à la fin. S'il pleut, on verra peut-être des coureurs à pied. »

Effectuer votre sélection fut-il une chose difficile ?

« Disons que comme toujours, le plus dur, c'est de remplir la ou les deux dernières cases. Les premières, cela ne pose jamais de problème. Après, ce qui n'est pas agréable, c'est de téléphoner aux coureurs qui n'en seront pas pour leur expliquer mon choix. »

Vous n'avez pas retenu Thomas De Gendt, que l'on voit à l'attaque un jour sur deux à la Vuelta.

« Thomas est un super coureur, je n'en disconviens pas. Mais c'est un homme de courses à étapes, pas de classiques ou championnats. Il n'est pas fiable sur un jour. Si le Mondial durait une semaine, je sais qu'il serait super un jour ou l'autre. Mais lequel ? Avec lui, c'est tout ou rien. Déjà, cette année, les sélections n'ont plus que huit coureurs (contre neuf auparavant et même douze autrefois), je ne prends pas le risque qu'on se retrouve à sept... »

Par contre, vous avez retenu Ben Hermans.

« Oui. Je m'étonne qu'on s'étonne. Sur un parcours comme celui-là, il peut aller loin. Il a gagné le Tour d'Autriche, c'est un homme de courses d'un jour aussi.»

Plus surprenant pour beaucoup, le choix de Xandro Meurisse.

« Non. Ce qui me surprend c'est qu'aucune équipe du WorldTour ne l'ait déjà engagé. Vous avez vu la course qu'il a faite au championnat d'Europe (6e) au profit de Wout Van Aert, une des plus dures épreuves de la saison ? Il a prouvé sa forme, il vient de finir 7e de l'étape reine du Tour de Grande-Bretagne juste derrière des gars comme Alaphilippe et Poels qui seront favoris du Mondial… »

Derrière le nom de Serge Pauwels, vous avez mis un point d'interrogation.

« J'ai eu beaucoup de contacts avec lui. Après sa fracture du coude au Tour de France, Serge a été arrêté deux semaines. Seulement doit-on dire. Je n'ai pas de craintes quant à sa forme, car c'est un super pro, mais il faut encore le voir en course. Il reprend ce mercredi au Tour de Slovaquie. On verra comment son corps réagit à cette reprise. Mais il sera prêt, j'en suis sûr. Il aura un rôle essentiel de capitaine de route dans une épreuve courue sans oreillette, ne l'oublions pas. »

Aurons-nous quatre leaders avec Benoot, Teuns, Van Avermaet et Wellens ?

«On ne va pas avec huit coureurs individuels. Mais les quatre coureurs cités méritent une certaine protection et liberté, mais il y aura une hiérarchie. Pour cela, il faut attendre que nous soyons en Autriche. À l'exception de Wellens, personne n'a encore vu le tracé. Comment Van Avermaet peut-il parler d'un parcours qu'il ne connaît pas ?»

Qu'en avait dit alors Tim Wellens ?

« Il était content, mais encore une fois, ce mur change la donne, surtout en toute fin de course. Ce seront les jambes qui décideront, il n'y aura pas moyen de se cacher. Pour le reste, c'est un parcours qui entre totalement dans ses cordes. Tim est super motivé et a fait de ce Mondial son grand objectif de la deuxième partie de saison. »

Vous êtes aussi confiant, dirait-on ?

« Bien sûr. Si je ne l'étais pas, comment les coureurs pourraient l'être ? Il faut être réalistes, optimistes et ambitieux. Nous avons une bonne équipe, mais nous ne sommes pas les favoris. Cependant, on reste un pays cycliste. Je suis sûr que si un Belge se glisse dans une échappée, les autres nations seront attentives et réagiront. À chaque Mondial, on joue un rôle, ce sera encore le cas cette fois. On ne va pas en Autriche, pour faire de la figuration. La Belgique a de bons coureurs pour ce parcours, mais d'autres pays seront plus favoris. Nous aurons moins de stress, on a vu par le passé que cela peut amener de bons résultats, mais ce ne sera pas évident même si en étant outsiders on peut décrocher un bon résultat.»

Justement, Rio a démontré que les pronostics sont souvent réduits à néant.

« La grande différence avec les Jeux, c'est que Greg sortait du Tour, qu'il avait alors des « jambes de grimpeur ». C'est pour cela que lui-même ne se considère pas comme un grand favori. Et puis, il y a cette dernière côte, sans doute trop dure pour lui ou Sagan. Sans cela, tous les deux entreraient en ligne de compte certainement. Bien sûr, il y a une montée de huit kilomètres à escalader sept fois, mais c'est roulant, du 5 %. Pour des coureurs comme eux en super forme, c'est possible. Maintenant, il faudra voir, ça risque d'être un petit peu trop dur sur la fin... »

S'il n'est pas leader, Van Avermaet est capable de se muer en équipier ?

« Il me l'a promis en tout cas (il rit). Oui, chacun connaît sa tâche. Mais encore une fois, cela va dépendre des sensations avant et pendant la course. Je ne me fais aucun soucis que Greg sera honnête. Si c'est un peu trop dur, il travaillera pour l'équipe et s'il pense qu'il a une chance, il le dira.»

Qu'espérez vous cependant de ce Mondial ?

« Je serai content si on fait une bonne course, si on est présent, on doit rouler en groupe. Je le répète, nous ne serons pas favoris, on ne devra pas porter le poids de la course.»

Paradoxalement, on a cette fois plus de chance dans d'autres épreuves que dans celle des élites en ligne. A commencer par le chrono ?

« Victor (Campenaerts) est en forme, il le prouve à la Vuelta, évidemment face à Tom Dumoulin ou d'autres avec cette côte au milieu du parcours, ce sera difficile… J'ai vu qu'il veut réaliser le meilleur résultat jamais obtenu par un belge dans cette épreuve (NdlR : par le passé, Nico Emonds, Leif Hoste et Stijn Devolder ont terminé 6e d'un Mondial de chrono). Avec Yves (Lampaert), il se tire la bourre positivement, il a promis qu'il ferait mieux que lui (7e en 2016). ça c'est tout à fait dans ses cordes. »

Chez les espoirs, Bjorg Lambrecht s'est bombardé favori ?

« Oui, je l'ai lu aussi. Tant mieux, c'est bien d'être ambitieux. Bjorg est bien sorti de la Vuelta (NdlR : le Gantois a abandonné dimanche pour se préparer au Mondial). Mais il faut aussi attendre de voir quels coureurs déjà professionnels vont disputer la course pour voir qui sera ou pas favori. Je ne suis pas favorable à cette nouvelle réglementation, mais puisque c'est ainsi, il faut jouer le jeu. »

Enfin, il y a le cas Remo Evenepoel, grand favori dans les deux courses juniors.

« En effet, espérons que ces Mondiaux soient pour lui le début d'une grande carrière. Mais, on le sait, ce n'est jamais évident de réussir quand on est le grandissime favori. Pourtant, avec ce qu'il a montré cette saison où il a écrasé souvent ses adversaires, on peut être optimiste, d'autant qu'on bénéficie d'une vraie belle génération avec deux ou trois autres coureurs du plus haut niveau dans cette catégorie. »