Julian Alaphilippe, le fuoriclasse
Le Français a parfaitement composé avec son statut de grand favori de la Primavera.
- Publié le 25-03-2019 à 06h50
- Mis à jour le 25-03-2019 à 16h42
Le Français a parfaitement composé avec son statut de grand favori de la Primavera.
"C’est Alaphilippe qui a opéré la sélection du groupe de favoris dans le Poggio avant de tous nous régler au sprint. Que dire de plus si ce n’est qu’il était le plus fort…"
La froide analyse livrée par Michal Kwiatkowski au pied du podium de la Via Roma, où il venait de monter sur la troisième marche, en disait long sur la maîtrise du Français d’un bout à l’autre d’une course dont il était le grandissime favori. Autrefois chien fou, le coureur de Deceuninck-Quick Step est devenu un sniper qui fait mouche au bon moment. Une maturité tactique et physique qui s’explique.
1. Un début de saison en altitude en Amérique du sud.
Après avoir ouvert sa saison sur le Tour de San Juan, Alaphilippe avait prévu d’enchaîner avec le Tour de Colombie, programmé un peu plus d’une semaine plus tard. "Pour éviter le froid qui pouvait sévir à ce moment de l’année en Andorre (NdlR : où il réside) et éviter deux longs voyages, Julian avait décidé dès cet hiver de rester en Amérique du Sud entre ces deux courses", explique son cousin et entraîneur Frank. "Cela permettait aussi de bénéficier des effets de l’altitude pendant deux semaines. Julian s’était essayé à un stage de ce type en amont du dernier Tour de France et il avait bien répondu au phénomène. Nous avons donc pensé qu’il serait intéressant de le rééditer."
2. Une motivation décuplée par la volonté de confirmer.
Auteur d’une saison 2018 canon marquée par sa victoire sur la Flèche wallonne ou encore ses deux étapes et le maillot à pois du Tour de France, Alaphilippe ne s’est aucunement reposé sur ses lauriers. "Au contraire, sa faim était encore plus grande, il voulait confirmer", continue son entraîneur. "Il a fini la précédente éreinté mentalement et physiquement et a eu besoin d’une coupure un peu plus longue, six semaines sans vélo. Notre volonté n’était pas de voir arriver Julian plus tôt en forme cette année, mais bien de renouer avec la compétition plus vite afin d’y travailler certaines intensités. Mais il a fait mouche dès son deuxième jour de course."
3. Pas plus fort physiquement mais bien mentalement.
Entraîneur de son cousin, Frank Alaphilippe connaît le coureur de chez Deceuninck par cœur. "Avant Tirreno, il me disait ne pas encore se sentir à 100 % de son potentiel. Mais la Course des Deux Mers lui a incontestablement fait franchir un palier. Physiquement, Julian n’est pas plus fort cette année qu’en 2018, mais il est en revanche devenu plus solide sur le plan mental. Il me l’a d’ailleurs affirmé lui-même. Il ne doute plus de ses qualités et sait qu’il peut opérer une décision face aux meilleurs coureurs du monde sur un seul mouvement de course."
Une vérité que le vainqueur de la 110e édition de Milan-Sanremo analysait sous un autre prisme. "J’ai beaucoup appris de mes erreurs passées qui m’ont coûté la victoire sur pas mal de courses. Au pied du Poggio, je savais qu’il fallait être dans les cinq premiers. Pas septième, pas sixième, mais cinquième au moins…"
4. Une confiance réciproque avec ses équipiers.
"Dans le Poggio", Phil (Gilbert) m’a demandé quel rythme je souhaitais qu’on adopte. Je lui ai répondu à bloc ! Quand un gars comme lui et Stybar se mettent à la planche pour vous faire un tempo endiablé dans la dernière difficulté, cela gonfle votre confiance en vous. Je n’avais pas le droit de me trouer…"
5. Quatre à cinq jours de coupure pour arriver au mieux sur les Ardennaises.
La question que tous les observateurs se posent est de savoir comment Julian Alaphilippe va parvenir à maintenir cet étincelant état de forme jusqu’aux classiques ardennaises. C’est que la Flèche wallonne, ce n’est que dans un mois… "Julian va couper durant quatre à cinq jours en ce début de semaine, explique Frank Alaphilippe. Il reprendra ensuite la compétition sur le Tour du Pays basque avant le triptyque ardennais pour lequel il est extrêmement motivé. C’est le même schéma que l’année dernière et cela avait plutôt bien fonctionné (NdlR : victoire à Huy et 4 à Liège)…"