Guillaume Martin, leader des Wanty-Gobert: "Nous n’avons rien à envier à certaines équipes World Tour"
Le coureur français veut continuer à grandir avec Wanty-Gobert.
- Publié le 08-02-2019 à 07h37
- Mis à jour le 08-02-2019 à 10h00
Le coureur français veut continuer à grandir avec Wanty-Gobert. "Nous avons bien commencé la saison, nous sommes dans le coup, il nous manque juste la victoire."
Jean-François Bourlart est satisfait du comportement de ses troupes en ce début de saison. Les Wanty-Gobert ont en effet flirté avec le succès. Avec une deuxième place pour Timothy Dupont lors de la dernière journée du Challenge de Majorque. Et aussi avec une deuxième place pour Guillaume Martin sur une autre journée de l’épreuve espagnole. Le coureur français a directement confirmé son statut de leader au sein de l’équipe procontinentale belge. Avec laquelle il veut continuer de grandir.
Vous aviez des propositions d’équipes World Tour, mais vous avez choisi de rester chez Wanty-Gobert. Pourquoi ?
"Oui, j’avais des possibilités, que j’ai étudiées attentivement. Cela n’a pas été un choix facile. Mais je ne regrette pas mon choix. Je m’investis à fond dans cette équipe Wanty-Gobert, et je suis convaincu que cela va bien se passer. Nous épousons la même trajectoire, nous grandissons ensemble et cela me plaît. J’ai prolongé ici parce que je suis acteur du projet. Je sais que ma parole est écoutée. Je ne suis pas que coureur, j’essaie de faire avancer le projet global."
Votre entraîneur personnel, Samuel Bellenoue, arrive dans l’équipe. C’est un plus pour vous ?
"Oui, et c’est une bonne chose pour l’équipe. Qui continue à se développer. Samuel, c’est mon entraîneur depuis longtemps. Je travaillais déjà avec lui chez les espoirs. Il va apporter un vrai plus à notre groupe. Au niveau des entraînements, mais aussi de l’organisation d’ensemble. Notre stage de préparation, en janvier, était par exemple mieux cadré. Il forme un bon duo avec Frederik Veuchelen. Tout cela représente un ensemble de petits plus qui font que l’équipe s’améliore. On n’a rien à envier à certaines équipes World Tour. Nous n’avons pas à rougir de notre système de fonctionnement."
Qu’attendez-vous de la saison ?
"Je veux franchir un nouveau palier. J’espère que l’équipe le fera aussi. Je pense qu’on peut y arriver tous ensemble. Notre équipe est plus forte en général. J’ai gagné jusqu’à présent des courses de catégorie 1. Maintenant, je veux gagner en World Tour."
Vous vous sentez prêt pour vous imposer à ce niveau ?
"Oui. J’ai vu l’an passé sur le Dauphiné que mon niveau se rapproche de plus en plus des meilleurs grimpeurs mondiaux. Ce n’est donc pas impossible que je gagne une étape de montagne sur une telle course. Comme au Dauphiné, mais il y a aussi le Tour de Catalogne. Et celui de France, bien évidemment. Je m’en sens capable. Je me sens logiquement plus fort."
Le Tour de France vous a rendu plus fort ?
"Oui. J’ai désormais deux Tours de France dans les jambes. C’est une course tellement éprouvante, elle façonne un athlète. Je suis encore jeune. J’ai 25 ans. J’arrive donc tranquillement dans mes meilleures années de cycliste. C’est le moment de monter en puissance, de continuer à progresser pour ensuite, je l’espère, exploser au plus haut niveau."
Quel est votre rapport au Tour de France ?
"Comme pour beaucoup de coureurs, j’ai un rapport amour-répulsion avec le Tour. Il y a un tel engouement médiatique sur cette épreuve… Et un tel public. Être dans toute cette foule pendant un mois, c’est très spécial. Cela peut même faire peur. Le Tour, c’est de la folie ! Mais c’est aussi de la passion. Il y a ce truc en plus qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Et qui fait qu’on a toujours envie d’y revenir. Malgré la souffrance. Et puis, c’est aussi la course qui peut faire basculer une carrière."
"Vliegen est un très bon renfort"
En 2018, Guillaume Martin s’est notamment montré satisfait de l’éclosion de son coéquipier Xandro Meurisse ou de la confirmation du potentiel d’Andrea Pasqualon. "Ils peuvent gagner de très belles courses", explique-t-il. "Comme Loïc Vliegen. Qui est un très bon renfort. Nous avons le même âge. Je le connais donc depuis longtemps. Nous avons souvent lutté ensemble chez les jeunes. Je
me souviens du championnat d’Europe juniors. Où Loïc était très fort (NdlR: il s’était classé 3e et Martin, 10e), mais bloqué par le collectif français. Et quand je gagne Liège-Bastogne-Liège espoirs, il était aussi très présent. C’est un très bon coureur. Je préfère l’avoir avec nous que contre nous ! C’est donc une bonne chose pour notre collectif. Tout comme je suis très content de voir le retour de Bart De Clercq après sa saison noire l’an passé. Il a l’air de bien revenir ! C’est peut-être lui notre meilleur transfert pour la saison, même si ce n’est pas un transfert."
"La lutte pour la tête de la D2 va être plus intense"
Les dirigeants de Wanty-Gobert l’ont dit et répété ces dernières semaines. Après avoir remporté trois années d’affilée l’Europe Tour, la formation procontinentale veut rester dans les deux meilleures équipes de sa division. "Ce sera très important cette année avec la réforme de l’UCI pour la saison 2020" , confirme Guillaume Martin. "Si l’on y arrive, nous aurons un excellent programme la saison prochaine. C’est donc clairement un objectif. Nous avons les moyens d’y arriver. L’équipe a gagné trois fois l’Europe Tour. Cela montre notre régularité et notre homogénéité. Et comme notre noyau est plus solide, on peut y croire. Tout en sachant que la lutte sera plus intense cette année. Il y aura plus d’intérêt des autres équipes pour ce classement. Ce sera donc intense. Il est donc possible que je fasse plus de courses que ces dernières années pour aller à la chasse aux points."
Coureur, philosophe et auteur
Guillaume Martin vient de publier son premier livre : "Socrate à vélo".
Le monde du vélo évolue. Le temps du "pédale et tais-toi" est depuis longtemps oublié. De nombreux pros ont mené des études supérieures. À l’image de Guillaume Martin, diplômé de philosophie. Le Normand vient d’ailleurs de faire l’actualité cette semaine. Pas pour sa présence sur des courses (il n’est pas engagé à l’Étoile de Bessèges ou au Tour de Valence). Mais pour la publication de son livre, "Socrate à vélo", paru aux éditions Grasset.
"C’est principalement l’histoire un peu fantaisiste d’un Tour de France dont les participants seraient des philosophes" , a commenté sur France Bleu celui qui a également écrit une pièce de théâtre, "Platon VS Platoche", mis en scène par sa maman. "On retrouve Socrate, Platon, Aristote, Marx, Hegel en cuissard et on suit leur préparation vers le Tour de France et sur l’épreuve. En parallèle de cela, j’évoque aussi mon parcours et j’essaye de parler des représentations qu’on se fait souvent des sportifs et des cyclistes en particulier. J’essaie de combattre quelques clichés qu’on peut associer aux sportifs."
Pour lui, on présente souvent la philo comme barbante et les sportifs comme des imbéciles. "J’essaie de lutter contre ces clichés. Car ce n’est pas le cas. J’ai croisé de nombreuses personnes très intéressantes dans le monde du sport."
Infos
192 pages. Prix : 17 euros (11,99 en numérique).