Froome vainqueur du Giro, c'est le pire des scénarios
Dimanche après midi, à l'ombre du Colisée romain, même les confettis propulsés aux abords du podium pendant que Chris Froome y embrassait son trophée semblaient peiner à s'envoler.
- Publié le 28-05-2018 à 12h40
Dimanche après midi, à l'ombre du Colisée romain, même les confettis propulsés aux abords du podium pendant que Chris Froome y embrassait son trophée semblaient peiner à s'envoler.
Vainqueur final du sixième grand tour de sa carrière au prix de ce qu'il appellera lui-même « une folie » sur les pentes du Colle delle Finestre, le Britannique a rejoint Anquetil, Merckx, Gimondi, Hinault, Contador et Nibali dans le cercle très fermé des coureurs ayant épinglé Giro, Tour et Vuelta à leur palmarès. Un club select auquel le portier Hinault refuse pourtant l'accès au leader du Team Sky.
« A mes yeux, il ne fait tout simplement pas partie de cette liste, juge ainsi le Français. Il a subi un contrôle anormal sur la dernière Vuelta, confirmé par l'analyse de l'échantillon B, et je ne comprends pas pourquoi nous devons attendre aussi longtemps pour qu'une décision tombe. Les cas comparables de Ulissi et de Petacchi avaient, eux, été réglés bien plus rapidement. Est-ce parce que Sky a beaucoup d'argent ? »
Sans porter le débat sur le terrain de la valeur sportive de la victoire conquise par Froome, c'est bien la pérennité de celle-ci qui pose le plus question. Si la temporalité judiciaire cadre mal avec la succession des enjeux sportifs, le cyclisme a pourtant besoin d'une ligne claire et continue en lieu et place des pointillés. Aujourd'hui, près de huit mois après le contrôle anormal du Britannique sur le Tour d'Espagne, tout laisse penser qu'il pourra prendre le départ du prochain Tour de France dans la peau du grandissime favori.
Lorsque le service juridique de l'UCI posera une décision dans ce dossier (suspension ou classement sans suite), deux possibilités d'appel s'offriront alors au quadruple vainqueur de la Grande Boucle ou aux instances internationales... Autant de mois pendant lesquels les palmarès resteront drapés d'un doute. S'il n'y a évidemment rien de plus insupportable que de condamner un innocent et que le Britannique use tout simplement de son droit en s'alignant en compétition, sa discrétion et son pas de côté, le temps de l'enquête, auraient servi un sport qu'il dit chérir plus que tout et sans doute donné de l'envergure au personnage. Il a choisi de poser un autre choix qui laisse planer un parfum de malaise sur trois semaines de courses pourtant somptueuses.
Avec son art de la synthèse, c'est sans doute Patrick Lefevere qui a sans doute, le mieux, résumé les choses. «Froome n'aurait pas gagné le Giro s'il n'avait pas été autorisé à en prendre le départ. On ne va pas débattre maintenant de la crédibilité de sa victoire, c'est trop tard. »