Evenepoel au centre de toutes les attentions: "C’est un peu la folie!"
Le néopro a été confronté à une énorme demande médiatique lors de la présentation de son équipe.
- Publié le 12-01-2019 à 07h39
- Mis à jour le 12-01-2019 à 11h29
Le néopro a été confronté à une énorme demande médiatique lors de la présentation de son équipe.
Tout le monde se l’arrachait, mardi, à Calpe, lors de la présentation de son équipe Deceuninck-Quick Step. Le jeune Remco Evenepoel était suivi partout. À chacun de ses mouvements.
Dès le matin de ce média day de la formation belge, où les nombreux photographes, cameramen, journalistes ou autres suiveurs n’avaient d’yeux que pour lui.
Celui qui est présenté comme la future star du vélo a certainement eu plus d’attention que tous les leaders (et il y en a un paquet !) de l’équipe de Patrick Lefevere.
En fin de journée, Remco Evenepoel a été le dernier coureur à quitter l’espace média, installé au 29e et dernier étage de l’imposant Suitopia Hôtel, qui surplombe magnifiquement la baie de Calpe et son rocher. Après trois heures de séances de questions-réponses ! Il a dû donner plus d’interviews que Julien Alaphilippe, Philippe Gilbert ou Enric Mas, qui était pourtant à domicile. Il est d’ailleurs arrivé à l’espace des médias francophones (wallons et français) avec beaucoup de retard après avoir enchaîné des interviews avec des journaux, télévisions, radios ou sites internet du monde entier.
"C’est un peu la folie" , a-t-il commenté en s’asseyant à notre table. Tout en gardant son inévitable et grand sourire.
Remco, vous êtes directement plongé dans le grand bain médiatique avec cette présentation d’équipe. Et ces nombreuses interviews. Comment avez-vous vécu cette journée ?
"Je n’avais jamais fait une telle journée ! Je n’avais jamais eu autant d’interviews d’un coup. Même après ma victoire au championnat du monde, cela n’avait pas été aussi long. J’ai fait tout le monde, je pense ! C’est incroyable…"
Cela vous surprend ?
"Oui, quand même un peu. Au Mondial, il y avait déjà pas mal d’interviews de médias étrangers. Mais ici, ce sont des questions au sujet de la saison qui arrive. Pas au sujet d’une prestation sur une course. C’est spécial, qu’ils veulent tous déjà me suivre. Mais ces journées de presse, ces interviews, ces questions, cela fait désormais partie de mon nouveau métier. Je dois répondre… Il faut le faire."
Et vous aimez ça ?
"Si les questions ne sont pas trop bêtes, alors ça va ! Vous voilà prévenus ! (rires) "
Vous avez peur de cette pression médiatique ?
"Non. Je laisse tout ça derrière moi. Je me concentre sur mon boulot, sur mes entraînements, sur la nourriture, sur mon repos, sur mon métier. Ce qui reste le plus important pour un cycliste. Je fais attention aussi à mon repos. Comme lundi après un entraînement de six heures. Je suis allé me coucher tôt."
Vous allez être très suivi pour vos débuts chez les pros. Cela ne vous stresse pas ?
"Je sais rester calme. Je n’oublie pas que je ne suis que néopro. Bien sûr, je rêve de gagner des courses. Car je suis un gagneur. Mais je sais que je suis encore très jeune. Laissez-moi le temps de grandir. Là, je suis surtout impatient de commencer. J’ai envie de voir comment cela va se dérouler. Je suis impatient de découvrir la manière de courir chez les pros. Je commence à compter les jours. J’attends le 20 janvier avec impatience, pour partir en Argentine. Pour être plongé dans l’ambiance de la course (NdlR : qui débutera le 27) ."
"Rester moi-même et garder le sourire"
Remco Evenepoel s’est bien intégré dans sa nouvelle équipe.
Lors de chacune de nos rencontres avec Remco Evenepoel, que ce soit à Vresse-sur-Semois, en mai dernier, où il avait été champion de Belgique du contre-la-montre, lors de l’inauguration de son fan-club R.E.V 1703 Hainaut à Houdeng-Aimeries ou lors de cette présentation de Deceuninck-Quick Step à Calpe, le jeune coureur est constamment apparu poli, souriant, affable. Mais aussi très mature.
"Je veux rester moi-même, quoi qu’il arrive : c’est le plus important dans la vie", commente celui qui n’a que 18 ans. "Avec la famille, avec les amis, avec les relations de travail. Mais aussi avec le monde extérieur. Il faut rester poli, avoir le sourire et prendre du plaisir. J’essaie d’en avoir dans tout ce que je fais. Aux interviews, aux entraînements… Le plaisir est primordial pour bien faire ce que tu fais. J’imagine que vous aussi vous prenez du plaisir à écrire des articles…"
De tous les avis récoltés lors de notre séjour à Calpe, en Espagne, Remco Evenepoel s’est bien intégré dans sa nouvelle équipe.
"Je n’ai pas eu de complexe par rapport aux grands leaders", précise-t-il. "Mais cela a été assez facile de s’intégrer car c’est vraiment un chouette groupe. Dans lequel j’ai été bien accepté. On rigole bien. C’est comme si j’y étais depuis cinq ans. Je pense que c’est la force de cette équipe, tout le monde est ami."
Et sérieux en sachant être détendu. À l’image d’Evenepoel.
"Tout le monde sait ce qu’il doit faire. Et tout le monde veut gagner. C’est d’ailleurs la définition du Wolfpack. Cette façon de fonctionner me plaît : on sait être très sérieux et prendre le temps de rigoler…"
Il espère aussi beaucoup apprendre ces prochains mois.
"Je suis ici avec des pros très expérimentés", ajoute-t-il. "Je suis entouré d’adultes. Cela m’aide à grandir. D’une manière générale, je pense être assez mature. Et assez sûr de moi."
"Cela m’énerve quand on compare des coureurs !"
Avec sa domination dans la catégorie des juniors ces deux dernières années, quand il lui arrivait de doubler… le peloton sur certaines courses, mais aussi avec ses doubles titres (route et chrono) de champion de Belgique, d’Europe et du monde, Remco Evenepoel a souvent été décrit comme le nouveau Eddy Merckx. Le nom de Frank Vandenbroucke a lui aussi été évoqué, en référence à la précocité de VDB, qui avait gagné dès ses débuts chez les pros, à 19 ans (une étape du Tour Med). Des comparaisons que le principal intéressé n’apprécie pas.
"Cela m’énerve un peu quand on compare des coureurs" , explique-t-il avec son franc-parler. "Ce n’est pas malin, je trouve. Eddy Merckx, à son époque, il gagnait tout. C’était une période lors de laquelle on pouvait tout combiner : Paris-Roubaix et le Tour de France. Dans le cyclisme d’aujourd’hui, cela ne se fait plus. Chris Froome ne va pas gagner Paris-Roubaix. C’est donc, selon moi, incomparable. Mais ceux qui veulent comparer peuvent le faire s’ils le veulent… Je ne m’arrête pas à ça…"
"J’ai déjà beaucoup appris "
Il a tenu à perdre du poids entre les deux stages de son équipe.
Il n’est officiellement pro que depuis le premier janvier. Mais il était déjà dans le premier stage de son équipe, en décembre, et avait déjà auparavant pris part à d’autres rassemblements de sa formation.
Qu’avez-vous appris lors de ces stages de préparation ?
"Que je sais suivre les entraînements… J’ai surtout appris au niveau des soins des coureurs pros en hiver. Je pensais que c’était un peu moins poussé. Tout le monde était déjà bien au stage de décembre. Quand je suis arrivé à ce premier stage, je me suis rendu compte que j’étais un peu trop lourd. J’avais pris un peu trop de poids pendant la pause. Cela m’a donné une sorte de déclic. Depuis, j’ai perdu ces kilos en trop. Et je constate la différence."
Comment ?
"En étant plus léger de deux ou trois kilos, je vais plus vite à l’entraînement sur le vélo. Je roule plus facilement. Le poids est très important, même en hiver. Et comme Philippe Gilbert l’a dit lors de ce Media Day, il faut déjà avoir une bonne forme maintenant si on veut être au top en avril. Alors que c’est dans trois mois… Mais c’est une de mes forces : je sais être très motivé et très concentré sur un objectif. Je fais tout pour avoir une bonne hygiène de vie, me soigner. C’est dans mon tempérament : quand je fais quelque chose, je le fais toujours à 100 %. Raison pour laquelle je préfère me concentrer sur un seul domaine et ne pas m’éparpiller. Je n’ai par exemple pas envie de combiner mon métier avec des études."