En stage avec Wanty-Gobert: "Un seul objectif : être dans le top 2 de la Division 2"
Jean-François Bourlart, le manager, évoque les ambitions de son équipe.
- Publié le 19-01-2019 à 08h27
- Mis à jour le 19-01-2019 à 08h42
Jean-François Bourlart, le manager, évoque les ambitions de son équipe. Sur les bords de la Costa Blanca, les feuilles de palmiers tremblent sous les bourrasques du vent. Et du ballet incessant des équipes cyclistes qui s’y entraînent. Celles du World Tour, mais aussi les procontinentales. Comme Wanty-Gobert. La formation belge a changé le lieu de son stage cette année. Il n’est plus basé à Benidorm, mais juste à côté, à l’Alfas Del Pi, où elle a effectué ce vendredi après-midi sa traditionnelle présentation. Par contre, l’équipe n’a pas changé sa philosophie et son ambition : après avoir remporté trois fois le classement final de l’Europe Tour, elle veut rester la meilleure procontinentale sur l’ensemble de la saison.
Interview de Jean-François Bourlart, le manager de l’équipe.
Jean-François, après trois victoires consécutives à l’Europe Tour, finir parmi les meilleures équipes procontinentales reste votre ambition ?
"Oui, clairement. Nous voulons finir parmi les deux premières équipes de la Division 2. C’est très important : les deux meilleures de la saison 2019 seront automatiquement invitées sur les grandes courses en 2020. Car il n’y a désormais plus qu’un seul classement qui compte : le World Ranking. Qui reprend toutes les équipes, dont celles du World Tour. On pourrait, par exemple, finir quinzième, mais n’être que la troisième procontinentale… Ou être dix-neuvième tout en étant la première procontinentale. C’est une compétition dans la compétition."
Tous les points vont compter cette saison. Cela va être plus compliqué pour votre équipe ?
"Disons que cette réforme va donner plus d’ambitions aux autres équipes. On voit d’ailleurs qu’elles ont été actives sur le marché des transferts. Arkéa-Samsic a engagé André Greipel. S’il gagne une dizaine de courses en 2019, il va prendre des points pour son équipe, qui devient un sérieux adversaire en plus. Direct Énergie a pris Niki Terpstra. S’il gagne le Tour des Flandres, il ramène 500 points d’un coup. Nous, on doit gagner quatre fois pour avoir 500 points… Il y aura d’autres candidats que Cofidis et nous pour cette lutte pour être dans les deux meilleures équipes de la division 2…"
C’est bien, cette réforme ?
"Oui. Nous la réclamons d’ailleurs depuis longtemps. Et nous avons beaucoup de respect pour les organisateurs qui sélectionnent déjà les meilleures équipes pour leurs épreuves. C’est comme cela que cela devrait aller. Donner la chance aux meilleures équipes de la deuxième division d’accéder à la première. Un système de montée et descente dans le World Tour pourrait être pas mal."
Le recrutement de l’équipe a été orienté en vue de ce World Ranking ?
"Non. Nous n’avons pas perdu beaucoup de coureurs. Ceux qui sont partis et qui pouvaient nous prendre des points comme Guillaume Van Keirsbulck ou Dion Smith ont été bien remplacés. Nous avons maintenant Loïc Vliegen, qui peut aller nous chercher des points. Et nous avons nos coureurs à nous, qui, avec un an de plus, vont monter en puissance dans le rôle de Smith. Comme Xandro Meurisse et Christian Eiking."
Outre ce top 2 de la Division 2, il y a d’autres objectifs ?
"Dans l’ensemble, j’espère que nous gagnerons entre 15 et 20 courses. Nous avions 13 succès en 2018. On progresse chaque année, donc on peut en espérer plus. Il y a le Tour de France, sur lequel on veut se montrer. Mais le seul objectif de l’année, et il sera la somme de tous nos résultats, c’est de terminer dans les deux premières équipes procontinentales. Si on y arrive, notre saison sera réussie."
"Nous devons être plus ambitieux au Tour"
L’équipe rêve de gagner une étape et veut s’imposer plus souvent en World Tour.
L’équipe Wanty-Gobert misera cette saison notamment sur Guillaume Martin, Loïc Vliegen et Xandro Meurisse, ou sur ses coureurs rapides comme Andrea Pasqualon et Timothy Dupont.
Cette saison 2019 sera marquée par votre troisième participation au Tour de France…
"Oui, et nous devons revoir nos ambitions à la hausse sur le Tour de France. On a participé à deux reprises, mais sans gagner d’étape. L’année passée, on s’est bien battu pour le maillot blanc, on a porté le maillot à pois trois jours. C’était pas mal. Mais on doit être ambitieux et viser une victoire d’étape. Bien sûr, avec le Grand Départ à Bruxelles et l’étape qui va démarrer à Binche, nous chercherons à animer la course, à nous montrer. Mais nous avons aussi des coureurs qui pourraient être bien sur certaines étapes en 2019."
À qui songez-vous particulièrement ?
"Nous avons plusieurs gars du niveau World Tour. Comme Andrea Pasqualon, qui peut franchir un nouveau cap. Il a gagné le Tour du Luxembourg, terminé 4e à Francfort ou encore 6e de la Flèche brabançonne. Je pense également à Guillaume Martin, bien évidemment. Il a 25 ans, il devient plus fort. Il doit encore améliorer son placement, mais on croit en lui. Il y a aussi Christian Eiking. Il a du talent. Nous n’étions pas satisfaits de lui l’an passé et il s’est repris en remportant une étape du Tour de Wallonie. J’espère qu’il a compris la leçon. Ensuite, il y a Xandro Meurisse, qui a franchi un cap, tout le monde l’a vu aux championnats d’Europe et du monde. Et je pense encore à Loïc Vliegen. Sur lequel on compte beaucoup sur les classiques et qui pourrait être très précieux pour Guillaume Martin au Tour de France. Le boulot de Naesen au Tour pour Bardet, Loïc peut le faire pour Guillaume aussi. Et il pourra penser à lui sur certaines étapes."
Gagner en World Tour s’apparente donc à une mission tout à fait possible pour vous et votre équipe ?
"Oui. On veut le faire à nouveau. Nous y étions parvenus en 2016 (NdlR : avec la victoire d’Enrico Gasparotto lors de l’Amstel Gold Race) . Mais pas en 2017 et 2018. On sait que c’est difficile, mais à un moment donné, il faut qu’on y arrive. On doit viser des succès sur des épreuves comme le Tour de Catalogne ou Francfort, des épreuves World Tour à notre portée. Cela fait partie de notre évolution."
"On pense toujours au World Tour"
Partie à la base d’un club de jeunes, le VC Ath, l’équipe Wanty-Gobert a franchi de nombreuses divisions ces dernières années. Va-t-elle continuer à grimper et devenir une formation World Tour ? "Nous sommes toujours aussi ambitieux", répond Jean-François Bourlart. "Mais il nous manque un sponsor pour franchir le pas. C’est un peu pour ça que l’équipe s’appelle désormais Wanty-Gobert et plus Wanty-Groupe Gobert. Parce que nous préparons le terrain pour un sponsor. Soit un premier, soit un troisième. Si on a le budget, on franchira le pas. Si nous, on ne peut pas postuler pour le World Tour après avoir gagné trois fois le classement de la deuxième division, il y en a peu qui peuvent le faire… Ce serait, à mes yeux, la suite logique pour l’équipe. On continue de grandir comme on le fait depuis le début. On continue de s’améliorer sur de nombreux points, comme avec l’arrivée de Samuel Bellenoue pour superviser notre cellule performance. Mais on a le temps. Le World Tour, c’est un projet à long terme."