Egan Bernal n'a pas le choix, il doit écraser les quatre dernières étapes du Tour de Suisse
Le jeune grimpeur colombien de 22 ans rêve d'un rôle de leader sur le Tour de France. S'il a déjà montré bien des choses cette saison, il va devoir être excellent, d'ici à la fin du Tour de Suisse, pour espérer titiller Geraint Thomas dans la hiérarchie.
- Publié le 20-06-2019 à 14h26
- Mis à jour le 20-06-2019 à 15h16
Le jeune grimpeur colombien de 22 ans rêve d'un rôle de leader sur le Tour de France. S'il a déjà montré bien des choses cette saison, il va devoir être excellent d'ici à la fin du Tour de Suisse, pour espérer titiller Geraint Thomas dans la hiérarchie.
Le forfait de Chris Froome et la chute de Geraint Thomas au Tour de Suisse ne l'ont peut-être pas dérangé autant que les beaux discours de façade pourraient le laisser croire. Loin de nous l'idée de juger le fond d'Egan Bernal, qui a probablement été choqué par la gravité des blessures du quadruple vainqueur du Tour avant d'être refroidi par la chute du tenant du titre, qui s'est déroulée sous ses yeux, en Suisse. Mais alors que le Team Ineos allait probablement lui demander d'aider Froome et Thomas sur la Grande Boucle, dans l'espoir d'effacer un Giro compliqué (suite à son propre forfait, lui qui s'était cassé la clavicule à l'entraînement), voilà qu'il vient de grimper dans la hiérarchie aussi vite qu'il progresse sur le vélo.
Mais même si Geraint Thomas se présentera au départ de Bruxelles avec un léger déficit de compétition, probablement compensé par de grosses séances d'entraînement, il y a fort à parier que le Gallois sera l'atout n°1 d'Ineos sur le papier. Son expérience, surtout celle de l'année dernière, parle pour lui et la formation britannique n'a jamais précipité les choses quand il s'agissait d'assurer un passage de témoin entre deux leaders. A 22 ans, Bernal peut encore patienter. Après tout, il n'a qu'une course de trois semaines dans les jambes: le Tour 2018, au cours duquel il s'était sacrifié pour Thomas et Froome, déjà.
Après avoir remporté le Tour de Californie la saison dernière, le Colombien a franchi un cap en triomphant à Paris-Nice, cette saison. Enchaîner avec le Tour de Suisse est un minimum, au vu de la concurrence limitée à Enric Mas ou Marc Soler. Le premier cité peut se vanter d'avoir pris la deuxième place de la Vuelta 2018 mais il n'a pas encore confirmé cet exploit, se contentant d'une onzième place finale au Tour du Pays basque et d'une neuvième en Catalogne. Soler, lui, a tout simplement disparu de la circulation depuis son magnifique printemps 2018 qui l'avait vu remporter Paris-Nice. S'il veut s'affirmer avant le Tour, Bernal devra donc assumer ses responsabilités en cette fin de semaine. Pour ce faire, il dispose de quatre étapes qui lui conviennent.
Ce jeudi, l'arrivée sera jugée au sommet d'une montée sèche de 8,4 kilomètres (pente moyenne: 9,2%). Samedi, un col de première catégorie précédera la montée finale de 12 kilomètres (pente moyenne: 7,4%), dont les derniers lacets sont… pavés. Samedi, un contre-la-montre plat comme la main de 19 kilomètres devra confirmer qu'il n'a rien à envier à Geraint Thomas dans l'exercice, avant l'étape reine de dimanche: 101 kilomètres de course seulement, mais avec trois cols hors-catégorie et une arrivée au bas de la dernière descente.
"Ce sera ma première étape de montagne depuis longtemps, je suis impatient", expliquait Bernal ce mercredi à propos de l'étape de ce jeudi. "Je ne sais pas exactement à quoi m'attendre. Je ferai juste de mon mieux et je ne sais pas ce que le résultat sera. Je me sens bien à l'entraînement, mais c'est toujours différent en course. Le grand objectif est le Tour donc cette course est un entraînement exigeant pour ça, mais j'espère être à fond."
Au vu de la faiblesse du plateau sur ce Tour de Suisse, le jeune prodige ne peut pas se contenter de "faire de son mieux". Même s'il n'est pas censé être déjà à 100% de ses capacités, il doit écraser ces quatre dernières étapes pour s'affirmer comme un vainqueur potentiel du Tour dès cette année. Et encore, cela ne lui garantira pas d'être le numéro 1 sur la Grande Boucle, où il devra sans doute espérer des faits de course favorables avant la 14e étape et le test grandeur nature que représente l'arrivée au sommet du Tourmalet, pour ne pas devoir y rouler pour son équipier gallois.