Eddy Merckx sous le charme de Bernal, vainqueur de Paris-Nice: "Si Sky le sélectionne, il gagne le Tour dès cette année"
À 22 ans, le talentueux Colombien a gagné la Course au soleil. En attendant mieux.
- Publié le 17-03-2019 à 21h35
- Mis à jour le 17-03-2019 à 23h31
À 22 ans, le talentueux Colombien a gagné la Course au soleil. En attendant mieux. Dave Brailsford, le manager de la Sky, aurait sans doute aimé voir Michal Kwiatkowski gagner Paris-Nice et d’ailleurs la formation britannique fit tout pour que le Polonais s’impose avant de devoir se rendre à l’évidence, samedi, dans les derniers kilomètres du Turini. Cela montait trop vite pour Kwiato qui a montré ses limites, contrairement à Bradley Wiggins ou Geraint Thomas, autres rouleurs devenus grimpeurs et qui ont gagné le Tour de France ensuite.
Egan Bernal, qui a prolongé la série des victoires de l’équipe anglaise dans la Course au soleil, s’inscrit plus dans la lignée de Chris Froome avec, de surcroît, des qualités que le Kenyan blanc ne possède pas autant.
"Egan n’est pas qu’un grand grimpeur, il sait tout faire", a reconnu Kwiatkowski. "Il a toutes les qualités pour gagner chacun des trois grands tours."
Nicolas Portal, leur directeur sportif, a lui aussi été agréablement surpris par le Colombien.
"Egan apprend très vite", dit le Français. "On connaissait ses énormes qualités de grimpeur, mais en plus, il a démontré qu’il sait frotter, il est fort sur le plat, il sent la course…"
Eddy Merckx est subjugué.
"Si Sky le sélectionne, il gagne le Tour dès cette année", dit le Bruxellois qui en connaît un rayon. Mais chez les Britanniques, chaque chose se fait à son rythme, cette année, Egan Bernal ira sur le Giro pour le gagner et, sans doute, sur le Tour, pour aider Froome et/ou Thomas à conquérir un autre maillot jaune.
Attaqué dès la mi-course par Nairo Quintana, Bernal ne s’est jamais affolé et il a appliqué à la lettre la tactique de son équipe qui veut que plus on reste longtemps groupé, plus on est fort. À l’arrivée, le jeune Colombien a donc enlevé la course devant son aîné et idole.
"Le parcours de Nairo, qui est un ami, a été une grande inspiration pour beaucoup de Colombiens", dit Bernal. "C’est le plus grand coureur de grands tours de notre pays. J’en étais fan, j’espère qu’il gagnera quelque chose de sympa cette année et je crois qu’il sera un jour le premier Colombien à remporter le Tour."
Car Bernal, ancien vététiste, qui rêva un moment devenir journaliste politique (il avait débuté des études de communication) est attendu un jour en jaune sur les Champs-Élysées par tous les observateurs.
"Je préfère ne pas y penser, gagner le Tour, c’est vraiment énorme", dit-il. "Gagner Paris-Nice, c’est super, un sentiment extraordinaire. Je n’arrive pas à y croire. L’équipe tout entière a roulé très fort à l’avant. On savait que c’était le dernier jour et qu’il fallait tout donner. Quintana a été très fort, mais nous avions Kwiatkowski, Sosa, Tao… Quand il a accéléré, j’ai hésité à le suivre mais je me serais retrouvé tout seul, j’ai préféré rester calme."
Bernal disputera bientôt le Tour de Catalogne avant de préparer le Giro.
"Je préfère ne pas me demander si je peux gagner ou non", dit-il. "Je suis jeune, je dois apprendre… et garder les pieds sur terre. Paris-Nice, comme la Romandie ou le Dauphiné, c’est huit jours. Un grand tour, c’est 21 jours à bloc. Je vais m’essayer au Giro et on verra. Peut-être perdrais-je 20 minutes le dernier jour. C’est beaucoup de pression, pour la première fois, je serai leader. Je sais, j’aurai une bonne équipe à mes côtés, mais je dois encore apprendre."