Davide Rebellin: "C’est la passion et l’amour du vélo qui me poussent à continuer"
- Publié le 25-05-2018 à 20h56
À bientôt 47 ans, Davide Rebellin est l’attraction de ce Tour de Belgique, sur lequel il veut s’imposer ce samedi. Le contraste est saisissant. Au sein du peloton de ce Baloise Belgium Tour, il y a des visages très jeunes, comme ceux des néopros Julien Mortier ou Franklin Six ou ceux de l’équipe nationale espoir, et des visages plus ridés. Ceux des trentenaires. Et celui d’un quarantenaire : Davide Rebellin, qui aura 47 ans en août.
L’Italien est une des attractions de ce Tour de Belgique. Sur lequel il a encore des fans. Le vétéran italien n’est pas un anonyme de ce peloton : il est régulièrement arrêté pour signer un autographe ou poser pour un selfie. "C’est un plaisir d’être ici, sur une très belle course que je suis content de découvrir, car je ne l’avais jamais disputée", explique celui qui porte le maillot de l’équipe de Geoffrey Coupé, Sovac Natura 4 Ever. "On sent que la Belgique est le pays du vélo, que c’est un sport qui est vraiment très aimé ici. Et c’est un pays qui me tient à cœur, car c’est ici que j’ai gagné les plus belles courses de ma carrière."
Il fait référence à son succès à Liège-Bastogne-Liège (en 2004, l’année de son triplé sur les Ardennaises avec des victoires à l’Amstel, la Flèche et la Doyenne). Et à la Flèche wallonne. Qu’il a remportée trois fois. "Samedi, avec l’étape reine de cette épreuve, à Wanze ce sera vraiment très particulier pour moi, car le Mur de Huy est au programme", évoque encore Davide Rebellin. "Je n’ai plus disputé la Flèche wallonne depuis 2009 et ma dernière victoire sur cette classique. Mais je ne suis pas ici que pour les souvenirs. Je suis là aussi pour faire des résultats. Notamment sur cette étape, qui me convient et qui me motive."
À 46 ans, que peut-il encore viser face à la nouvelle génération, face à des puncheurs qui pourraient être ses enfants ? "Je me sens encore bien, je me sens encore performant, raison pour laquelle je continue à faire de la compétition", répond-il. "Et je pense que je peux encore gagner. Y compris samedi. Je viens de m’imposer sur une épreuve en Algérie. D’accord, ce n’est pas le même niveau que sur ce Tour de Belgique, mais je pense que je peux jouer la victoire samedi."
"Je ferai toujours du vélo"
Davide Rebellin ne se voit pas arrêter de pédaler.
Quand son transfert dans l’équipe de Geoffrey Coupé a été officialisé, ce dernier nous avait lancé cette boutade : "Ce serait génial de voir notre équipe au départ de la Flèche wallonne, pour les 50 ans de Rebellin !" Quand on rappelle cette anecdote au coureur italien, il ne peut s’empêcher de sourire. "Je ne sais pas quand je vais arrêter, mais c’est vrai que Geoffrey a un projet avec cette équipe, qu’il veut faire évoluer, grandir" , explique-t-il.
Mais jusque quand Davide Rebellin se voit-il faire de la compétition ? "Honnêtement, je ne peux pas vous répondre. Je décide chaque fois en fin d’année si je continue ou pas. Je fais le bilan, au niveau de mon envie, de mes résultats. Jusqu’à présent, l’envie est toujours bien là. Comme les résultats. Vous savez, j’ai fait ma carrière. Et je suis content de ce que j’ai réalisé. Si je continue, c’est uniquement pour le plaisir. Je n’ai donc pas de pression, tout ce qui compte, c’est de prendre du plaisir. Et j’en prends toujours à faire des résultats."
Après avoir connu les plus grandes équipes, mais aussi les plus grandes épreuves, comment vit-il le faire de rouler sur des courses de moins grande envergure, au sein de petites formations continentales, lui qui se change par exemple dans la voiture de Sovac-Natura 4 Ever, au pied des bus des teams du WorldTour ? "C’est vrai que je cours à un niveau inférieur, mais c’est plaisant aussi. Cela reste de belles expériences de vélo, et je suis encore énormément passionné par mon sport. C’est pour ça que je continue. J’ai un grand amour du cyclisme, J’aime découvrir comment il est en Afrique et en Asie, où je viens de courir. J’apprécie d’aller à la rencontre des autres réalités. Et d’un point de vue général, j’adore tout simplement faire du vélo. D’ailleurs, je ne me vois pas ne plus en faire. Donc même quand je vais arrêter la compétition, je continuerai à pédaler, à m’entraîner."
"Il y avait plus de fantaisies avant"
Vingt-six. Davide Rebellin est dans sa 26e saison en tant qu’élite, lui qui a commencé sa carrière pro en 1992, chez GB-MG Magnificio, avant de passer chez Polti, Française des Jeux, Liguigas et Gerolsteiner. Qu’est-ce qui a changé dans son métier, par rapport à ses débuts ? "C’est surtout la façon de courir qui a changé", répond-il. "C’est aujourd’hui beaucoup plus contrôlé. Et puis il y a aussi la technologie, qui permet de faire de la vélocité plus élevée avec un matériel qui a vraiment évolué, au niveau de la qualité des roues ou des vélos. Il y a aussi le calcul des watts. Je préférais les courses avant. Je trouve qu’il y avait plus de fantaisies quand il y avait moins de contrôle de la course. Mais c’est l’évolution." L’évolution, c’est aussi un cyclisme plus propre aujourd’hui comparé à l’époque des meilleures années de Davide Rebellin. Qui a été pris pour dopage à la CERA aux Jeux Olympiques de Pékin et suspendu deux ans avant d’être blanchi en 2005 pour vices de procédure.