Dans quel état sont les Belges avant Milan-Sanremo? "Philippe est en forme"
La Primavera s’est toujours refusée à Philippe Gilbert, qui en rêve encore.
- Publié le 22-03-2019 à 21h01
- Mis à jour le 23-03-2019 à 08h30
La Primavera s’est toujours refusée à Philippe Gilbert, qui en rêve encore.
"Sur ce que j’ai vu de loin de Tirreno, le grand favori, c’est Julian (Alaphilippe)", dit Philippe Gilbert avant Milan-Sanremo.
Alors qu’il entame sa dix-septième saison chez les pros, la Primavera reste pour le Liégeois un des grands objectifs. Un des deux monuments, avec Paris-Roubaix, qui ne figure pas (encore ?) à son exceptionnel palmarès.
"Cela reste une course que j’aime" , dit le coureur de Deceuninck-Quick Step qui va la disputer pour la quinzième fois. "Le fait qu’elle soit ouverte fait son charme. Elle est mythique. D’un autre côté, c’est tellement difficile de s’y imposer. Je l’ai découverte jeune et, vraiment, j’adore. Je m’y suis toujours trouvé à l’aise. Comme beaucoup, à mes débuts, j’ai pensé que je pourrais la gagner et la presse l’a assez affirmé. Me voilà quinze ans plus tard avec deux places de troisième…"
Plusieurs fois, l’ancien champion du monde a tenté sa chance. En vain.
"Finalement, la fois où je suis peut-être passé le plus près, c’était en 2007" , dit Gilbert. "J’étais parti sur le Poggio avec Ricco, on a été repris sur le dernier kilomètre. C’est cette année-là que j’y ai le plus cru, mais, à la fin, ce qui restait du peloton est rentré sur nous…"
La finale de la Classic issima sert régulièrement de terrain d’entraînement au Monégasque.
"J’ai beau y aller régulièrement, il n’y a qu’en course que je peux faire la descente du Poggio à fond, dans les conditions que l’on aura ce samedi" , fait-il remarquer. "Or, c’est là que ça se joue toujours. On peut remonter deux ou trois places dans la descente, mais pas plus et en bas ça file très vite vers l’arrivée. Avant cela, à la Cipressa, on comprend si l’on est bien ou non, si l’on peut aller avec quand ça accélère un grand coup une première fois."
Pour l’avoir tant courue, Gilbert sait ce qui rend la classique si compliquée.
"Car il y a plein de types de coureurs différents au départ qui peuvent gagner", dit-il. "Il n’y a pas beaucoup de sélection non plus. Quand on regarde le top 10 des classiques historiques, il n’y a qu’à Milan-Sanremo où il y a régulièrement un ou des noms surprenants. Dans les autres monuments, il y a très peu de noms de gars dont on se demande ce qu’ils font là ou ce qui s’est passé cette année-là. Ça arrive aussi parfois sur Paris-Roubaix, où de temps en temps il y a un gars qui a survécu de l’échappée. Il y a des coureurs qui font trois résultats dans leur vie et un top 10 à Sanremo, jamais à Liège, au Tour des Flandres ou en Lombardie. "
Cette année, Philippe Gilbert peut profiter du marquage qui va frapper ses partenaires, Viviani et Alaphilippe.
"C’est mieux d’avoir beaucoup d’atouts", analyse-t-il. "Et on sait gérer, on a des bons équipiers et, même si certaines équipes sont très fortes, leurs coureurs ne prennent jamais leurs responsabilités, contrairement à nous. On a eu deux jours pour discuter avec l’équipe. C’est vrai que nous avons aussi avec Elia Viviani un autre grand atout que Julian et donc différentes manières de pouvoir gagner. Julian et moi, on est un peu plus dans le même registre, même si l’on a vu qu’il peut aussi gagner un sprint massif."
Depuis un mois, l’ancien n° 1 mondial affiche une condition très prometteuse.
"Ma forme est intéressante depuis le début de la saison" , reconnaît Philippe Gilbert. "J’ai eu un bon hiver, donc autant en profiter. Je ne suis pas moins explosif qu’autrefois, mais il faut un peu de réussite. Sagan l’an passé a laissé partir Nibali. Après, il faut assumer derrière et l’Italien l’a fait ! Pour moi, l’idéal serait qu’il n’y ait pas trop de vent et qu’ainsi la course soit plus ouverte. Le vent, qu’il souffle de face ou même de dos, car on tourne dans le Poggio avec tous les lacets, bloque la course (NdlR : la météo annonce un très faible vent du sud cet après-midi et 18 °C). S’il n’y en a pas, ce serait plus avantageux pour des mouvements."
Tom Steels : "Philippe est en forme"
Le directeur sportif de Deceuninck-Quick Step a vu le Liégeois grandir à Paris-Nice.
Tom Steels est un des directeurs sportifs et aussi un des entraîneurs de Deceuninck-Quick Step, l’équipe à battre sur Milan-Sanremo.
"C’est la course et la force de nos adversaires qui vont décider de son déroulement", dit l’ancien quadruple champion de Belgique. "Mais c’est quand même un bel avantage d’être dans notre position de luxe, avec plusieurs favoris. Ce serait quand même un miracle que les trois (Alaphilippe, Gilbert et Viviani) soient encore ensemble au Poggio. Avant cela, s’il y a une attaque à la Cipressa, on peut en mettre un. N’oubliez pas qu’on a aussi Stybar, même s’il est là pour aider l’équipe. Mais c’est quelqu’un qui peut gagner aussi."
Steels était sur Paris-Nice où il a vu un excellent Gilbert.
"L’édition que l’on a vécue est une des plus dures que j’ai vues, avec les premiers jours dans le vent", dit Steels. "Toutes les étapes ont été très rapides. Philippe est dans une grande forme. Les premiers jours, deux fois, il a dû remonter après avoir été repoussé pour diverses raisons dans les troisième ou quatrième éventails. À ces occasions, il a déjà prouvé qu’il était très fort. Il n’a pu récupérer ensuite car la course a été très nerveuse de bout en bout et à la veille de l’arrivée, il a fait une échappée incroyable qui a failli réussir. L’important, cette semaine, c’était de récupérer de toute cette fatigue, de rester en bonne santé et de gagner ainsi 5 % en plus pour les classiques. À commencer par Milan-Sanremo."
"Tout peut arriver"
Greg Van Avermaet veut débuter en force sa campagne des classiques.
Pour Greg Van Avermaert, noblesse oblige, seul un succès dans une grande classique, et Milan-Sanremo en est évidemment une, peut couronner positivement la campagne printanière. La Primavera n’est bien sûr pas la classique qui convient le plus au Flandrien, qui va la disputer pour la douzième fois de suite. Avec, à la clé, deux places parmi les dix premiers, 9e en 2011 et 5e, il y a trois ans.
"Mais en 2012, la chute de Trentin dans la dernière ligne droite m’a aussi privé d’une place dans le top 10 et d’autres fois, après avoir attaqué et avoir été repris, je n’ai pas vraiment sprinté", rappelle l’incontestable leader de la CCC. On se souviendra qu’il avait ainsi entamé seul en tête la descente du Poggio en 2015.
Sur la Classicissima, Greg Van Avermaet sera épaulé par ceux qui étaient avec lui à Tirreno-Adriatico, renforcés par Alessandro De Marchi, sorti en forme de Paris-Nice et qui remplace Joey Rosskopf.
"Nous savons tous que, malgré sa longueur, Milan-Sanremo est une course facile à terminer, mais l’une des plus difficiles à gagner, dit le champion olympique. C’est aussi l’une des courses les plus ouvertes. Tous ceux qui sont toujours là sur le Poggio ont une chance. J’ai été dans le top 10 à deux reprises et je sais que je peux faire une bonne performance, surtout si la course est dure. C’est toujours après une épreuve difficile que je peux faire un bon sprint. Tout peut arriver dans Milan-Sanremo, donc je vais donner tout ce que j’ai. Mon but est de gagner un monument, et Sanremo en est un. "
À la veille du début des classiques flandriennes, Van Avermaet est en condition.
"Je me sentais vraiment bien à Tirreno, dit-il. Ce fut une course de préparation parfaite pour ce qui arrive à partir de Milan-Sanremo."
"Gagner une classique"
Jamais Oliver Naesen n’a débuté la série des classiques dans la forme qui est la sienne. À Paris-Nice, le Flandrien "pédalait dans le beurre", comme on a pu le voir dans la dernière étape. "L’an dernier, c’était ma première participation", dit Naesen. "J’ai passé la journée à me cacher, à attendre, à éviter le plus possible la débauche d’énergie, à manger, à boire… J’ai survécu sans le moindre souci à la Cipressa, puis Cavendish a percuté un poteau de signalisation avant le Poggio et je me suis retrouvé à l’arrêt, coincé contre un mur avec Phil (Gilbert) , c’était perdu. À Milan-Sanremo, vous pouvez ne pas obtenir de résultat avec des jambes de feu et terminer dans les cinq premiers sans être en grande forme. Je peux difficilement être plus en condition que je le suis. Je suis très confiant après Paris-Nice. Ma préparation hivernale a été idéale et mon début de saison aussi. Je peux obtenir un top 10 car je ne me vois pas lâché sur la Cipressa ou le Poggio, mais gagner face à Alaphilippe, Gaviria ou Viviani, ce sera dur. J’espère vraiment gagner une classique cette année." E. d.F.
"Le Poggio peut convenir à Teuns"
Dylan Teuns fait partie des sept coureurs que Bahrain-Merida aligne sur la Primavera. "Dylan est un coureur explosif, le Poggio peut lui convenir mais, après, pour gagner Milan-Sanremo, il faut vraiment que toutes les pièces du puzzle se mettent en place", dit Rik Verbrugghe, un des directeurs sportifs de la formation. "Nous avons une belle équipe avec Vincenzo Nibali, le vainqueur sortant, Teuns, donc, mais aussi Haussler, Colbrelli, Mohoric… On peut être présents sur tous les terrains et dans tous les scénarios possibles, avec des attaques de loin, sur le Poggio ou au sprint. On a hésité à mettre Ivan Cortina qui était en grande forme à Paris-Nice, mais il faut aussi des équipiers pour encadrer tous ces coureurs plus ou moins protégés." Ce seront Koren et Sieberg. "J’ai enregistré de bonnes sensations à Tirreno-Adriatico qui confirme que ma forme grandit", confie Vincenzo Nibali.