Contre le vent et maintenant contre la montre, Bernal progresse à toute vitesse
Après avoir résisté à trois étapes balayées par le vent, le grimpeur colombien a brillé dans le contre-la-montre de ce jeudi là où la plupart de ses compatriotes lâchent souvent de précieuses minutes. Une nouvelle preuve que le garçon apprend vite.
- Publié le 14-03-2019 à 17h33
- Mis à jour le 14-03-2019 à 17h42
Après avoir résisté à trois étapes balayées par le vent, le grimpeur colombien a brillé dans le contre-la-montre de ce jeudi là où la plupart de ses compatriotes lâchent souvent de précieuses minutes. Une nouvelle preuve que le garçon apprend vite.
1,74m pour 64 kilos : des mensurations qui ne prêtent pas à l'optimisme, en cyclisme, quand il vous est demandé de batailler deux étapes complètes sur des routes balayées par le vent avec des spécialistes qui ont l'habitude de disputer les classiques flamandes. Pourtant, apprendre les bordures est un passage obligé pour quelqu'un qui veut un jour ramener le maillot jaune à Paris. Ces dernières années, le Tour de France fut en effet le théâtre de belles bagarres lorsque le vent soufflait de côté et certains y ont abandonné leurs seules chances de rivaliser avec l'armada Sky.
Egan Bernal l'a bien compris et s'est comporté comme un véritable renard lors des étapes de dimanche et lundi. Celle de mardi était beaucoup plus calme, il aurait donc pu se laisser surprendre à trois kilomètres de l'arrivée par l'éventail qui s'est créé subitement mais il était bien là, dans la roue de Kwiatkowski. "Avec Michal et Luke (Rowe, NdlR) , c'est facile d'être devant. Toute la journée, ils m'ont dit 'à gauche, à droite, attention, on doit aller devant' " justifiait simplement le Colombien au soir de la deuxième étape. Pourtant, des coureurs bien plus expérimentés que lui et tout aussi bien entourés se sont laissés surprendre plus d'une fois, sur cette course au soleil ou ailleurs. Car c'est bien connu : même si le peloton tout entier sait que la bagarre va éclater après tel ou tel virage, il n'y a pas de place pour tout le monde aux avant-postes. Depuis qu'Egan Bernal est de la partie, il y en a une de moins pour les autres.
Ce jeudi, c'est dans l'exercice chronométré que les progrès du colombien ont sauté aux yeux des suiveurs. Jusque-là, le garçon comptait certes deux victoires dans l'exercice individuel mais il les avait acquises dans des chronos tracés sur des ascensions (la troisième étape du Tour de Romandie 2018 et la quatrième étape du Tour de Savoie 2017). Sa sixième place de ce jeudi, dans le même temps que Van Garderen, quatrième, a été acquise sur un contre-la-montre dessiné pour les vrais spécialistes et alors qu'il s'élançait parmi les derniers coureurs, lorsque le vent s'était levé. Il termine à quatre secondes de Kwiatkowski et fait mieux que des références comme Luis Leon Sanchez ou Bob Jungels. Une grande première pour celui qui n'avait jamais lutté pour un top 10 chez les pros sur un contre-la-montre "roulant".
Ces résultats récents sont une nouvelle preuve que Bernal apprend très vite et qu'il gomme ses points faibles à un âge (22 ans) où la plupart travaille encore ses points forts pour tenter de décrocher un contrat chez les professionnels. La prochaine étape est désormais claire : apprendre à rouler en patron. Le prochain Giro lui permettra de faire ses gammes dans la peau d'un leader unique. "Il a appris beaucoup pendant le Tour de France, l'année dernière", expliquait en début de semaine Nicolas Portal, son directeur sportif, au micro d'Eurosport. "La vraie difficulté au moment de devenir un grand leader, c'est d'avoir la maturité et le calme pour gérer les milliards de choses qui peuvent se passer en une journée de course et qu'on ne voit pas forcément à la télévision. Egan est déjà très mature pour quelqu'un de 22 ans. Il était très calme pour son premier Tour de France même s'il était, entre guillemets, sur les freins. On aurait aimé qu'il puisse ramener le maillot blanc à Paris mais on lui a plutôt conseillé d'apprendre à courir pour le jaune, en jouant les équipiers pour Froome et Thomas. Quand il avait fini son travail, on lui demandait de se relever complètement car on travaille comme cela avec les équipiers."
Le prochain Giro nous dira s'il est déjà capable d'être bon durant trois semaines continues, au cours desquelles il ne pourra jamais lever le pied. La concurrence sera énorme puisque Roglic et Dumoulin, notamment, s'aligneront au départ de Bologne, le 11 mai prochain. Ce qui lui enlève une pression qu'il ne se met de toute façon pas : "Je ferai simplement de mon mieux et Sky continuera à me payer quel que soit le résultat" a-t-il déjà prévenu.