Carlo Bomans, ancien entraîneur d'Evenepoel en équipe nationale: "Au foot, Remco serait déjà pro"
Carlo Bomans, qui l’a dirigé deux ans en équipe nationale, évoque le futur passage de Remco Evenepoel chez les professionnels
- Publié le 12-10-2018 à 07h15
- Mis à jour le 12-10-2018 à 07h51
Carlo Bomans, qui l’a dirigé deux ans en équipe nationale, évoque le futur passage de Remco Evenepoel chez les professionnels Preuve qu’il n’est pas imbattable, Remco Evenepoel a été devancé samedi dernier lors de la seule course qu’il a disputée en Belgique depuis sa double victoire aux championnats du monde à Innsbruck. À Heestert (Zwevegem), au terme d’une kermesse de 80 kilomètres disputée sur un parcours plat comme la main, le porteur du maillot arc-en-ciel a été devancé au sprint par Fabio Van Den Bossche, double champion d’Europe sur piste, qui a eu la franchise de reconnaître que "si la course avait eu 40 kilomètres de plus ou une côte sur son tracé, Remco nous aurait tous écrasés".
Ce dimanche, le Brabançon trouvera un terrain à sa mesure dans la dernière épreuve qu’il disputera dans la catégorie des juniors. Sur les 26,450 km du Chrono des Nations, aux Herbiers, Evenepoel ne devrait faire qu’une bouchée, contre-la-montre, d’adversaires qu’il a dominés toute la saison. Ce sera sa 47e course d’une saison qui l’a vu gagner 36 fois jusqu’ici.
Ensuite, le Cannibale de Schepdaal pourra prendre un peu de congés avant d’envisager la suite de sa carrière, à l’échelon supérieur, au sein de l’équipe Quick Step, laquelle deviendra donc Deceuninck-Quick Step à partir du 1er janvier.
Ses débuts en compétition chez les professionnels, Remco Evenepoel devrait les effectuer en Amérique du Sud, d’abord au Tour de San Juan (20-27 janvier), en Argentine, puis sans doute en Colombie, à la Colombia Oro y Paz (12 au 17 février), loin des médias et de la pression qui ne manqueront pas d’entourer ses premiers pas. Carlo Bomans, qui fut son coach en sélection nationale ces deux dernières années, suivra tout cela avec intérêt, non sans une petite pointe d’inquiétude car tant de talents se sont perdus en chemin et, sans doute, avec aussi une légitime fierté.
"Est-ce que Remco est un véritable phénomène ?", répond le Limbourgeois à notre question. (Il réfléchit...) "Oui ! C’est vrai, je n’avais jamais vu quelqu’un comme lui. Personne d’ailleurs n’a jamais vu quelqu’un comme lui. Mais c’est difficile de comparer différentes générations. Je me souviens de ma génération chez les jeunes (NdlR : en 1981, Bomans était devenu champion de Belgique des juniors), de ce qu’était alors le cyclisme et de ce qu’il est aujourd’hui. Je ne me vois pas comparer les deux époques. Il est vraiment fort physiquement et pourtant ce n’est pas parce qu’il a un corps de bodybuilder. C’est vraiment un grand moteur, c’est ce qui lui a permis de faire de telles différences dans de grandes courses."
On le comprend entre les lignes, Carlo Bomans aurait sans doute préféré que Remco Evenepoel attende un an de plus avant de devenir professionnel.
"Je lui ai dit ce que j’en pensais ainsi qu’à son entourage, assure l’ancien champion de Belgique. S’il avait continué le football, il serait déjà professionnel, mais le cyclisme est différent. La seule chose que je puisse dire, c’est que chez Quick Step il sera sans doute mieux qu’ailleurs. Ce sera la tâche de son entourage de le protéger, de l’épauler, de lui concocter un programme allégé. Il faut guider ses débuts, être patient. Remco est quelqu’un de facile, mais exigeant. D’abord pour lui-même. Il a une mentalité de vainqueur et l’an prochain, il ne gagnera plus course après course. C’est un vrai leader. Ce n’est pas un hasard s’il était capitaine à Anderlecht et en équipe nationale de foot. Il faudra lui apprendre la patience, le calmer. Il apprend vite à tous les niveaux, c’est une éponge. En peu de temps, il a fait le pas du foot au top mondial dans les pelotons."