Cameron Vandenbroucke, fille de Frank: "Papa était au-dessus du lot"
Cameron Vandenbroucke ne tarit pas d’éloges sur son père, Frank, 20 ans après sa démonstration sur la Doyenne.
- Publié le 27-04-2019 à 07h25
- Mis à jour le 27-04-2019 à 07h47
Cameron Vandenbroucke ne tarit pas d’éloges sur son père, Frank, 20 ans après sa démonstration sur la Doyenne. Les années se terminant par neuf ont marqué la famille Vandenbroucke. "C’est une grande année pour les VDB car ça fait vingt ans que mon père a remporté sa plus grande victoire, à Liège, et dix ans qu’il est parti. Il devrait donc y avoir beaucoup d’hommages d’ici la fin de l’année", explique Cameron Vandenbroucke. L’ensemble de la famille a d’ailleurs participé à un grand documentaire diffusé en ce mois d’avril sur la chaîne Canvas. L’occasion pour la fille de l’ancien champion de découvrir quelques anecdotes sur son père. "J’en apprends encore tous les jours sur lui. J’adore quand on me raconte des histoires sur des choses extravagantes qu’il a réalisées", avance la fille de Frank.
Parmi les excentricités du père de Cameron se trouve sa fantastique victoire lors de la Doyenne, il y a 20 ans. "Tout le monde rêverait de pouvoir annoncer que l’on va gagner avant même le départ d’une course. Surtout en cyclisme car c’est une discipline beaucoup plus aléatoire que l’athlétisme, par exemple. Il y a tellement de facteurs qui rentrent en compte qu’il est impossible d’être sûr de gagner. Faire ce qu’il a fait à Liège-Bastogne-Lège en 1999, personne d’autre n’a fait cela depuis. Et je ne pense pas qu’un jour je puisse, comme lui, être certaine de gagner", détaille la jeune cycliste.
Cameron Vandenbroucke reste ébahie par les capacités phénoménales de son père. "Il avait une confiance en lui sur le vélo que je n’ai pas. Il était sûr de lui quand il a dit qu’il allait attaquer dans la côte de Saint-Nicolas. C’est comme lorsqu’il a promis de gagner pour Sarah à la Vuelta. Et il l’a fait deux fois. Il n’aurait jamais laissé quelqu’un d’autre gagner. Mais il était au-dessus du lot et même avec un incident mécanique, il aurait triomphé."
Vingt ans après la démonstration de la Doyenne, Frank Vandenbroucke est toujours bien présent dans la mémoire des supporters. "Quand je vois tous les gens qui viennent encore me voir en me disant qu’ils étaient fans de mon papa, ça me fait vraiment plaisir. C’est une grande fierté. Tout cela permet de le maintenir en vie, c’est ainsi que je vois les choses. Donc j’adore vraiment parler de lui", détaille Cameron.
Mais l’approche de la date anniversaire du décès du champion cycliste est diversement vécue au sein de la famille Vandenbroucke.
"Pour mes grands-parents, qui l’ont beaucoup plus connu, c’est plus compliqué. Il y a pas mal de nostalgie à l’approche des dix ans. Pour moi, c’est assez contrasté car je me dis que ça fait déjà dix ans qu’il est parti, la moitié de ma vie, et qu’il ne m’a pas vue grandir. Mais j’essaie surtout de me rappeler des bons moments."
La disparition de Frank Vandenbroucke a laissé un grand vide dans la vie de sa famille. "Au quotidien, il me manque sur des petits détails. J’aimerais savoir ce qu’il penserait du fait que j’ai commencé à faire des courses et comment il jugerait ma vie personnelle", concède la fille du vainqueur de Liège-Bastogne-Liège 1999.
Les débuts en compétition de Cameron Vandenbroucke ont, par ailleurs, ravivé la flamme dans le cœur des supporters de Frank. L’occasion pour sa fille de faire vivre la mémoire de l’ancien champion, notamment par le biais des réseaux sociaux. "C’est vrai, je veux que les gens se souviennent de son talent. De telles capacités mélangées à une telle personnalité, c’est du jamais-vu, je pense. C’était aussi quelqu’un qui avait un grand cœur et qui aimait rigoler", indique la pensionnaire de l’équipe Lotto-Soudal.
Des années après son père Frank, Cameron Vandenbroucke tente de se faire une place au sein du peloton féminin. "J’aimerais un jour être connue uniquement grâce à mes résultats. Et ce serait une belle histoire étant donné que je suis la fille de Frank", confesse la fille de celui qui a déchaîné les passions après avoir remporté Liège-Bastogne-Liège il y a vingt ans.
"Je ne sais pas encore ce que je vaux"
À l’orée de sa nouvelle carrière, la pensionnaire de Lotto-Soudal se montre prudente.
À cause d’une fracture à la malléole interne, Cameron Vandenbroucke a dû mettre un terme à sa carrière dans l’athlétisme. "Cela représente presque dix ans de ma vie. Je suis parfois un peu nostalgique, notamment quand je vois des 800 mètres à la télévision l’été. Aujourd’hui, si je pouvais encore choisir, je choisirais le vélo parce que l’athlétisme, c’est compliqué en Belgique. La concurrence est rude et il est très difficile d’y gagner correctement sa vie. Et je pense que je peux réussir à faire quelque chose dans le vélo" , confie la fille de Frank.
Après avoir rejoint la formation Lotto-Soudal, Cameron Vandenbroucke a fait ses débuts dans le cyclisme cette année. "Ma première course à Bruxelles s’est plutôt bien passée. J’ai réussi à me maintenir dans le peloton et j’ai terminé quatorzième. Mais ensuite je suis tombée malade avec une bronchite qui a mis du temps à se soigner. C’est très frustrant et j’estime que mon début de saison est un peu raté (NdlR : l’interview s’est déroulée avant sa chute survenue ce mercredi à Haaltert) " , explique Cameron Vandenbroucke.
La fille du vainqueur de Liège-Bastogne-Liège 1999 ne se met pas trop de pression concernant son avenir immédiat. "La saison est longue et je n’ai que 20 ans. Annemiek van Vleuten, que je considère comme la meilleure du monde, a 36 ans, donc je me dis que j’ai encore le temps. Lotto-Soudal ne me met de toute façon pas de pression et c’est ce que j’attendais. Je ne pouvais pas mieux tomber."
Même si elle ne s’interdit rien, Cameron Vandenbroucke aborde sa nouvelle carrière avec beaucoup d’humilité. "Mon objectif est de devenir professionnelle car je ne le suis pas encore vraiment puisque je suis encore des études (NdlR : en deuxième année de communication à l’HELHa de Tournai) . Je rêve de gagner une grande classique mais j’ai encore beaucoup de travail. Et je ne sais honnêtement pas encore ce que je vaux sur un vélo" , concède la fille de Frank. Une prudence qui la démarque du tempérament fougueux de son illustre père.
"Un nom lourd à porter"
Débuter le cyclisme en s’appelant Vandenbroucke n’est pas chose aisée.
Être la fille d’un mythe n’est pas toujours facile à vivre. Cameron Vandenbroucke en sait quelque chose.
“Je n’ai jamais eu la vie d’une personne normale. Tout cela provient sans doute du fait que j’ai perdu mon père très tôt et qu’il était connu. Personne n’a vécu la même histoire que moi, pas même les autres fils ou filles de champions, car mon père était... unique”, témoigne la fille du vainqueur de Liège-Bastogne-Liège 1999.
Cameron Vandenbroucke ne parvient pas, pour l’instant, à se défaire de ce lourd héritage. “J’aimerais qu’un jour, on me connaisse pour ce que j’ai fait et non parce que je suis la fille de Frank. Pour l’instant je suis plus VDB que Cameron mais cela ne me dérange pas.”
Mais il existe tout de même des avantages à porter le patronyme Vandenbroucke. “Je l’avoue moi-même : une partie de mon contrat chez Lotto-Soudal est due à mon nom de famille”, reconnaît Cameron Vandenbroucke.
La jeune cycliste assure toutefois que ses qualités physiques ont pesé dans son recrutement en fin d’année dernière.
“Je pense que l’équipe a aussi reconnu mon potentiel grâce à l’athlétisme où j’ai été plusieurs fois championne de Belgique. Lotto-Soudal a voulu me donner ma chance mais je ne vais pas être conservée si je n’ai pas de résultat. J’ai néanmoins plus de chance que les autres car je viens juste de commencer le vélo et je suis déjà chez Lotto-Soudal. Je vais toutefois essayer de prouver, grâce à mes résultats, que je mérite ma place.”
Avant même d’embrasser la même carrière que son père, la jeune Cameron était déjà soumise à une forte pression. “Déjà en athlétisme, lorsque j’étais au départ d’une course, certaines concurrentes chuchotaient : ‘Ah, c’est la fille de Frank Vandenbroucke.’”
Et la décision de se lancer dans le cyclisme n’a rien arrangé.
“Depuis que j’ai commencé le vélo, la pression est encore plus forte. J’ai, par exemple, dû déclarer forfait pour une course en début de saison car j’étais malade alors que j’aurais sans doute pu prendre le départ. Mais mon grand-père m’a dit : ‘Tu t’appelles Cameron VDB et tes résultats seront plus scrutés que ceux des autres. Tu ne dois prendre le départ que si tu es à 100 %.’ Et je crois qu’il avait raison car j’ai un nom lourd à porter dans le monde du vélo”, indique Cameron Vandenbroucke.
La cycliste de Lotto-Soudal, qui avoue ne pas posséder “la même confiance en soi sur le vélo” que son illustre paternel, s’attache désormais à s’affranchir du lourd héritage qui est le sien.
“Je pense que je vais suivre ma propre route car le cyclisme féminin est très différent du cyclisme masculin, notamment car les filles ont tendance à arriver à maturité plus tard. Et mon père a commencé le vélo beaucoup plus tôt que moi. Et même si j’ai hérité de ses gènes, je ne pense pas avoir son talent”, confesse humblement la fille du champion de Ploegsteert.
A l'arrêt pour quelque temps
Le début de carrière compliqué de Cameron Vandenbroucke s’est poursuivi ce mercredi avec une chute survenue lors d’une course dans la ville de Haaltert. Avec pour bilan une fracture du poignet droit et une entorse du poignet gauche. “Je prends une pause maintenant pour revenir plus fort”, a expliqué la fille de Frank sur les réseaux sociaux.