Bauke Mollema, le soldat trop méconnu
Le vétéran néerlandais a pleinement mérité son succès en Lombardie.
- Publié le 14-10-2019 à 07h51
- Mis à jour le 14-10-2019 à 07h56
Le vétéran néerlandais a pleinement mérité son succès en Lombardie. Sur le Lungo Lario Trento, on s’attendait à voir déboucher en vainqueur du 113e Tour de Lombardie, Valverde, Roglic, Bernal, Nibali ou Fuglsang. Les Belges espéraient Gilbert, Wellens, Benoot ou Teuns. Finalement, en bordure du Lac de Côme où miroitaient ses eaux grises, on a eu Bauke Mollema.
C’est la victoire d’un solide soldat trop méconnu. Le Néerlandais a mérité son succès. Après avoir fait le gros dos lorsque les favoris s’étaient affrontés dans la première partie de l’avant-dernière montée, il les a piégés dans la montée du Civiglio, en profitant d’un moment d’acalmie. Mollema a accentué son avantage ensuite, pour résister aux tentatives de retour de Roglic puis de Valverde sur le San Fermo della Battaglia, qui surplombe Côme, et enlever, à trente-deux ans, son premier succès dans un Monument.
"Le rythme a baissé sur le haut du Civiglio", racontait le vainqueur. "Heureusement je me sentais bien et j’ai pu attaquer. Je savais que je devais y aller parce que lorsque les favoris accéléraient, ils étaient plus explosifs que moi, alors quand ils ont ralenti, j’ai compris que c’était le bon moment. Quand j’ai su que j’avais 20 secondes, j’ai réalisé que j’avais une bonne chance. Je connaissais très bien la descente et je savais qu’ils ne descendraient pas plus vite que moi, mais ce n’est qu’à deux kilomètres de l’arrivée que j’ai compris que j’allais gagner."
Le coureur de Trek-Segafredo (quelle fin de saison pour la formation américaine après le titre de champion du monde de Mads Pedersen et de belles prestations d’ensemble de ses coureurs !) n’enlèvera jamais dix courses par an, mais son palmarès recense plusieurs beaux succès, comme la Clasica San Sebastian, une étape du Tour, une autre de la Vuelta, où cet excellent grimpeur gagna aussi le classement par points, ainsi qu’une kyrielle de places d’honneur, que ce soit dans les classiques ou les courses à étapes.
Bauke Mollema s’est notamment classé à plusieurs reprises parmi les dix premiers de chacun des trois grands tours : 3e de la Vuelta, 5e et 7e du Giro, ainsi que 6e, 7e et 10e du Tour.
Ces dernières semaines, l’expérimenté (32 ans et 12 saisons chez les pros) coureur de Trek-Segafredo avait démontré être en condition. Il avait multiplié les accessits : 5e à San Sebastian, 14e à Québec, 10e à Montréal, 4e au Tour d’Emilie, 5e au GP Beghelli et 7e de Milan-Turin. Sans parler des deux médailles d’or lors des championnats du monde et d’Europe de relais mixte.
Le succès de Bauke Mollema, neuvième lauréat le plus âgé de la course, est le quatrième, à peine, d’un coureur néerlandais dans la classique des feuilles mortes qu’avant lui, seuls Jo De Roo, à deux reprises, en 1962 et 1963, et Hennie Kuiper, en 1981, avaient enlevé.
Pour entourer Mollema sur le podium, dont le coureur de Groningue, au nord des Pays-Bas, encadrera certainement la photo pour la montrer plus tard à ses petits-enfants, deux des meilleurs coureurs actuels : Alejandro Valverde, 39 ans, et Egan Bernal, 17 de moins, relevaient encore la valeur du succès du héros du jour.
"Gagner un Monument, c’est vraiment très spécial, je n’arrive pas à y croire", termina Bauke Mollema. "C’est extraordinaire."
Une édition à oublier au plus vite pour nos compatriotes
Le 113e Tour de Lombardie n’a guère souri aux Belges. Comme il y a deux ans, Jan Bakelants a chuté dans la descente du Sormano, moins gravement et pas au même endroit. Mais c’est couvert de brûlures et en pleurs que l’Anversois a fini dernier à Côme où on ne le reverra plus. Victime de problèmes intestinaux, Dylan Teuns a été contraint à l’abandon sur le Mur de Sormano, trop dur pour tous nos compatriotes, sauf pour Tim Wellens. “Cela avait été très difficile de suivre les meilleurs aussi, j’ai voulu anticiper”, dira le Limbourgeois, 29e, qui attaqua en bord du lac de Côme avec Emanuel Buchmann. Les deux furent pourtant repris dans le Civiglio. C’est finalement Tiesj Benoot, 24e, revenu dans le premier groupe après la descente du Sormano, qui finit premier Belge, deux places juste devant Steff Cras, 23 ans. “Je n’étais pas dans un bon jour”, a reconnu Benoot. “Le Sormano était trop dur, d’autant que je ne me sentais pas très bien.” Un constat identique pour Philippe Gilbert qui avait prévenu que le parcours d’Il Lombardia est plus rude que lorsqu’il avait enlevé à deux reprises la classique des feuilles mortes.