Avec le transfert de Dumoulin, Jumbo-Visma crée une dream team qui pose question
Alors que sa saison 2019 est déjà une grande réussite, Jumbo-Visma vient d'ajouter une solide corde à son arc. Reste à bien l'utiliser…
- Publié le 20-08-2019 à 20h57
- Mis à jour le 21-08-2019 à 07h49
Alors que sa saison 2019 est déjà une grande réussite, Jumbo-Visma vient d'ajouter une solide corde à son arc. Reste à bien l'utiliser…
Souvenez-vous, le mois dernier. Le Team Jumbo-Visma était le seul à rivaliser avec un collectif Ineos moins impressionnant que les années précédentes, sur les routes du Tour. Bennett et surtout De Plus accompagnaient Kruijswijk au mieux dans la haute montagne, après que Martin, Van Aert ou encore Teunissen aient aidé le Néerlandais à prendre du temps à tous les autres favoris sur le contre-la-montre par équipes.
Avec quatre victoires d'étape et un podium à Paris, la formation néerlandaise a surpris du monde sur la Grande Boucle malgré l'absence de son leader, Primoz Roglic, qui préférait se concentrer sur le Giro et la Vuelta. Ajoutez le Slovène et désormais Tom Dumoulin à l'équipe et vous obtenez une véritable dream team pour tenter d'enrayer la suprématie Ineos.
Quid de Van Aert, Groenewegen et Teunissen ?
Les trois vainqueurs d'étape du Tour 2019 (qui ont également grandement participé à la victoire lors du contre-la-montre par équipes) doivent se poser quelques questions, au lendemain de l'officialisation du transfert de Dumoulin. Depuis 2018, les équipes ne peuvent emmener que huit coureurs sur les Grands Tours et les places vont devenir chères. Avec une telle armada en montagne, Jumbo-Visma fera face à la tentation de tout miser sur le classement général en délaissant tout le reste. Du moins, c'est la méthode "Ineos" et elle a fait ses preuves: depuis le succès de Wiggins en 2012, qui avait été accompagné de trois victoires de Mark Cavendish, la formation britannique entoure ses leaders d'équipiers qui leur sont entièrement dévoués.
Bien sûr, les parcours du Giro et du Tour influenceront les envies des coureurs et les choix du staff. Mais on imagine mal Roglic renoncer au Tour une année supplémentaire et on ne voit pas comment la formation néerlandaise pourrait se priver de Dumoulin sur la Grande Boucle alors que le Néerlandais avait tenu tête à Froome, puis à Thomas, sur le Giro et le Tour 2018 avant de voir un genou récalcitrant le laisser sur la touche toute l'année 2019. Kruijswijk, troisième du Tour cette année, acceptera-t-il de jouer les équipiers pour ces deux-là après avoir éventuellement joué sa carte sur le Giro ? Ajoutez-y De Plus et Bennett (même si ce dernier serait sur le point de rompre son contrat) pour jouer les équipiers dans la montagne et cela fait déjà cinq coureurs.
Il devient donc impossible d'emmener à la fois Teunissen, Van Aert, Groenewegen et leurs ambitions personnelles. Un, voire deux équipiers de "plaine" sont nécessaires et il faudra donc expliquer au premier maillot jaune du Tour 2019, à celui que tout le monde voit comme le futur rival de Sagan pour le maillot vert et/ou à l'un des meilleurs sprinters du monde qu'il doit regarder le Tour 2020 à la télé.
Faut-il s'en réjouir ?
Sur papier, voir une deuxième dream team venir concurrencer celle que tout le monde redoute depuis 2012 est en tout cas excitant. Pour que les résultats suivent, il faudra toutefois faire mieux que la Movistar ces dernières années ou que la T-Mobile et la Once qui, à l'époque d'Armstrong, avaient également forgé de gros collectifs pour tenter de faire tomber les tenants du titre. Sans succès, et (souvent) sans spectacle. Il faudra se montrer plus subtil tactiquement que les équipes précitées pour parvenir à ses fins et le meilleur moyen de renverser Ineos sera sans doute de prendre rapidement les devants pour les forcer à se dévoiler, comme cette année. Après tout, on ne saura jamais ce qu'aurait réussi Pinot face à Bernal sans sa blessure.
Le Français risque d'ailleurs d'être un peu seul entre ces deux gros collectifs. Et dans les faits, la cohabitation des vainqueurs potentiels du Tour dans seulement trois ou quatre équipes différentes limitera forcément le nombre d'offensives et de scénarios possibles. Espérons que la next-gen incarnée par Pogacar et Evenepoel se dispersera un peu plus...