Alaphilippe, la France qui gagne
L’Auvergnat est le symbole d’une nation de retour au premier plan.
- Publié le 14-03-2019 à 06h50
- Mis à jour le 14-03-2019 à 08h17
L’Auvergnat est le symbole d’une nation de retour au premier plan. La France du vélo est bien sortie de sa torpeur. Après une décennie 2000 passée à manger son pain noir, le cyclisme hexagonal commence à entrevoir une belle éclaircie avec l’émergence de Romain Bardet, Thibaut Pinot, Warren Barguil, Arnaud Démare et Nacer Bouhanni. Elle a ainsi retrouvé un rang en accord avec son illustre passé comme en témoigne son actuelle deuxième place au classement UCI derrière la Belgique.
Mais à quelques exceptions près, comme les victoires d’Arnaud Démare à Sanremo et de Thibaut Pinot en Lombardie, le cyclisme tricolore reste encore en léger retrait lors des grands rendez-vous. Les Français font de nouveau la course en tête mais peinent à s’imposer lorsque cela compte vraiment.
Julian Alaphilippe semble toutefois échapper à cette règle. Comme il vient de le prouver en remportant les Strade Bianche pour sa première participation, le coureur Deceuninck - Quick-Step possède une mentalité de vainqueur. "Je vais essayer de gagner tout ce que je peux", a d’ailleurs prévenu le puncheur français après sa victoire en Toscane.
Comme ses compatriotes, Julian Alaphilippe a d’abord commencé par échouer en prenant des places d’honneur frustrantes ou en étant repris à quelques kilomètres de la ligne après avoir entrevu la victoire. Mais ces échecs relatifs n’ont jamais éclipsé l’incontestable talent du coureur Deceuninck - Quick-Step. "J’ai presque envie de dire que je ne connais pas d’autres coureurs français, excepté Bernard Hinault, qui ont eu de tels résultats à cet âge", indiquait ainsi Cyrille Guimard sur RMC après les deuxièmes places du puncheur français à la Flèche wallonne et à Liège-Bastogne-Liège, en 2015.
Après une ascension légèrement retardée par une blessure au genou en 2017, Julian Alaphilippe a véritablement changé de statut l’année dernière. Avec douze victoires, l’Auvergnat a été le coureur français le plus prolifique de 2018. Le coureur Deceuninck - Quick-Step a surtout conquis les foules grâce à son sens du spectacle. "Quand je dis que le vélo sourit à ceux qui attaquent, il me donne raison. En ce moment, c’est le plus fort des Français", avançait Bernard Hinault au Parisien durant le dernier Tour de France.
L’année 2019 semble partie sur des bases exceptionnelles pour Julian Alaphilippe. Avec déjà quatre victoires dans la musette, le Français est largement en avance sur ses temps de passage de 2018 avant de débuter Tirreno-Adriatico. Et avant d’aborder les principales échéances d’un printemps où il tentera de faire mieux qu’en 2018. "J’aimerais gagner un monument. Qui n’aimerait pas", a d’ailleurs assuré l’Auvergnat en début d’année.
En cas de victoire sur Milan-Sanremo ou Liège-Bastogne-Liège, Julian Alaphilippe redorerait encore un peu plus le blason du cyclisme hexagonal. Même si la France attend surtout un successeur à Bernard Hinault sur la Grande Boucle depuis 1985. "Julian, on doit le laisser faire ce qu’il fait très bien. S’il continue comme ça, dans deux, trois ans, vers 30 ans, avec l’expérience, il pourrait peut-être tenter un général de grand tour. Mais laissons-lui du temps", a ainsi prévenu Patrick Lefevere en début d’année.
En 2019, l’efficacité de Julian Alaphilippe devrait donc uniquement être appréciée sur les courses d’un jour. La France s’en contentera.
Premier Français vainqueur de Tirreno ?
Samedi dernier, Julian Alaphilippe est devenu le premier Français vainqueur des Strade Bianche. Et le coureur Deceuninck - Quick-Step commence à devenir coutumier dans sa faculté à mettre un terme aux disettes hexagonales. En 2018, l’Auvergnat a ainsi remporté la Flèche wallonne, 21 ans après la dernière victoire française de Laurent Jalabert. Julian Alaphilippe a également succédé au Mazamétain, en 2015, en devenant le premier coureur hexagonal à monter sur le podium de Liège-Bastogne-Liège depuis 1998. La Doyenne attend d’ailleurs toujours un successeur tricolore à Bernard Hinault depuis 1980. Julian Alaphilippe, qui a terminé trois fois dans le top 10 de l’Amstel Gold Race en quatre participations, pourrait également mettre un terme à une absence des Français au palmarès qui dure depuis 1981 sur la classique néerlandaise.
Alors qu’il a raté de peu le titre de champion du monde à Bergen en 2017, l’Auvergnat sera de nouveau un candidat naturel au maillot arc-en-ciel cette année sur le circuit du Yorkshire. Sacre qui échappe aux Français depuis 1997 et la victoire de Laurent Brochard. Très à l’aise sur les courses par étapes d’une semaine, le coureur Deceuninck - Quick-Step est forcément attendu du côté de Paris-Nice puisque la Course au Soleil ne sourit plus aux coureurs hexagonaux depuis 1997. Mais Julian Alaphilippe a préféré cette année se concentrer sur Tirreno-Adriatico. Cela tombe bien puisque les Français n’ont jamais gagné la Course des Deux Mers.