Affaire Froome: le seul choix est la suspension
- Publié le 14-12-2017 à 18h17
- Mis à jour le 14-12-2017 à 18h19
L'édito de Quentin Finné.
Rendu public mercredi, près de trois mois après son annonce au principal intéressé (le 20 septembre), le contrôle anormal au salbutamol de Christopher Froome soulève plusieurs volutes de brumes qui viennent épaissir un peu plus le brouillard de la suspicion qui entoure le Britannique et tout le Team Sky depuis plusieurs mois déjà. Pourquoi donc une telle attente ?
Cette trop longue inertie et pareille opacité sont de celles qui participent à entretenir le mythe d’un protectionnisme, ou du moins de certaines largesses, dont aurait bénéficié tout le Team Sky durant la présidence du Britannique Brian Cookson à la tête de l’UCI. Élu lors de la semaine du Mondial de Bergen, le nouveau patron du cyclisme mondial, le Français David Lappartient, a déjà vu un ciel acier chasser l’arc-en-ciel de son horizon. Le quadruple vainqueur du Tour de France impliqué dans une potentielle affaire de dopage, on a connu contexte plus serein pour entamer une législature.
Si une bataille d’experts en tout genre promet d’animer les prochaines semaines, la jurisprudence ne laisse d’autre choix au tribunal antidopage de l’UCI (qui assure les procédures disciplinaires en lieu et place des fédérations nationales depuis janvier 2015) que de sanctionner Christopher Froome et de le suspendre. Le précédent des cas Ulissi (9 mois de suspension en 2014 pour un taux inférieur à celui de Froome et une faute qualifiée de négligence) ou Petacchi n’offre aucune autre option aux instances internationales. Sans quoi le spectre d’un traitement de faveur ressurgirait alors aussitôt. Surpuissance du cyclisme mondial, le Team Sky a des moyens financiers pratiquement infinis pour assurer sa défense et tenter de prouver que son leader n’a jamais dépassé la ligne de démarcation qui distingue le légal de l’interdit. Des ressources bien plus conséquentes que celles de l’UCI qui s’est empressée de trouver, il y a peu, un accord à l’amiable avec Peter Sagan et son équipe dans le dossier de la mise hors course du champion du monde sur le Tour afin d’éviter une potentielle trop lourde sanction financière devant la justice civile. Mais, comme dirait l’autre, cinq minutes de courage politique semblent indispensable dans un tel contexte...