Serge Crevecoeur, le coach miracle du Brussels: "J’ai besoin d’être heureux"
Serge Crevecoeur a retrouvé le plaisir de travailler et de coacher en revenant au Brussels après son passage raté en France.
- Publié le 19-01-2019 à 08h29
- Mis à jour le 19-01-2019 à 11h44
Serge Crevecoeur a retrouvé le plaisir de travailler et de coacher en revenant au Brussels après son passage raté en France. Presque un an jour pour jour après la fin prématurée de son aventure à Pau, Serge Crevecoeur a retrouvé le plaisir de travailler au Brussels, près de chez lui et de nouveau entouré de tous ses amis et ses proches. Même lorsqu’il nous reçoit chez lui, à Woluwe St-Pierre, il ne peut cacher un certain enthousiasme retrouvé au moment de s’installer autour de la table pour converser. Le ton et l’expression du visage sont bien différents d’il y a douze mois. "Aujourd’hui, je suis heureux, tout simplement ! Et j’ai conscience aujourd’hui que j’ai besoin d’être totalement heureux dans ce que je fais. J’étais malheureux lors de mon passage en France. Cela ne me correspondait pas humainement et les relations avec certaines personnes étaient compliquées."
Tout cela est désormais bien derrière lui même s’il ne fait pas pour autant une croix sur l’étranger. "J’ai encore envie de partir tenter ma chance hors de nos frontières à l’avenir, je ne vais pas le nier. Je conserve de l’ambition en tant que coach et je veux toujours découvrir d’autres championnats plus tard. Mais le plus important actuellement, c’est que je me sens très très bien à Bruxelles. Si le cadre est peut-être moins prestigieux, je m’y sens en tout cas beaucoup mieux. C’est le principal pour moi."
Avant de signer un nouveau bail au Brussels vers la fin du mois de mars 2018, il a fallu que Serge Crevecoeur se mette à table avec le président De Kandelaer, avec qui il était en froid depuis son départ. "Je dois d’abord remercier Guy Muya, mon capitaine, qui a fortement insisté pour que cette rencontre se fasse. Tout comme Martine, la femme de notre président. Sans eux, je ne suis pas certain qu’on se serait revu et que je serais au Brussels aujourd’hui. En tant que personnes intelligentes, nous avons aplani nos différends autour d’un bon repas comme deux vrais amis doivent le faire."
Il a alors d’abord eu droit à une proposition étonnante. "André m’a demandé si je voulais devenir président du club. Je lui ai répondu que, premièrement, je voulais encore faire du chemin avec lui à mes côtés. Et deuxièmement, je lui ai précisé que je voulais bien reprendre l’organisation et la gestion du club, mais que je ne voulais pas abandonner le coaching. André a alors laissé le choix à Laurent Monier. Soit il prolongeait en tant que T1 soit il acceptait de redevenir mon assistant. Il s’est sacrifié pour moi et je lui en suis redevable…"
Et une fois toute l’équipe recomposée, le processus de remise en marche s’est enclenché directement. "On a passé des journées à repenser la stratégie du club pour aller de l’avant et progresser. Que ce soit au niveau de la communication, au niveau de la gestion logistique et sportive ou en termes d’infrastructures, on continue sans cesse de vouloir se professionnaliser. Cela se fait petit à petit, via l’investissement de sponsors. C’est comme ça qu’est né un nouvel espace de récupération dans notre complexe à Neder-Over-Hembeek avec un bain froid et du matériel de récupération rapide. C’est important d’évoluer et de faire savoir que des nouvelles choses sont mises en place. C’est important aussi comme message envers le groupe de joueurs. On est là pour les faire performer le mieux possible."
Alors que rien ne semblait tourner pour lui en France la saison passée, Serge Crevecoeur est (déjà) redevenu le coach à succès de son club de cœur…
"Je rêve d'aller en finale de la coupe"
Sportivement, le Brussels réalise son meilleur début de saison au sein de l’élite.
Avec une série en cours de sept victoires consécutives en championnat, un record cette saison toutes équipes confondues, le Brussels titille méritoirement les sommets au classement. Mais le club bruxellois a beau signer la plus belle première partie de saison de son histoire en D1, il n’est pas question de céder à l’euphorie.
"On ne regarde pas trop le classement actuellement, avoue Serge Crevecoeur. On se focalise toujours sur le prochain match à jouer tout en tentant de prendre du plaisir sur le terrain. Nous disposons encore d’une énorme marge de progression aussi bien individuellement que collectivement. À chaque match, un joueur différent peut tirer son épingle du jeu et porter l’équipe."
Et l’accent belge donné à l’équipe plaît au mentor bruxellois. "J’essaie de donner un maximum de confiance à tous mes joueurs. Et ce n’est pas un hasard si l’on désire offrir des contrats de plusieurs années à nos joueurs belges actuels. Cette base nationale est importante pour l’équipe. Et à côté de cela, je tiens beaucoup à Augustas qui fait partie de la famille maintenant. Ce sera lui le capitaine lorsque Guy Muya décidera de se retirer. Mais c’est à lui seul de choisir le moment."
À la fin du mois de janvier se profile peut-être le rendez-vous le plus important du Brussels depuis le début de saison avec une demi-finale de Coupe de Belgique en back-to-back face à Anvers. "Même si nous avons déjà rempli notre objectif initial en atteignant la demi-finale, je rêve d’aller en finale de la Coupe à Forest National. Une première finale de Coupe jouée à Bruxelles serait fantastique pour nous. La Coupe reste évidemment le chemin le plus court vers un trophée. Mais nous devons surtout rester très calmes pour aborder ce rendez-vous."
Et s’il devait remporter la Coupe, il n’ose imaginer la fête qui suivrait.
"L’émotion serait bien sûr immense, mais elle est impossible à décrire tant qu’on ne l’a pas vécue. Après la demi-finale des playoffs gagnée contre Anvers, je me souviens être devenu fou et avoir couru dans tous les sens (rires). Je ne sais donc pas ce qu’il se passerait si cela arrivait à Forest National après avoir décroché un trophée."
"L'équipe nationale reste un objectif"
Lors de la nomination de Dario Gjergja comme successeur d’Eddy Casteels à la tête des Belgian Lions, Serge Crevecoeur a lui décidé de faire un pas de côté après avoir occupé le rôle d’assistant durant une courte période. "Je dois avouer que j’étais déçu qu’on ne me retienne pas pour le poste. Cela m’aurait beaucoup plus d’être plus impliqué dans le giron de l’équipe nationale. J’avais des idées pour renforcer la structure et définir un cadre d’organisation plus précis. Je suis arrivé à un stade de ma carrière où je pense pouvoir apporter une certaine méthodologie de travail autour d’un projet."
Il n’abandonne pas pour autant l’idée de rejoindre à nouveau les Lions dans le futur. "Cela reste bien évidemment une ambition pour moi. En tant que coach belge, diriger les Belgian Lions resterait un honneur et un plaisir."
Mais actuellement, le Bruxellois avoue aussi être déçu par les décideurs d’une Ligue qu’il voudrait "plus ferme et plus forte envers les clubs. Il faut plus de rigueur pour ne pas décrédibiliser le produit basket en Belgique. On manque encore parfois d’ambition chez nous."