Ronny Denis, nouveau patron de l’arbitrage: "La mission du Ref ? Être un facilitateur de terrain"
Entretien avec Ronny Denis, le nouveau patron de l’arbitrage de la Pro Basketball League.
- Publié le 21-11-2019 à 14h53
Entretien avec Ronny Denis, le nouveau patron de l’arbitrage de la Pro Basketball League. International pendant neuf ans et au plus haut niveau belge durant deux décennies, le Limbourgeois Ronny Denis (49 ans) a succédé cette saison à Serge de Coster à la tête du Département arbitrage. Il gère dix-huit arbitres, dont sept francophones et sept internationaux.
Ronny, quels sont les buts et la vision du Département arbitrage ?
"La vision du DA est contenue dans un plan pluri-annuel où nous essayons de mesurer la première année la ‘qualité de l’arbitrage’, soit le ratio entre les bonnes et mauvaises décisions arbitrales dans différentes catégories. Certaines thématiques seront davantage déployées ou renforcées l’année prochaine, pour que l’indice de performance mesuré cette saison soit augmenté celle d’après. Pour mesurer cet indice, le DA observe entre 50 et 75 % de toutes les rencontres et constate les points forts et faibles. En 2019-20, on va mettre l’accent sur l’analyse avant et après-match au moyen d’outils IT, telles des plateformes de consultation. On va accentuer la collaboration avec des spécialistes externes comme des coachs physique et mental ici en Belgique ou à l’étranger. On va mettre en place une nouvelle méthode d’évaluation, qui comprend également une sanction par rapport à une contre-performance. Enfin, on a la volonté de dialoguer avec les coachs et les clubs pour analyser ensemble des situations de jeu et arriver à une uniformité au niveau des décisions."
Comment faire cohabiter les pros avec les arbitres ?
"Les arbitres de la Ligue ont un statut de semi-pro et sont très investis dans leur mission. Ils se préparent et analysent les rencontres de façon minutieuse et optimale pour les débuter le mieux possible et minimiser au maximum les erreurs. Ensemble avec les coachs, il est prévu d’avoir des consultations à intervalle régulier sur un des thèmes bien ciblés. Le but est de trouver des consensus."
Vous avez justement rencontré les coachs en début de saison. Quelles en ont été les conclusions ?
"Avant la réunion, les clubs ont reçu des vidéo-clips au sujet de certaines phases, qui n’étaient pas sanctionnées. Les lignes directrices ont été données aux différentes parties. Les thèmes abordés étaient l’usage illicite des mains en défense, l’attaquant qui prend un avantage lors d’un tir, le flopping, la faute antisportive et le comportement des coachs et joueurs."
Il y a déjà eu plusieurs exclusions de coachs depuis le début de la saison. Le but est-il d’être plus strict avec les différents acteurs ?
"En premier lieu, les arbitres ont comme mission d’être des facilitateurs de terrain, soit avoir une oreille attentive, un feeling avec le match et cette capacité à expliquer certaines décisions. En second, on demande aux refs d’être plus stricts sur certaines actions des joueurs et coachs comme la gestuelle et l’invasion de terrain."
Comment définir un bon arbitre ?
"Un bon arbitre, c’est comme un chef d’orchestre. On ne le voit pas mais il dirige la rencontre et il répond présent quand c’est nécessaire."
Beghin : “Une ligne de conduite plus claire”
Christophe Beghin se félicite de l’initiative prise en début de saison par le Département arbitrage. “On est tous dans le même bateau et on essaye de grandir ensemble pour élever le niveau du basketball, pointe le coach des Giants. Je suis head coach depuis cette saison mais j’ai l’expérience de joueur. Ronny Denis, c’est un ancien arbitre. C’est important d’avoir ce recul. C’est un sport que l’on pratique ensemble. Il faut s’aider les uns les autres.”
Le coach Beghin sort parfois de ses gonds : “Il m’arrive évidemment parfois de crier car l’émotion prend le dessus. Ce n’est pas dit négativement, c’est énoncé sur le moment. Si le ref prend la mesure du coup de sang du coach et qu’il lui explique ce qu’il a sifflé et pourquoi, on va dans le bon sens.” Ce que les premières semaines de championnat tendent à démontrer ? “Tous les coachs sont logés à la même enseigne et savent ce qu’ils peuvent faire. Il faudra davantage de constance, mais moi j’apprécie et je ressens une meilleure communication.”
Crevecœur vise la cohérence
“C’est un beau programme et une bonne initiative.” Serge Crevecœur est content de voir le département et les arbitres communiquer davantage avec les staffs même si le coach bruxellois met un léger bémol. “Je note qu’il y a plus d’empathie des refs durant les matchs mais je ne vois pas encore tous les effets de l’application. Pour moi, le plus important en match, c’est la cohérence entre les trois arbitres et, sur une saison, la cohérence des arbitres d’un match à l’autre.” Tous les coachs ont connu des situations où un arbitre appliquait le règlement là où un autre l’interprétait, avec, donc, des décisions différentes qui peuvent frustrer les bancs. “Il y a des arbitres qui essaient de respecter les nouvelles directives à la lettre. Van den Broeck exclut le coach Huffman en lui sifflant une seconde technique car il est dans le terrain. Certains le critiquent pour ça. D’un autre côté, je vois un collègue deux mètres dans les lignes à qui on ne dit rien. Il faut que ce règlement soit appliqué par tous.”