Roger Roels, président des Giants: "Je ne chasse pas les trophées"
Roger Roels, le président des Giants, ne fait pas passer les résultats au premier plan.
- Publié le 07-06-2019 à 07h41
- Mis à jour le 07-06-2019 à 11h28
Roger Roels, le président des Giants, ne fait pas passer les résultats au premier plan. À la veille de la première manche des finales de playoffs entre Anvers, son club, et Ostende, vainqueur des sept derniers titres, Roger Roels est apparu on ne peut plus serein et détendu au moment de nous recevoir au centre d’entraînement des Giants. Vêtu d’un haut de training aux couleurs du club et d’un short, signes de sa fibre sportive, le président des Giants n’est pas du genre à se prendre trop au sérieux et se la raconter. Et cela malgré les résultats incroyables de l’équipe cette saison. "En plus de dix ans de présidence, il s’agit évidemment de la campagne la plus aboutie à laquelle j’ai pu assister. C’est même quelque peu inespéré. Cela ne modifiera pas pour autant notre vision pour le futur. Au sein du conseil d’administration, tout le monde possède la même idée : continuer à développer de jeunes talents pouvant être compétitifs ensuite en équipe A." Les résultats restent donc secondaires. "En tant que président, je veux faire en sorte que l’équipe gagne, bien sûr, mais je ne chasse pas les trophées. L’essentiel est de pérenniser notre système de développement pour l’avenir. On ne prendra pas de risques en plus."
En sachant qu’un club de basket en Belgique est difficilement rentable financièrement, en quoi profitent surtout les beaux résultats engrangés cette saison ?
"Cela renforce d’abord l’image du club. Un trophée en Coupe de Belgique et une troisième place en Champions League, ce sont évidemment des références importantes pour ensuite attirer de nouveaux éléments au sein de notre projet. Tout comme notre ticket assuré en Champions League pour la saison prochaine. Ce sont des choses qui rendent le club plus attractif pour les joueurs et leurs agents."
Tout sera à reconstruire la saison prochaine suite à l’exode attendu cet été et la perte de beaucoup de cadres…
"On sait qu’il sera très difficile de rééditer une telle saison même si on fera tout pour être le plus compétitifs possible encore. Comme nous l’avions fait avec l’équipe actuelle, il va falloir tenter de reconstruire un groupe sur deux ans. Toujours en alliant des jeunes de chez nous, des Belges au profil intéressant et de jeunes étrangers."
Il n’est pas trop frustrant de voir ses meilleurs joueurs partir gratuitement après une telle saison ?
"C’est dommage mais c’est comme cela dans le basket. Il n’y a pas d’indemnités de transfert comme c’est le cas en foot. Je pense que la valeur du groupe a augmenté de 40 % en deux ans. Mais ça ne nous rapportera rien. La prime octroyée par la Fiba pour notre troisième place en Coupe d’Europe permet juste de tenir la balance financière en équilibre. Dans les autres cas, une participation européenne coûte de l’argent. Tout comme nous perdons de l’argent lors de chaque match organisé en championnat. Les recettes ne sont pas assez suffisantes pour combler."
Vous sentez néanmoins que le statut d’Anvers a changé ?
"Notre réputation surtout a changé. On se doit de rester un tremplin attractif pour des joueurs en début de carrière pro. On a évolué avec l’équipe la plus jeune de la Champions League cette saison. Nous recevons désormais des candidatures de partout."
“Notre saison est déjà une réussite”
La finale des playoffs serait la cerise sur le gâteau pour les Giants cette saison. Pour la première fois en huit ans, Ostende ne s’est pas emparé de la première place au terme de la saison régulière. La faute aux Giants, dont la régularité a été récompensée. Mais cette finale, qui oppose les deux plus meilleures équipes du championnat, s’annonce plutôt serrée. D’autant que les Côtiers sont montés en puissance depuis la fameuse affaire concernant Elias Lasisi qui a finalement vu sa suspension raccourcie en appel alors que la première sanction annoncée signifiait la fin de sa saison. “Ce sera très difficile car Ostende s’est bien renforcé avant les playoffs en pensant que Lasisi serait suspendu plus longtemps. Mais bon, c’est le sport et chaque équipe fait en sorte d’être le plus compétitif possible. On n’aura rien à perdre car notre saison est d’ores et déjà très réussie. Mais si on peut ajouter ce titre de champion, il s’agirait alors vraiment d’une campagne incroyable. L’avantage du terrain peut aussi jouer en notre faveur. Au niveau des chances, je donnerais quand même un léger avantage à Ostende”, confie Roger Roels
Un autre paramètre rend le président anversois très heureux. “Ce sont les deux clubs utilisant le plus les joueurs belges qui sont en finale. Cela démontre qu’on travaille dans le bon sens. Et qu’il est tout à fait possible d’être compétitif tout en faisant beaucoup jouer les Belges. C’est aussi ce dont a besoin notre compétition. Plus de Belges à qui on laisse le temps de devenir s’aguerrir pour devenir compétitif. Quand je vois le travail qui a été fait avec Bako, c’est magnifique. On a pu le voir évoluer palier par palier. Et il est désormais l’un des meilleurs Belges à son poste.”
Pour cela, Roger Roels ne peut cacher sa déception en commentant le choix de Schoepen de rejoindre Charleroi la saison prochaine. “C’est vrai que c’est un peu décevant comme choix. Professionnellement, tout a commencé pour lui ici à Anvers et il a toujours été mis dans les meilleures dispositions possibles pour continuer à progresser. Mais il a choisi de partir en privilégiant l’argent…”
"Roel n'est pas encore décidé"
C’est Roger Roels qui avait insisté il y a quatre ans pour lancer Roel Moors comme coach des Giants. Le chemin parcouru ensuite lui a donné raison. Ancien joueur de la maison anversoise, le Gantois s’est révélé le profil idéal pour le club. Coach de l’année en Champions League et en Euromillions League, à seulement 40 ans, Moors est très convoité et va devoir faire un choix. "On se parle tous les jours mais il ne s’est pas encore décidé. Il rendra sa décision après les playoffs. Émotionnellement, ce n’est pas facile pour lui. S’il devait partir, son remplaçant sera un coach belge capable de s’appuyer sur la même philosophie, à qui on donnera le temps. Je ne m’inquiète pas car nous avons reçu énormément de candidatures."
"Il est nécessaire avec les clubs et la ligue de se concentrer sur le développement marketing autour du produit basket en Belgique. Il faut prendre exemple sur des pays comme la France et l’Allemagne qui ont réussi à remplir les salles en bonifiant leur produit et en le rendant très compétitif. Il faut se mettre à table et mettre sur pied un plan sur deux ou trois ans. Trop de clubs ont une vision à court voire à très court terme. Mais c’est à long terme qu’il faut travailler pour rendre notre ligue plus forte avec un niveau plus homogène. Certaines infrastructures doivent encore évoluer aussi."
"Prendre exemple sur la France et l'Allemagne"
"Il est nécessaire avec les clubs et la ligue de se concentrer sur le développement marketing autour du produit basket en Belgique. Il faut prendre exemple sur des pays comme la France et l’Allemagne qui ont réussi à remplir les salles en bonifiant leur produit et en le rendant très compétitif. Il faut se mettre à table et mettre sur pied un plan sur deux ou trois ans. Trop de clubs ont une vision à court voire à très court terme. Mais c’est à long terme qu’il faut travailler pour rendre notre ligue plus forte avec un niveau plus homogène. Certaines infrastructures doivent encore évoluer aussi."
Et en ce qui concerne l’idée d’une BeneLeague, le président anversois y est favorable. "Les gens ont besoin de changement. Jouer jusqu’à huit fois contre la même équipe par saison, ça n’a plus de sens. La BeneLeague est une bonne solution pour offrir un peu de renouvellement au public."