Axel Hervelle à coeur ouvert: "Ma fille a changé ma vie"
Devenu papa il y a peu, Axel Hervelle prend son nouveau rôle de parrain pour SOS Villages d’enfants très à cœur.
- Publié le 29-12-2018 à 07h15
- Mis à jour le 29-12-2018 à 09h08
Devenu papa il y a peu, Axel Hervelle prend son nouveau rôle de parrain pour SOS Villages d’enfants très à cœur.
"Vous allez voir, le monsieur qui va nous rendre visite, il est très grand." C’est avec une impatience non dissimulée que les jeunes du centre SOS Villages d’enfants installé près de Marche attendaient la visite d’Axel Hervelle la semaine dernière pour une petite partie de basket en plein air. À 35 ans, Axel Hervelle reste une figure de proue du basket-ball belge. De retour en Belgique, à Charleroi, après une longue carrière en Espagne, l’ex-international belge n’a pas hésité au moment où on lui a proposé de devenir parrain pour cette bonne cause permettant à des enfants en proie à de gros problèmes familiaux de pouvoir s’épanouir et se construire pour l’avenir. "C’est l’une des plus belles associations à mes yeux ici en Belgique et même dans le monde."
Et c’est avec un plaisir non feint qu’il est venu rendre visite à ces jeunes en difficultés, le sourire ne quittant pas son visage tout au long de l’activité. "Ces enfants ici ont vécu des moments très difficiles et les voir sourire de la sorte tout en étant bien entourés fait évidemment énormément plaisir."
Papa depuis peu d’une petite Gabriella, le Liégeois avoue que la naissance de sa fille l’a changé. "Devenir papa m’a fait découvrir de nouvelles émotions et sensations. Je suis sans doute plus sensible encore à la cause enfantine qu’auparavant. J e suis un homme différent. Ça a complètement changé ma vision de la vie. Ma fille est devenue la chose la plus importante. Les gens me disaient : ‘Tu verras comme ça change la vie.’ Et c’est vrai, il y a bien un avant et un après. C’est un véritable déclic…"
Une nouvelle vie qu’il doit combiner avec son métier de sportif pro. "C’est certain que ce n’est pas toujours évident. Le repos et le sommeil font évidemment partie des éléments importants de la vie d’un sportif de haut niveau et heureusement j’ai une compagne qui a bien compris cela (sourire)… Ma priorité a toujours été le basket, et maintenant c’est ma petite fille. Ce qui n’altère en rien mon ambition et ma volonté de réussir sur les terrains. Je continue de donner le maximum et c’est même une autre source de motivation. Je veux faire en sorte que ma petite fille puisse être fière de ce que fait son papa. On ne l’a pas encore amenée au Spiroudôme vu son très jeune âge mais on est évidemment impatient de pouvoir l’y emmener."
La fin de sa carrière ne semble donc pas encore planifiée. "Je ne me suis pas fixé de limite ni de plan de fin de carrière. Je souhaite encore en profiter un maximum avec ma fille à mes côtés."
"Entendre le message des supporters"
Pour Axel Hervelle, les faibles assistances en Belgique impliquent de revoir la formule.
Lors de notre rencontre, Axel Hervelle a aussi accepté de livrer son sentiment sur la compétition belge qu’il a retrouvée depuis maintenant trois mois. Et s’il est un homme qui peut amener un regard avisé sur le produit basket, c’est bien lui. L’homme ne se défile pas : "Il est certain qu’il y a un souci en Euromillions League, ce sont les assistances en net recul. Les supporters nous passent un message et il faut savoir l’entendre. Le championnat dans sa forme actuelle ne soulève plus les passions. Il s’agit donc de redynamiser tout cela en s’inspirant des stratégies de succès d’autres sports. Je pense bien sûr au hockey et au foot. Mais aussi de la dynamique des Belgian Cats et des Lions. Le point important, c’est que cela bouge déjà. À l’exemple des ligues transfrontalières comme les Ligues baltique ou adriatique, il y a une proposition de BeNeLeague sur la table et c’est très positif. C’est le début du changement même s’il faut un peu de temps."
Paradoxalement serait-on tenté d’écrire, Axel Hervelle se montre très positif sur le professionnalisme à la sauce belge : "Il y a moins de public qu’auparavant mais c’est beaucoup plus pro que dans le passé. Il suffit de voir un club comme le Brussels pour s’en convaincre. La différence avec l’Espagne, c’est au niveau de l’argent et des budgets qu’elle se fait mais pour le reste la Belgique n’a rien à envier aux Espagnols…"
Au niveau formation, on doit pourtant pouvoir faire mieux. "J’aime beaucoup ce que je vois à Jumet avec l’infrastructure et les jeunes mais il y a encore beaucoup de travail. C’est là qu’on doit pouvoir s’inspirer de l’exemple du hockey. La priorité pour moi doit rester le joueur belge. Les bons Belges partent à l’étranger, il faut donc pouvoir continuer à alimenter le mouvement, le tout avec l’encadrement de bons étrangers qui doivent venir se greffer autour d’une base belge ! On doit être capable de maintenir une structure belge dans les clubs, qui perpétue les valeurs et le caractère de chacun d’entre eux."
Un chèque de 7 000 € remis par l’Euromillions League
À la suite de la collaboration lancée cette saison entre l’Euromillions League et SOS Villages d’enfants, la ligue de basket se devait de trouver un parrain charismatique. Axel Hervelle, de retour dans la compétition belge après une grosse carrière en Espagne, semblait donc bien le personnage adéquat pour ce rôle qui lui tient à cœur. "Quand on voit la liste des grands noms du sport belge qui soutiennent l’action de SOS Village d’enfants, je ne peux qu’être fier de pouvoir à mon tour donner un peu de visibilité à cette belle cause."
Avec Ann Wauters et Axel Hervelle comme marraine et parrain, le basket-ball belge est bien investi auprès de SOS Villages d’enfants et cela ne s’arrête d’ailleurs pas à de la simple visibilité. La Pro Basketball League et ses clubs avaient ainsi lancé une collecte de fonds en coopération avec Orange au bénéfice de SOS Villages d’enfants lors de la dernière journée de championnat au lendemain de Noël ainsi qu’au All Star où un chèque d’environ 7 000 euros a été remis pour la bonne cause.
"Les Lions me manquent !"
"Les Lions ? Oh oui ça me manque beaucoup !" La réponse d’Axel Hervelle a fusé, instantanée. Dès que l’on évoque l’équipe nationale, il est évident qu’on touche un point sensible chez l’homme qui a si longtemps porté les Lions sur ses larges épaules. Il ne le dira jamais mais on sent que la nostalgie est là… "L’alchimie qu’il y avait avec les Tabu, De Zeeuw, Van Rossom, oui c’était particulier. Et recroiser Eddy Casteels en Euromillions League, ça me procure vraiment un immense plaisir ! J’ai des émotions qui reviennent. On peut vraiment être très fiers de ce qu’on a créé." Au hit-parade des souvenirs, il est en est pourtant qui se détache : "Le succès face la Pologne de Gortat à la Lotto Arena ! Cette ambiance et cette victoire qui nous qualifie pour notre premier Euro depuis 1993. C’était un premier aboutissement pour tous nos efforts. Un très grand moment pour le basket belge et pour nous en tant qu’hommes !" Et Hervelle de se projeter dans le futur : "J’espère que les jeunes qui ont pris la relève pourront aussi vivre de tels moments. En tout cas, il y a le matériel. J’adore voir les Lecomte, Kesteloot ou Vanwijn. Un gars comme Bako, c’est un de mes joueurs préférés. En plus ils sont bien entourés. Il y a un mariage entre expérience et jeunesse qui peut mener loin sous la conduite de Dario Gjergja."
"Un homme de détails"
Après trois mois avec le Spirou, Axel Hervelle jette un regard lucide : "Le début de saison n’a pas été facile pour nous à Charleroi ! Il est sûr qu’on peut être déçu de s’être fait sortir au premier tour de Fiba Europ Cup. La déception, c’est aussi pour le coach Brian Lynch et le fait de ne pas avoir pu poursuivre ensemble." Mais, la page tournée comme tout bon professionnel doit pouvoir le faire, Axel Hervelle regarde plus loin : "Niksa Bavcevic, c’est une toute autre vision du basket et du travail mais les objectifs restent les mêmes. On vise la Coupe et le championnat. On veut gagner un trophée. Mais on sait aussi que les adversaires, que ce soient Ostende, Anvers mais aussi le Brussels, c’est du costaud !" Les retrouvailles avec Niksa Bavcevic, l’homme qui l’a façonné en tant que joueur de haut niveau il y a une quinzaine d’années à Pepinster, sont également un moment particulier pour Axel Hervelle qui dément pourtant avoir été à l’origine de ce choix. "J’ai été consulté bien sûr, mais ce n’est pas moi qui ai soufflé le nom. Niksa est un grand professionnel, c’est un homme de détails. Il ne laisse rien au hasard. Même moi, il me rappelle certaines petites choses que j’avais peut-être un peu oubliées. Cela me fait plaisir également de voir comment il est déjà là à vouloir faire travailler des jeunes. Ce qui est sûr, c‘est qu’on a un super groupe qui répond présent, qui est ambitieux et qui bosse. Avec un homme comme Niksa Bavcevic aux commandes, cela ne peut que produire des effets bénéfiques."
"Des amitiés pour la vie"
Quand on évoque l’Espagne, les yeux d’Axel Hervelle se mettent encore à briller ! C’est qu’on ne passe pas quinze ans dans le meilleur championnat d’Europe sans y laisser une part de son cœur. Pourtant, plutôt que de souvenirs purement sportifs, c’est d’abord des amitiés créées qu’Axel au grand cœur veut se souvenir : "J’ai vu il n’y a pas longtemps une interview-bilan de Manu Ginobili à propos de ses années Spurs et, toutes proportions gardées car c’est un joueur d’une tout autre dimension que moi, j’adhère totalement à ce qu’il disait. Plus que tout, ce sont les amitiés qui comptent, celles qu’on se crée en partageant des moments aussi forts, c’est très intense. Dans notre métier ce n’est pas facile d’être sincère, mais avec des gars comme Raul Lopez et Felipe Reyes au Real Madrid, Alex Mumbru au Real puis à Bilbao, ce sont des liens qui sont tissés pour la vie !"